L´école Nyingmapa

L´école Nyingmapa

Chaque école présente des spécificités, notamment dans le style d'enseignement et les méthodes exposées. Ainsi, l'école nyingmapa prodigue l'enseignement des tantras anciens et du Dzogcben, « la Grande Perfection », qui constitue une approche particulièrement directe de la Voie de l'Éveil. On y expose le Dharma en neuf véhicules. Les deux premiers véhicules correspondent au Hinayâna : Ce sont le Sbravakayâna ou « véhicule des Auditeurs » et le Pratyekabuddbayâna,le véhicule des Bouddha par soi » ; puis vient le Mahâyâna ou Bodbisattvayâna, le véhicule des Bodhisattva ». Cet ensemble est encore appelé véhicule des sûtra ou véhicule causal parce qu'on y considère que le renoncement et la bonne conduite sont une cause nécessaire pour développer l'éveil.

Les six véhicules suivants, dits résultants, constituent le Vajrayâna. On y distingue trois tantras externes, Krya, Upa et Yogatantra, communs à toutes les écoles, et trois tantras internes, Mabâyoga, Anuyoga et Atiyoga, propres à l'école Nyingmapa. Le premier, Mabâyoga,correspond globalement à lAnuttarayogatantra des écoles nouvelles. Le second, Anuyoga,spécifique aux Nyingmapa, préconise une méthode de visualisation instantanée. Le troisième enfin, Atiyoga,est le Dzogchen , véhicule dit « sans effort ni artifices », destiné aux êtres de capacité supérieure. Le Dzogchen commence là où les autres véhicules s'achèvent: le maître présente directement à son disciple la nature de son esprit, rigpa. Celui-ci doit apprendre à la reconnaître et à la faire surgir en toute situation. Quand il y parvient, il réalise que tout ce qui s'élève dans l'esprit n'est que le jeu ou le dynamisme de rigpa, la nature de Bouddha. Une fois cette reconnaissance sans distraction stabilisée par la méditation, elle suffit à libérer spontanément émotions et pensées. C'est le principe de l'autolibération, radicalement différent des méthodes de renoncement des sûtra et de transformation des tantras.

La tradition des termas, « textes-trésors » cachés par Padmasambhava et redécouverts à des époques favorables par des maîtres prédestinés, les tertôn « Découvreurs de Trésors », est également spécifique à l'école ancienne. Les Nyingmapa ont donc deux grandes lignées de transmission, la lignée dite « orale », kama,longue lignée ininterrompue de maîtres à disciples, et la lignée par tema, dite «raccourcie» puisqu'elle saute les générations.

Les Nyingmapa comprennent une communauté monastique mais également un grand nombre de lamas laïcs et de yogis dont beaucoup sont mariés. Les maîtres fondateurs de l'école sont, outre Padmasambhava, Vimalamitra, Vairocana, Yéshé Tsogyal et les vingt cinq disciples de Padmasambhava. En 1159, Kadampa Déshek (1122-1192) fonda le monastère de Kathok, marquant ainsi le renouveau définitif de l'école après la persécution de Lang­larma. Héritier de toutes les grandes lignées, Longchenpa (1308-1364) clarifia et codifia l'ensemble des enseignements Nyingmapa dans les Dzôdün, les Sept Trésors » et le Nyingtbik Ubsbi, « les Quatre Nyingthik pères » Érudit, yogi accompli et poète, il fut auteur de très nombreux ouvrages, )Urgyen Terdak Lingpa (1646-1719), le fondateur du monastère de Mindrôling, fut un grand tertôn et le maître du Ve Dalaï Lama. Il rassembla toute la transmission orale des Nyingmapa. Citons également Rigdzin Jigmé lingpa (1729-1798) qui reçut en vision l'essence es enseignements de Longchenpa, le terma du Longcben Nyingtbik, dont les enseignements sont très répandus actuellement.Après des heures de gloire aux VIIè et IXe siècles, l'école Nyingmapa avait perdu toute influence politique dès le xie siècle. Il en résultera une école relativement fibre des vicissitudes historiques qui vont secouer le Tibet à différentes époques, mais aussi un ordre religieux dont les centres de retraites et les monastères garderont des dimensions relativement modestes jusqu'à des époques récentes si on les compare à ceux des Guélougpa, Sakyapa ou même Kagyùpa. Présente d'abord dans les régions du Tibet central, l'école s'est ensuite développée dans les régions orientales, particulièrement au Kham. En dehors du Tibet oriental, les Nyingmapa demeurent influents au Bhoutan, au Sikim et dans certaines régions du Népal.

Source http://www.karmapa-europe.net/html/l_ecole_nyingmapa.html