Extrait du site:
http://www.dhammadana.org/bouddha/4_grands_signes.htm#ch2
Le malade
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
(celui qui fit apparaître le premier des quatre grands signes) fit
apparaître le deuxième des quatre grands signes. Il créa un malade, le
corps recouvert de pustules, rongé par la maladie baignant
lamentablement dans ses propres excréments et urines. Il n’avait pas la
force de se lever, ni de s’allonger tout seul. Profondément marqué par
la douleur, l’apparence cadavérique et vide de santé, le malade se
tenait devant l’entrée du jardin. Le deva
fit de telle sorte que seuls, le prince et le cocher puissent
l’apercevoir. Le prince, qui n’avait jamais vu que des personnes en
pleine santé, fut très surpris par cette vision. Choqué, il s’enquit
auprès du cocher :
« Les yeux de cette personne ne sont pas comme ceux des
autres. Ils demeurent ternes et à peine entre-ouverts. Sa voix non plus
n’est pas comme celle des autres. Il gémit comme s’il était
continuellement en proie à la douleur. À l’inverse des autres personnes,
il semble être condamné par une immense faiblesse. Qui est-ce ?
— Ceci est un malade. Une personne qui souffre de maladie.
— Auparavant, je n’avais vu de personnes aux yeux ternes
et à peine ouverts (il répéta toute la description), et n’en avais
jamais entendu parler, non plus. Comment se fait-il qu’il soit ainsi ?
Expliquez-moi !
— Cet homme a contracté une maladie. C’est-à-dire qu’une
affection s’est emparée de son corps. La maladie dont il souffre fait
qu’il n’est pas conscient de sa posture : il ne sait pas s’il est debout
ou assis. Il existe en outre de nombreuses autres maladies.
— Moi aussi, un jour, vais-je inévitablement souffrir d’une maladie, comme cet homme ?
— Tous les êtres sont assujettis à la maladie, personne
n’en est épargné, personne ne demeure éternellement en parfaite santé.
Le fait d’avoir un corps amène inévitablement, un jour ou l’autre, à
éprouver des maux physiques divers.
— Je peux donc connaître moi aussi la maladie. Je suis si
bouleversé que ne veux plus aller au jardin. Faites demi-tour et
rentrons au palais ! »
La vision du deuxième des quatre grands signes provoqua chez le jeune
prince une profonde prise de conscience. Il demeurait effrayé à l’idée
qu’il connaisse irrémédiablement la maladie. Étonné de voir la
diligence si vite revenir au palais, le roi interrogea le cocher :
« Comment se fait-il que vous ne soyez pas restés au jardin royal ?
— Le prince n’a même pas voulu y pénétrer tant il est bouleversé, Sire.
— Qu’a-t-il bien pu le bouleverser ?
— Il a aperçu un malade, Sire. »
Le roi comprit aussitôt ce que son fils a dû ressentir au contact de
cette vision. Très soucieux à l’idée qu’il puisse découvrir les deux
autres signes, le monarque fit élargir d’une troisième distance, depuis
laquelle on ne peut plus entendre une vache meugler, le périmètre vierge
de tout élément susceptible de lui faire découvrir l’un de ces deux
autres signes. Il fit encore multiplier les réjouissances et les
distractions dont disposait déjà son fils pour tenter d’effacer sa
désillusion.
Le mort
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
fit apparaître le troisième des quatre grands signes. Il créa un mort,
installé dans un palanquin mortuaire qu’était en train de préparer et
entourait un large groupe de personnes. Le deva
fit de telle sorte que cette procession, qui prenait place devant
l’entrée du jardin, ne fut visible que du prince et du cocher. Curieux
de cette scène, le jeune Siddhattha s’enquit auprès du cocher :
« Que fait cet attroupement de gens ?
— Ils préparent un palanquin pour transporter un mort.
— Auparavant, je n’ai jamais vu de mort, et n’en ai jamais non plus entendu parler. Emmenez-moi voir cette personne morte. »
Quand le cocher eut approché la diligence, le prince en descendit et
s’approcha du mort pour l’observer de près. Le cadavre avait la peau
blanchâtre, d’un aspect lugubre, déjà rongée par la décomposition. Très
surpris de voir une apparence si macabre émanant d’un être humain, le
prince, qui n’avait jamais vu que des personnes en vie, demanda au
cocher :
« Comment expliquez-vous la mort ?
— Quand on parvient à la mort, on ne revoit plus jamais sa famille, ni ses amis.
— Moi aussi, serai-je mort, un jour ? Connaîtrais-je
inévitablement la mort ? Moi aussi, viendrais-je à ne plus jamais revoir
ma famille, ni mes amis ? (Le prince ne savait pas que sa mère était
morte, car le jour de son décès, il n’avait que sept jours, et depuis
lors, on lui avait laissé croire que la reine Mahāpajāpati Gotamī était
sa mère biologique).
— Tous les êtres qui peuplent l’univers connaîtrons
inévitablement la mort. À un moment de l’existence, tout corps finit par
dépérir de cette façon, aboutissant inévitablement à la mort. Vous
aussi, un jour vous serez mort, et ainsi, ne reverrez plus votre
famille, ni vos amis.
— Je peux donc connaître comme tout le monde la mort, moi
aussi. Je suis si bouleversé que ne veux plus aller au jardin. Faites
demi-tour et rentrons au palais ! »
La vision du troisième des quatre grands signes provoqua chez le
jeune prince une profonde prise de conscience. Il demeurait effrayé à
l’idée qu’il connaîtrai irrémédiablement la mort. Étonné de voir la
diligence si vite revenir au palais, le roi interrogea le cocher :
« Comment se fait-il que vous ne soyez pas restés au jardin royal ?
— Le prince n’a même pas voulu y pénétrer tant il est bouleversé, Sire.
— Qu’a-t-il bien pu le bouleverser ?
— Il a aperçu un mort, Sire. »
Le roi comprit aussitôt ce que son fils a dû ressentir au contact de
cette vision. Très soucieux à l’idée qu’il puisse découvrir le dernier
signe, le monarque fit élargir d’une quatrième distance, depuis laquelle
on ne peut plus entendre une vache meugler, le périmètre vierge de tout
élément susceptible de lui faire découvrir ce dernier signe. Il fit,
une fois de plus, multiplier les réjouissances et les distractions dont
disposait déjà son fils pour tenter d’effacer sa désillusion. Néanmoins,
le jeune prince voulut rester seul dans sa chambre, tant il était
accablé par cette troisième vision. Il songea :
« Ainsi, chacun dans le monde est destiné à mourir, un
jour ou l’autre. Personne n’a découvert comment échapper à cela. Il doit
cependant bien y avoir un moyen d’y parvenir. Je dois le découvrir et
en faire bénéficier tous les êtres ! »
Le renonçant
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
fit apparaître le dernier des quatre grands signes. Il créa un
renonçant, le crâne et le menton rasés, vêtu d’un simple tissu ocre,
assis et immobile, absorbé dans un profond samādhi.
Affichant une apparence noble et sereine, le renonçant se trouvait
devant l’entrée du jardin, de sorte que seuls, le prince et le cocher
puissent l’apercevoir. Le prince, qui n’avait jamais vu que de personnes
sans cesse obsédées par les activités effervescentes du monde, fut très
surpris par cette vision. Intrigué, il demanda au cocher :
« Ce personnage n’est pas comme les autres. Il n’a pas de
cheveux, ni de barbe. L’habit – teinté d’un ton ocre – qu’il porte
n’est pas non plus comme celui des autres. Qui est-il ?
— C’est un renonçant.
— Qu’est-ce qu’un renonçant ? Expliquez-moi ce que cela signifie !
— C’est une personne qui s’entraîne en vue de se libérer
de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Sa générosité est sans
limite. Il s’entraîne noblement et sans relâche au développement des 10 kusalakammapathadhamma.
Ne consacrant sa vie qu’à cela, il porte cet habit ocre, renonçant à
toutes les réjouissances de la vie laïque. Une telle personne est
appelée un renonçant. Un renonçant est une personne proche du dhamma,
qui ne commet pas de faute, il observe une conduite pure. Il sait que
sa pratique est bonne. Une telle personne est appelée un renonçant. Il
n’opprime pas les êtres, il prend toujours soin d’autrui, ne visant que
le bénéfice de chacun. Il comprend que cela est bien. Une telle personne
est appelée un renonçant.
— J’ai beaucoup d’admiration pour de tels êtres, qui
s’entraînent en vue de se libérer de la vieillesse, de la maladie et de
la mort. (il énonce ainsi toute la définition que le cocher vient de lui
exposer) Voilà une noble manière de vivre ! »
Comme le prince souhaita parler directement au renonçant, il
s’approcha de lui, et lui adressa les mêmes questions qu’il venait
d’adresser au cocher. Comme le renonçant lui fournit les mêmes réponses,
le prince conclut le dialogue par les mêmes paroles de félicitations.
Très heureux, le prince pénétra dans le jardin royal. Ayant prit
place à l’ombre d’un bosquet, il savoura la délicieuse atmosphère et la
délicatesse des parfums généreusement offerts par des fleurs de toutes
espèces, dont le dégradé des couleurs n’avait rien à envier aux plus
beaux ciels permis par le coucher du soleil. Ses pensées rivées sur la
découverte qu’il venait de faire, il irradiait du plus intense des
bonheurs.
Remarque : Concernant le futur
bouddha Gotama, l’espace de temps entre les apparitions des quatre
grands signes fut de quatre mois, mais pour d’autres bouddhas, cette
durée peut être de cent ans – en proportion de leur durée de vie. Selon
les enseignements du dhamma, à chaque antarakappa
la durée de vie des humains s’allonge progressivement jusqu’à un nombre
astronomique d’années, pour redescendre ensuite peu à peu, jusqu’à
l’âge de dix ans. Toutefois, un bouddha n’apparaît jamais dans une
période dont l’espérance de vie des humains excède les cent mille ans.
La raison étant que leur vie est si longue que les humains, oubliant
complètement leur naissance, n’accepteraient pas l’enseignement du dhamma,
refusant de croire que leurs corps ont à subir la naissance, la
vieillesse, la maladie et la mort. Bien que ces points constituent la
seule chose qui pousse les êtres à la pratique du dhamma,
rares, déjà parmi ceux qui ont une vie suffisamment courte pour en être
pleinement conscients, sont ceux qu’ils motivent à s’entraîner sur la
voie de la libération jusqu’au succès. Ignorant de ces points
fondamentaux pour vouloir la libération, personne – à une époque où l’on
vit jusqu’à cent mille ans – ne voudrait faire le moindre effort pour
espérer échapper à des souffrances invisibles (car trop lointaines pour
être visibles).
http://www.dhammadana.org/bouddha/4_grands_signes.htm#ch2
Le malade
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
(celui qui fit apparaître le premier des quatre grands signes) fit
apparaître le deuxième des quatre grands signes. Il créa un malade, le
corps recouvert de pustules, rongé par la maladie baignant
lamentablement dans ses propres excréments et urines. Il n’avait pas la
force de se lever, ni de s’allonger tout seul. Profondément marqué par
la douleur, l’apparence cadavérique et vide de santé, le malade se
tenait devant l’entrée du jardin. Le deva
fit de telle sorte que seuls, le prince et le cocher puissent
l’apercevoir. Le prince, qui n’avait jamais vu que des personnes en
pleine santé, fut très surpris par cette vision. Choqué, il s’enquit
auprès du cocher :
« Les yeux de cette personne ne sont pas comme ceux des
autres. Ils demeurent ternes et à peine entre-ouverts. Sa voix non plus
n’est pas comme celle des autres. Il gémit comme s’il était
continuellement en proie à la douleur. À l’inverse des autres personnes,
il semble être condamné par une immense faiblesse. Qui est-ce ?
— Ceci est un malade. Une personne qui souffre de maladie.
— Auparavant, je n’avais vu de personnes aux yeux ternes
et à peine ouverts (il répéta toute la description), et n’en avais
jamais entendu parler, non plus. Comment se fait-il qu’il soit ainsi ?
Expliquez-moi !
— Cet homme a contracté une maladie. C’est-à-dire qu’une
affection s’est emparée de son corps. La maladie dont il souffre fait
qu’il n’est pas conscient de sa posture : il ne sait pas s’il est debout
ou assis. Il existe en outre de nombreuses autres maladies.
— Moi aussi, un jour, vais-je inévitablement souffrir d’une maladie, comme cet homme ?
— Tous les êtres sont assujettis à la maladie, personne
n’en est épargné, personne ne demeure éternellement en parfaite santé.
Le fait d’avoir un corps amène inévitablement, un jour ou l’autre, à
éprouver des maux physiques divers.
— Je peux donc connaître moi aussi la maladie. Je suis si
bouleversé que ne veux plus aller au jardin. Faites demi-tour et
rentrons au palais ! »
La vision du deuxième des quatre grands signes provoqua chez le jeune
prince une profonde prise de conscience. Il demeurait effrayé à l’idée
qu’il connaisse irrémédiablement la maladie. Étonné de voir la
diligence si vite revenir au palais, le roi interrogea le cocher :
« Comment se fait-il que vous ne soyez pas restés au jardin royal ?
— Le prince n’a même pas voulu y pénétrer tant il est bouleversé, Sire.
— Qu’a-t-il bien pu le bouleverser ?
— Il a aperçu un malade, Sire. »
Le roi comprit aussitôt ce que son fils a dû ressentir au contact de
cette vision. Très soucieux à l’idée qu’il puisse découvrir les deux
autres signes, le monarque fit élargir d’une troisième distance, depuis
laquelle on ne peut plus entendre une vache meugler, le périmètre vierge
de tout élément susceptible de lui faire découvrir l’un de ces deux
autres signes. Il fit encore multiplier les réjouissances et les
distractions dont disposait déjà son fils pour tenter d’effacer sa
désillusion.
Le mort
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
fit apparaître le troisième des quatre grands signes. Il créa un mort,
installé dans un palanquin mortuaire qu’était en train de préparer et
entourait un large groupe de personnes. Le deva
fit de telle sorte que cette procession, qui prenait place devant
l’entrée du jardin, ne fut visible que du prince et du cocher. Curieux
de cette scène, le jeune Siddhattha s’enquit auprès du cocher :
« Que fait cet attroupement de gens ?
— Ils préparent un palanquin pour transporter un mort.
— Auparavant, je n’ai jamais vu de mort, et n’en ai jamais non plus entendu parler. Emmenez-moi voir cette personne morte. »
Quand le cocher eut approché la diligence, le prince en descendit et
s’approcha du mort pour l’observer de près. Le cadavre avait la peau
blanchâtre, d’un aspect lugubre, déjà rongée par la décomposition. Très
surpris de voir une apparence si macabre émanant d’un être humain, le
prince, qui n’avait jamais vu que des personnes en vie, demanda au
cocher :
« Comment expliquez-vous la mort ?
— Quand on parvient à la mort, on ne revoit plus jamais sa famille, ni ses amis.
— Moi aussi, serai-je mort, un jour ? Connaîtrais-je
inévitablement la mort ? Moi aussi, viendrais-je à ne plus jamais revoir
ma famille, ni mes amis ? (Le prince ne savait pas que sa mère était
morte, car le jour de son décès, il n’avait que sept jours, et depuis
lors, on lui avait laissé croire que la reine Mahāpajāpati Gotamī était
sa mère biologique).
— Tous les êtres qui peuplent l’univers connaîtrons
inévitablement la mort. À un moment de l’existence, tout corps finit par
dépérir de cette façon, aboutissant inévitablement à la mort. Vous
aussi, un jour vous serez mort, et ainsi, ne reverrez plus votre
famille, ni vos amis.
— Je peux donc connaître comme tout le monde la mort, moi
aussi. Je suis si bouleversé que ne veux plus aller au jardin. Faites
demi-tour et rentrons au palais ! »
La vision du troisième des quatre grands signes provoqua chez le
jeune prince une profonde prise de conscience. Il demeurait effrayé à
l’idée qu’il connaîtrai irrémédiablement la mort. Étonné de voir la
diligence si vite revenir au palais, le roi interrogea le cocher :
« Comment se fait-il que vous ne soyez pas restés au jardin royal ?
— Le prince n’a même pas voulu y pénétrer tant il est bouleversé, Sire.
— Qu’a-t-il bien pu le bouleverser ?
— Il a aperçu un mort, Sire. »
Le roi comprit aussitôt ce que son fils a dû ressentir au contact de
cette vision. Très soucieux à l’idée qu’il puisse découvrir le dernier
signe, le monarque fit élargir d’une quatrième distance, depuis laquelle
on ne peut plus entendre une vache meugler, le périmètre vierge de tout
élément susceptible de lui faire découvrir ce dernier signe. Il fit,
une fois de plus, multiplier les réjouissances et les distractions dont
disposait déjà son fils pour tenter d’effacer sa désillusion. Néanmoins,
le jeune prince voulut rester seul dans sa chambre, tant il était
accablé par cette troisième vision. Il songea :
« Ainsi, chacun dans le monde est destiné à mourir, un
jour ou l’autre. Personne n’a découvert comment échapper à cela. Il doit
cependant bien y avoir un moyen d’y parvenir. Je dois le découvrir et
en faire bénéficier tous les êtres ! »
Le renonçant
Quatre mois plus tard, ayant de nouveau le désir de se
rendre au jardin royal, le prince Siddhattha fit atteler la diligence
princière et se mit en chemin, escorté de soldats et de quelques membres
de la cour. Juste avant que la voiture ne pénétrât dans le jardin, le deva
fit apparaître le dernier des quatre grands signes. Il créa un
renonçant, le crâne et le menton rasés, vêtu d’un simple tissu ocre,
assis et immobile, absorbé dans un profond samādhi.
Affichant une apparence noble et sereine, le renonçant se trouvait
devant l’entrée du jardin, de sorte que seuls, le prince et le cocher
puissent l’apercevoir. Le prince, qui n’avait jamais vu que de personnes
sans cesse obsédées par les activités effervescentes du monde, fut très
surpris par cette vision. Intrigué, il demanda au cocher :
« Ce personnage n’est pas comme les autres. Il n’a pas de
cheveux, ni de barbe. L’habit – teinté d’un ton ocre – qu’il porte
n’est pas non plus comme celui des autres. Qui est-il ?
— C’est un renonçant.
— Qu’est-ce qu’un renonçant ? Expliquez-moi ce que cela signifie !
— C’est une personne qui s’entraîne en vue de se libérer
de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Sa générosité est sans
limite. Il s’entraîne noblement et sans relâche au développement des 10 kusalakammapathadhamma.
Ne consacrant sa vie qu’à cela, il porte cet habit ocre, renonçant à
toutes les réjouissances de la vie laïque. Une telle personne est
appelée un renonçant. Un renonçant est une personne proche du dhamma,
qui ne commet pas de faute, il observe une conduite pure. Il sait que
sa pratique est bonne. Une telle personne est appelée un renonçant. Il
n’opprime pas les êtres, il prend toujours soin d’autrui, ne visant que
le bénéfice de chacun. Il comprend que cela est bien. Une telle personne
est appelée un renonçant.
— J’ai beaucoup d’admiration pour de tels êtres, qui
s’entraînent en vue de se libérer de la vieillesse, de la maladie et de
la mort. (il énonce ainsi toute la définition que le cocher vient de lui
exposer) Voilà une noble manière de vivre ! »
Comme le prince souhaita parler directement au renonçant, il
s’approcha de lui, et lui adressa les mêmes questions qu’il venait
d’adresser au cocher. Comme le renonçant lui fournit les mêmes réponses,
le prince conclut le dialogue par les mêmes paroles de félicitations.
Très heureux, le prince pénétra dans le jardin royal. Ayant prit
place à l’ombre d’un bosquet, il savoura la délicieuse atmosphère et la
délicatesse des parfums généreusement offerts par des fleurs de toutes
espèces, dont le dégradé des couleurs n’avait rien à envier aux plus
beaux ciels permis par le coucher du soleil. Ses pensées rivées sur la
découverte qu’il venait de faire, il irradiait du plus intense des
bonheurs.
Remarque : Concernant le futur
bouddha Gotama, l’espace de temps entre les apparitions des quatre
grands signes fut de quatre mois, mais pour d’autres bouddhas, cette
durée peut être de cent ans – en proportion de leur durée de vie. Selon
les enseignements du dhamma, à chaque antarakappa
la durée de vie des humains s’allonge progressivement jusqu’à un nombre
astronomique d’années, pour redescendre ensuite peu à peu, jusqu’à
l’âge de dix ans. Toutefois, un bouddha n’apparaît jamais dans une
période dont l’espérance de vie des humains excède les cent mille ans.
La raison étant que leur vie est si longue que les humains, oubliant
complètement leur naissance, n’accepteraient pas l’enseignement du dhamma,
refusant de croire que leurs corps ont à subir la naissance, la
vieillesse, la maladie et la mort. Bien que ces points constituent la
seule chose qui pousse les êtres à la pratique du dhamma,
rares, déjà parmi ceux qui ont une vie suffisamment courte pour en être
pleinement conscients, sont ceux qu’ils motivent à s’entraîner sur la
voie de la libération jusqu’au succès. Ignorant de ces points
fondamentaux pour vouloir la libération, personne – à une époque où l’on
vit jusqu’à cent mille ans – ne voudrait faire le moindre effort pour
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