Méditer contre la dépression

Méditer contre la dépression

À VOTRE SANTÉ - Chaque semaine, Charlotte Langrand, journaliste pour les pages Tendances du Journal du Dimanche, décrypte les méthodes de bien-être et de nutrition pour prendre soin de soi simplement. Cette semaine : la méditation contre la dépression.

Une trentaine de minutes de méditation par jour aideraient à lutter contre les symptômes d’anxiété et de dépression.  C’est le résultat d’une étude qui vient de s’achever, menée par le docteur Madhav Goyal, professeur adjoint de médecine interne à l’Université John Hopkins, aux Etats-Unis et publiée dans le Journal of the American Association. Après avoir procédé à 47 essais cliniques consistant à faire suivre à 3515 participants des séances de méditation de trente minutes quotidiennes pendant huit semaines, celui-ci a conclu que la pratique de la Pleine Conscience paraît soulager les patients… "autant que des anti-dépresseurs". Cette discipline qui consiste à concentrer son attention sur le moment présent, s’est révélée "particulièrement prometteuse" pour apaiser des symptômes comme l’insomnie, la douleur ou la fibromyalgie (état musculaire douloureux et chronique). Si les chercheurs n’ont pas noté d’amélioration notable sur le stress ou la qualité de vie, ils ont constaté que les effets bénéfiques de la méditation persistent sur une période allant jusqu’à six mois.

La convocation mentale de l’instant présent aurait-il des conséquences positives sur le corps et la santé? C’est en tout cas ce que pensent des médecins de plus en plus nombreux qui s’intéressent aux effets de cette pratique ancestrale et laïque. C’est le cas du professeur Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine émérite à l’université du Massachussets, qui a fait de la méditation un outil de soin utilisé dans plus de 700 hôpitaux à travers le monde. "De nombreuses études ont pu mettre en évidence que lorsque des patients s’entraînent à cette culture de l’attention, on assiste à une diminution des symptômes, et ce quelle que soit la pathologie(…) Cela ne signifie bien sûr pas que leur maladie disparaît mais ils découvrent de nouvelles possibilités de se relier à leur expérience du moment, à la maladie, à leur corps et cela représente une grande liberté", explique-t-il dans le livre "se changer, changer le monde"*, co-écrit avec Christophe André, Pierre Rabhi et Matthieu Ricard.

Des chercheurs ont également voulu savoir si cette "gymnastique" de l’attention au présent avait un effet sur le cerveau. Des analyses menées par résonance magnétique ont constaté ces changements physiques dans certaines régions du cerveau, après huit semaines de pratique, "une densité de matière grise était présente au niveau de l’hippocampe, du cortex cingulaire postérieur, de la jonction temporopariétale et du cervelet (…) : des zones impliquées dans l’apprentissage et la mémoire, l’empathie, la prise de distance, la coordination motrice et la régulation des émotions", explique le médecin. La méditation, combinée à d’autres thérapies, renforcerait donc leur efficacité. D’autres études scientifiquement validées, alliant thérapie cognitive et méditation, diminuent ainsi de 50% le risque de rechute chez des patients ayant subi au moins deux épisodes de dépression grave.

Enfin, des travaux scientifiques ont également prouvé l’efficacité de la pratique de la pleine conscience chez les patients atteints de psoriasis : "la méditation facilite la guérison lors d’un traitement par photothérapie, assez stressant par ailleurs", écrit le médecin. En France, le psychiatre Christophe André est également un des premiers à avoir introduit la méditation en psychothérapie, à l’hôpital Saint-Anne, à Paris. L’engouement grandissant du public pour la pratique de la méditation ajoutée à ces bienfaits physiques validés par la médecine montrent que celle-ci se détache à grande vitesse du vieux cliché qui lui collait à la peau: celui d’une pratique spirituelle exclusivement réservées aux bouddhistes.