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Kagyu Samyé Dzong
Une enfant dieu au Royaume des cieux
mercredi
2 octobre 2002
Dans
la vallée de Kathmandu, au Népal, se perpétue depuis des siècles une
tradition unique au monde : des petites filles sont choisies pour
incarner la forme virginale de Durga-Kali, la divinité la plus
terrifiante du panthéon hindou. Vénérées comme des déesses vivantes,
elles mènent une vie retirée, soumises aux rites tantriques les plus
secrets.
Parmi
elles, la Kumari de Kathmandu exerce un pouvoir des plus étonnants :
sans son approbation, le roi du Népal ne peut régner. Qui sont ces
enfants-dieux ? Quelle est leur existence à l'ombre du Temple et du
Palais ? Que deviennent-elles après les destitution, au moment de la
puberté ?
L’origine
de la vénération de la Kumari remonte au XVIIème siècle sous le règne
de Jaya Prakash Malla. Ce souverain avait l’habitude de jouer aux dés
avec la déesse Taleju, protectrice divine de la cité. Mais un jour Jaya
Prakash commença à lui faire la cour et Tajelu s’enfuit. Elle revint le
visiter dans un rêve pour le tourmenter au sujet de sa conduite
inqualifiable. Le roi n’obtint son pardon qu’en promettant la
vénération annuelle de son incarnation, Kumari. Depuis ce jour, tous
les rois du Népal, une fois l’an, viennent s’incliner devant elle pour
obtenir sa bénédiction. Cette déesse vivante est très vénérée par les
Népalais : elle symbolise la bonne intelligence dans laquelle vivent
les deux religions. Elle est adorée par les hindous comme la déesse
Taléju et par les bouddhistes pour qui elle est Vajra Devi, divinité
tantrique
Mais
ne devient pas Kumari qui veut. L’incarnation sur terre de la déesse
Tajelu est une fillette choisie vers l’âge de 4 ans, pourvue d’un corps
sans défaut et d’un horoscope compatible avec celui du roi. Au Népal,
la majorité hindouiste reste influencée par les rites bouddhistes, et
si le roi est vénéré à l'égal du dieu Vishnou, c'est à une petite fille
de caste bouddhiste que revient le rôle de l'introniser dans sa
fonction. Les candidates doivent, en premier lieu, appartenir au clan
Sakya, prêtres placés au sommet de la hiérarchie bouddhique du royaume,
et plus particulièrement à une des familles Sakya vivant dans un des 18
monastères bouddhistes de Katmandou. Sur Durbar square, le chariot de
Ganesh est occupé par un jeune garçon de la même caste que la Kumari.
Il fait office de serviteur de la Kumari avec l’autre Dieu personnifié
par un enfant Bhairav.
La
fillette doit réunir rien moins que 32 qualités d’ordre physique,
esthétique et spirituel considérés comme les signes manifestes de la
réincarnation. Parmi ces traits : des yeux bleus ou noirs à fleur de
tête, des dents blanches, une langue petite et sensible, une voix
sonore, des bras longs et menus, des mains douces et délicates, et une
chevelure droite bouclant légèrement sur le coté droit.
Mais
pour devenir vestale suprême, la possession de ces qualités ne
sauraient suffire. Il faut également passer une épreuve sans faillir :
marcher sur des têtes d’animaux décapités dans une salle éclairée à la
lueur vacillant de lanternes et décorée de démons masqués hurlant et
bondissant ! Enfin la fillette doit reconnaître, parmi différentes
parures les habits de la précédente Kumari.
L’élue
est installée dans un temple où ses pieds ne devront jamais toucher le
sol nus. Coiffée d’une tiare, couverte de parures et de bijoux, elle
est vêtue de souries et de splendides brocards de couleur rouge. On
exauce tous ses désirs mais elle ne sort qu’à l’occasion de quelques
cérémonies religieuses. La Kumari est associée à un vieux culte newar
d’origine bouddhiste, également pratiqué chez les hindous. À l’occasion
des grands festivals religieux, elle est promenée dans les rues de la
ville sur son char et elle reçoit l’hommage de toute la population. En
octobre, lors du grand festival hindou, le "Dasain", Hindous et
Bouddhistes viennent recevoir les bénédictions de la déesse pendant dix
jours.
Etrange
destin que celui de cet enfant dieu. Servie comme une reine, la
divinité gardienne du Népal est cloîtrée dans sa prison dorée avec ses
dames de compagnies. Elle ne doit surtout pas se blesser car
l’apparition du sang signifie la fin irrémédiable de son caractère
sacré. Elle ne joue donc pas et termine sa carrière au plus tard avec
l’apparition de ses règles. On la renvoie alors dans sa famille
couverte de cadeaux et dotée d’un psychisme un peu atteint.
Adulée
par les foules pendant des années, la jeune déesse est remplacée par
une autre Kumari et elle tombe dans l’oubli du jour au lendemain. La
fillette redescend sur terre et devient une simple citoyenne népalaise
quoique assez riche. Elle est désormais libre de se marier mais elle
aura souvent des difficultés à trouver un prétendant. Une superstition
tenace prétend que l’élu mourrait dans les mois suivants le mariage car
l’homme qui prend la virginité d’une Kumari ne pourra survivre !
Le
palais de la Kumari, gardée à l’entrée par deux lions de pierre, a été
érigée au XVIIIè siècle. Ce bâtiment carré abrite une cour intérieure
décorée de superbes fenêtres en bois sculptés. La richesse des motifs
sculptés sur les portes témoigne de la virtuosité des ébénistes newars
qui ont monté ce prodigieux assemblage sans colle, ni clous. On voit
parfois la petite déesse apparaître à la fenêtre du premier étage,
contre quelques roupies.
L’an
dernier, les prêtres hindous ont dû se mettre en quête d'une nouvelle
incarnation de la divinité. La jeune élue, Preeti Shakya, est devenue,
au terme d’une sélection ardue, la nouvelle Kumari, divinité
protectrice de l'antique royaume himalayen. Issue d'une famille sakya
de Itumbahal, dans la vallée de Katmandou, elle est aussi la
petite-fille d'une illustre artiste, Siddhi Ratna Shakya. Un témoin a
rapporté les propos tenus à la petite fille : "Tu seras désormais la
nouvelle déesse et chacun viendra te voir pour recevoir tes
bénédictions". L'enfant aurait répondu : "Je sais. Je deviendrai une
bhabha (mot employé par les enfants pour désigner une déesse)".
De
son côté, la précédente déesse, montée sur le trône sacré en 1995, a
rejoint la vie ordinaire des huit autres Kumari à la retraite. Un petit
cortège de parents et de gardiens l'ont portée dans un palanquin ouvert
monté sur deux perches de bambou, jusqu'à la maison de ses parents, en
ville.
j 'ouvre le débat à savoir si oui ou non le sacrifice de ces petites filles est utile au shambala?
floraison
mercredi
2 octobre 2002
Dans
la vallée de Kathmandu, au Népal, se perpétue depuis des siècles une
tradition unique au monde : des petites filles sont choisies pour
incarner la forme virginale de Durga-Kali, la divinité la plus
terrifiante du panthéon hindou. Vénérées comme des déesses vivantes,
elles mènent une vie retirée, soumises aux rites tantriques les plus
secrets.
Parmi
elles, la Kumari de Kathmandu exerce un pouvoir des plus étonnants :
sans son approbation, le roi du Népal ne peut régner. Qui sont ces
enfants-dieux ? Quelle est leur existence à l'ombre du Temple et du
Palais ? Que deviennent-elles après les destitution, au moment de la
puberté ?
L’origine
de la vénération de la Kumari remonte au XVIIème siècle sous le règne
de Jaya Prakash Malla. Ce souverain avait l’habitude de jouer aux dés
avec la déesse Taleju, protectrice divine de la cité. Mais un jour Jaya
Prakash commença à lui faire la cour et Tajelu s’enfuit. Elle revint le
visiter dans un rêve pour le tourmenter au sujet de sa conduite
inqualifiable. Le roi n’obtint son pardon qu’en promettant la
vénération annuelle de son incarnation, Kumari. Depuis ce jour, tous
les rois du Népal, une fois l’an, viennent s’incliner devant elle pour
obtenir sa bénédiction. Cette déesse vivante est très vénérée par les
Népalais : elle symbolise la bonne intelligence dans laquelle vivent
les deux religions. Elle est adorée par les hindous comme la déesse
Taléju et par les bouddhistes pour qui elle est Vajra Devi, divinité
tantrique
Mais
ne devient pas Kumari qui veut. L’incarnation sur terre de la déesse
Tajelu est une fillette choisie vers l’âge de 4 ans, pourvue d’un corps
sans défaut et d’un horoscope compatible avec celui du roi. Au Népal,
la majorité hindouiste reste influencée par les rites bouddhistes, et
si le roi est vénéré à l'égal du dieu Vishnou, c'est à une petite fille
de caste bouddhiste que revient le rôle de l'introniser dans sa
fonction. Les candidates doivent, en premier lieu, appartenir au clan
Sakya, prêtres placés au sommet de la hiérarchie bouddhique du royaume,
et plus particulièrement à une des familles Sakya vivant dans un des 18
monastères bouddhistes de Katmandou. Sur Durbar square, le chariot de
Ganesh est occupé par un jeune garçon de la même caste que la Kumari.
Il fait office de serviteur de la Kumari avec l’autre Dieu personnifié
par un enfant Bhairav.
La
fillette doit réunir rien moins que 32 qualités d’ordre physique,
esthétique et spirituel considérés comme les signes manifestes de la
réincarnation. Parmi ces traits : des yeux bleus ou noirs à fleur de
tête, des dents blanches, une langue petite et sensible, une voix
sonore, des bras longs et menus, des mains douces et délicates, et une
chevelure droite bouclant légèrement sur le coté droit.
Mais
pour devenir vestale suprême, la possession de ces qualités ne
sauraient suffire. Il faut également passer une épreuve sans faillir :
marcher sur des têtes d’animaux décapités dans une salle éclairée à la
lueur vacillant de lanternes et décorée de démons masqués hurlant et
bondissant ! Enfin la fillette doit reconnaître, parmi différentes
parures les habits de la précédente Kumari.
L’élue
est installée dans un temple où ses pieds ne devront jamais toucher le
sol nus. Coiffée d’une tiare, couverte de parures et de bijoux, elle
est vêtue de souries et de splendides brocards de couleur rouge. On
exauce tous ses désirs mais elle ne sort qu’à l’occasion de quelques
cérémonies religieuses. La Kumari est associée à un vieux culte newar
d’origine bouddhiste, également pratiqué chez les hindous. À l’occasion
des grands festivals religieux, elle est promenée dans les rues de la
ville sur son char et elle reçoit l’hommage de toute la population. En
octobre, lors du grand festival hindou, le "Dasain", Hindous et
Bouddhistes viennent recevoir les bénédictions de la déesse pendant dix
jours.
Etrange
destin que celui de cet enfant dieu. Servie comme une reine, la
divinité gardienne du Népal est cloîtrée dans sa prison dorée avec ses
dames de compagnies. Elle ne doit surtout pas se blesser car
l’apparition du sang signifie la fin irrémédiable de son caractère
sacré. Elle ne joue donc pas et termine sa carrière au plus tard avec
l’apparition de ses règles. On la renvoie alors dans sa famille
couverte de cadeaux et dotée d’un psychisme un peu atteint.
Adulée
par les foules pendant des années, la jeune déesse est remplacée par
une autre Kumari et elle tombe dans l’oubli du jour au lendemain. La
fillette redescend sur terre et devient une simple citoyenne népalaise
quoique assez riche. Elle est désormais libre de se marier mais elle
aura souvent des difficultés à trouver un prétendant. Une superstition
tenace prétend que l’élu mourrait dans les mois suivants le mariage car
l’homme qui prend la virginité d’une Kumari ne pourra survivre !
Le
palais de la Kumari, gardée à l’entrée par deux lions de pierre, a été
érigée au XVIIIè siècle. Ce bâtiment carré abrite une cour intérieure
décorée de superbes fenêtres en bois sculptés. La richesse des motifs
sculptés sur les portes témoigne de la virtuosité des ébénistes newars
qui ont monté ce prodigieux assemblage sans colle, ni clous. On voit
parfois la petite déesse apparaître à la fenêtre du premier étage,
contre quelques roupies.
L’an
dernier, les prêtres hindous ont dû se mettre en quête d'une nouvelle
incarnation de la divinité. La jeune élue, Preeti Shakya, est devenue,
au terme d’une sélection ardue, la nouvelle Kumari, divinité
protectrice de l'antique royaume himalayen. Issue d'une famille sakya
de Itumbahal, dans la vallée de Katmandou, elle est aussi la
petite-fille d'une illustre artiste, Siddhi Ratna Shakya. Un témoin a
rapporté les propos tenus à la petite fille : "Tu seras désormais la
nouvelle déesse et chacun viendra te voir pour recevoir tes
bénédictions". L'enfant aurait répondu : "Je sais. Je deviendrai une
bhabha (mot employé par les enfants pour désigner une déesse)".
De
son côté, la précédente déesse, montée sur le trône sacré en 1995, a
rejoint la vie ordinaire des huit autres Kumari à la retraite. Un petit
cortège de parents et de gardiens l'ont portée dans un palanquin ouvert
monté sur deux perches de bambou, jusqu'à la maison de ses parents, en
ville.
[email]Marie-Eve Coulomb[/email]
j 'ouvre le débat à savoir si oui ou non le sacrifice de ces petites filles est utile au shambala?
floraison
Dernière édition par le Mer 27 Juin 2007, 22:44, édité 1 fois
Astrologie chinoise
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