Sur les Bodhisattvas :
Le silence foudroyant
Soûtra de la maîtrise du Serpent et Sutra du Diamant commenté.
Thich Nhat Hanh
« Si un bodhisattva, Subuthi, entretient l'idée d'un soi, d'une personne, d'un être vivant ou d'une durée d'existence, il ne saurait être un authentique bodhisattva. »
Notre main droite est un authentique bodhisattva, parce qu'elle n'opère aucun discrimination entre elle-même et notre main gauche. Elle « prend soin », c'est tout.
Il est important que nous comprenions les mots « soi », « personne », « être vivant » ou « durée d’existence ».
Le « soi » désigne une identité permanente, constante, mais puisque, selon le bouddhisme, rien n'est permanent et que ce que nous appelons le soi est entièrement composé de non-éléments, il n'existe en réalité aucune entité telle que le soi. Notre idée d'un soi surgit lorsque nous recouvrons au moyen de concepts des choses dépourvues de toute existence en soi. Usant de l'épée de la conceptualisation pour découper la réalité en pièces, nous appelons cette partie « moi » et le reste « non-moi ».
Le concept de « personne », comme le concept de soi, n'est composé que d'éléments « non personnels » - soleil, nuages, blé, espace, etc. Grâce à ces éléments, émerge quelque chose que nous appelons personne. Mais élever une barrière entre l'idée de « personne » et l'idée de « non-personne » est erroné. Si nous disons, par exemple, que le cosmos à donné naissance à l'humanité, et que les autres créatures, les plantes, la lune, les étoiles, etc. existent à seule fin de nous servir, nous sommes emprisonnés dans l'idée d'une personne. De tels concepts visent à séparer le soi du non-soi et la personne de la non-personne – ce en quoi ils sont faux.
Nous consacrons une grande énergie au progrès technologique en vue d'améliorer notre vie, et nous exploitons pour ce faire des éléments non humains tels que les forêts, les rivières et les océans. Mais à mesure que nous polluons et que nous détruisons la nature, nous nous polluons et nous nous détruisons nous-mêmes. Les résultats de cette séparation entre l'humain et le non-humain sont le réchauffement global de l'atmosphère, la pollution et l'apparition de nombre de maladies singulières. Autrement dit, afin de nous protéger, nous devons protéger les éléments non-humains. Cette compréhension fondamentale se révèle nécessaire si nous voulons préserver la planète.
Le concept d ' »être vivant », sattva en sanscrit, apparaît à l'instant ou nous séparons les êtres vivants des êtres non vivants. Lamartine demanda un jour : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » - comme pour questionner notre compréhension ordinaire. Si nous détruisons le non-vivant, nous détruisons aussi le vivant. Dans les monastère bouddhistes, durant la cérémonie du Renouveau, chaque moine récite : « Je fais le vœu de pratiquer de tout mon coeur afin que tous les êtres, vivants et non vivants, soient libérés ». Et lors d'autres cérémonies, nous nous inclinons profondément pour montrer notre gratitude à nos parents, à nos maîtres, à nos amis et à tous les êtres des mondes animal, végétal et minéral. En agissant ainsi, nous comprenons qu'il n'est aucune séparation entre les êtres vivants et les êtres prétendument non-vivants. Le compositeur vietnamien Trinh a écrit un jour : « Comment savons-nous que les pierres ne souffrent pas ? Demain tous les caillou fraterniseront. ». Lorsque nous découvrons vraiment l'amour, celui-ci inclut tous les êtres, vivants ou prétendument non vivants.
Nous considérons d'ordinaire la « durée d'existence » comme la longévité de notre vie – commençant à l'instant de notre naissance et finissant à notre mort. Nous croyons ainsi que nous sommes vivants durant toute cette période, mais ni avant ni après. Une fois encore, l'épée de la conceptualisation découpe la réalité en pièces, séparant d'un coté la vie, de l'autre, la mort. Mais penser que nous commençons notre vie à l'instant ou nous naissons et que nous la terminons au moment ou nous mourons constitue un concept erroné – précisément le « concept de la durée d'existence ».
Selon la prajnaparamita, la vie et la mort son une. Nous naissons et nous mourrons à chaque seconde de notre vue. Pendant notre prétendue durée d'existence, il se produit des millions de naissances et des millions de morts. Chaque jour disparaissent des cellules de notre corps – qu'elles proviennent de notre cerveau, de notre peau, ou de notre sang. Notre planète forme également un corps, et nous sommes chacun une cellule au sein du corps. Devons nous pleurer et organiser des funérailles chaque fois que meurt une cellule de notre corps ou un atome du corps de la Terre ? Pour que la vie soit, la mort est nécessaire. Dans le Samyutta Nikaya, le Bouddha dit : « Lorsque les causes et les conditions sont suffisantes, les yeux apparaissent. Lorsque les causes et les conditions sont insuffisantes, les yeux disparaissant. Il en va de même pour le corps et la conscience. » Nous aimons la vie et nous nous y accrochons fermement. Nous abhorrons la mort et nous voudrions la fuir. Un tel comportement, qui nous plonge dans l'inquiétude et l'anxiété, est entièrement dû à notre conception de l'existence.
Le mot sanskrit pour « perception » est samjna. Selon l'école Vijnanavadin de la psychologie bouddhiste, la perception possède deux composantes – un sujet et un objet de cognition. Si, en nous promenant dans un boi la nuit, nous apercevons un serpent, nous éprouverons probablement une grande frayeur. Mais si nous braquons notre lampe de poche sur ce reptile et que nous constatons qu'il s'agît d'une simple corde, nous ressentirons un soulagement. La perception du serpent était erronée, et le Bouddha nous enseigne précisément que quatre perceptions erronées constituent la racine de notre souffrance – la perception d'un soi (1), d'une personne (2), d'un être vivant (3) et d'une durée d'existence (4).
Nous aimons tous quitter la ville et nous rendre à la campagne. Les arbres y sont si beaux, l'air y est si doux. Pour moi c'est l'un des grands plaisirs de la vie. J »aime marcher lentement à travers les bois, contempler les arbres et les fleurs et, quand je dois pisser, je peux le faire en plaine nature. L'air est bien plus agréable que celui des toilettes des villes. Pourtant je dois avouer que durant des années je fus mal à l'aise à l'idée de pisser dans les bois. Dés que je m'approchais d'un arbre, j'éprouvais un tel respect pour sa beauté et sa grandeur que je ne pouvais me résoudre à pisser contre son tronc. Cela me semblait impoli, voire irrespectueux. Alors mes pas me menaient plus loin, mais il y avait toujours là un arbre ou un buisson, et j'avais l'impression de lui manquer de respect.
Nous considérons d'ordinaire notre salle de bains, faite de bois, de carreaux ou de ciment, comme inanimée, et pisser dans un tel endroit ne nous pose aucun problème. Mais après avoir étudié le Soutra du Diamant et compris que le bois, le carrelage et le ciment sont tout aussi merveilleux et animés, je commençais à éprouver de la gène même dans ma propre salle de bains. Alors j'eus une sorte d'illumination. Je compris que l'acte de pisser est aussi une réalité superbe et merveilleuse, un don que nous faisons à l'univers. Nous devons simplement pisser avec attention, avec un grand respect pour nous-mêmes et pour l'environnement – quel qu'il soit – dans lequel nous nous trouvons. Aussi à présent je peux pisser dans la nature, en respectant pleinement les arbres, les buissons et ma propre personne. Par l'étude du Soutra du Diamant, j'ai donc résolu ce dilemme, et je profite de la campagne plus encore qu'auparavant.
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