Grande interrogation

par **Disciple laïc** Mer 23 Mai 2018, 20:54

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Message n°1

Grande interrogation

par Disciple laïc Mer 23 Mai 2018, 20:54

Grande interrogation

Qu'est ce que la grande interrogation ?

Manjusrî disait : « Pourfendez et brisez les Bouddhas des trois temps (passé, présent et avenir) en brandissant une épée tranchante ! ». Aussi, ceux qui ne croient pas que la bouddhéité est en nous sont des médisants des Bouddhas des trois temps.

Le précepteur T'ien-jan de Tan-hia (739-824, en japonais : Tanka-Tenne) cassa une statue en bois du Bouddha au coeur d'une nuit froide et la brûla pour se chauffer. Voyant cela, le Directeur du temple et ses deux Supérieurs se fâchèrent beaucoup, mais leurs sourcils tombèrent soudain et leur bouche aussi se ferma. [Ils n’avaient pas compris l'esprit de T'ien-jan de Tan-hia qui voulait faire chercher le vrai Bouddha spirituel en soi et non vénérer une idole de bouddha en bois].

Aussi un moine demanda au Maître du Zen Nan-ts'iuan (748-834, en japonais Nansen) : « Quelle est la Loi du Bouddha ? » Alors, Nan-ts'iuan pourfendit un chat devant lui pour toute instruction.

Aussi un moine demanda au Maître du Zen Kouei-tsong (en japonais Kisu) : « Quelle est la Loi du Bouddha ? » Alors, Kouei-tsong trancha un serpent devant lui pour toute réponse.

Le Maître du Zen Tch'ouan-lao (en japonais Senrô) a dit : « Si quelqu'un prend le Bouddha pour Être, je le tuerai ».

Le Maître du Zen Teng-lao (en japonais Tôrô) a dit : « Si quelqu'un prend le Bouddha pour Non-être, je le frapperai ».

Aussi, le Maître du Zen Yun-men (864-949 en japonais Ummon) a dit : « Si j'avais vécu en même temps que Sâkyamuni, je l'aurais tué d'un coup de bâton et donné aux chiens en pâture ».

Voilà de grandes interrogations. Trancher et briser les Bouddhas des trois temps, brûler une statue du Bouddha en bois, pourfendre un chat, trancher un serpent, tuer un homme qui prend le Bouddha pour un Être, frapper un interlocuteur qui prétend que le Bouddha est Non-être ou bien avoir tué Sâkyamuni, donner son cadavre en pâture aux chiens. Toutes ces paroles sont-elles justes ou non ? Si ces Maîtres se comportaient ainsi, était-ce parce que les Bouddhas avaient commis des fautes ? Si oui, quelles fautes ? Voilà une grande interrogation n'est, n'est-ce pas ? Ni les Bouddhas ni les Patriarches n'en peuvent deviner le sens. Peut_on dire que c'est bien ou illusoire ? N'essayez pas de résoudre cette interrogation par raisonnement. Ne pensez pas au bien. N'en dites pas de bien.

Comprenez vous-même cette vérité. N'interrogez pas les autres. Cependant, vous pouvez demander aux Connaisseurs. N'ouvrez pas la bouche. Ne bougez pas votre langue. Ne posez pas de questions orales. Car un proverbe dit : « Si je connais et qu'autrui connaît, nous nous comprenons sans discuter et cela sans fin ». Seulement , un Bouddha et quelqu'un d'autre cherchaient bien ensemble, jusqu'au bout, l'aspect réel des Lois. Aussi, un Patriarche-Maître a dit : « Éclaircissez avec les yeux et transmettez l'esprit. N’interprétez pas spécialement ». Manjusrî brisa le Bouddha et Yun-men donna un coup de bâton à Sâkyamuni. Tout cela n'est que stratagème pour nous faire connaître le Bouddha véritable sans aspect en brisant l'aspect. Car nous cherchons le Bouddha avec aspect et nous ne connaissons pas le Bouddha sans aspect qui est notre Esprit.

Qu'est ce que le Bouddha véritable sans aspect ?

C'est l'Esprit du Non-né d'une pensée. C'est pourquoi le Sûtra de Diamant déclare : « Si quelqu'un muni de trente-deux aspects merveilleux était le Bouddha, les Rois saints Tournant-la-roue seraient les Bouddhas. Si quelqu'un me reconnaît à ma forme et me cherche à ma voix, cet homme pratique une voie erronée. Il ne peut pas voir l'Ainsi-Venu ».

Par ce passage, nous comprenons clairement que le bouddha avec aspect est un bouddha sans Essence et il n'est pas le Bouddha de l'Aspect réel. Ceux qui ne font que blâmer à tort tomberont dans l'enfer sans intermission pendant des périodes cosmiques incalculables.

Aussi, réfléchissons sur le sens de l'acte de pourfendre un chat de Nan-ts'iuan. Le chat possède une cupidité énorme. Tous les êtres vivants transmigrent dans les six domaines à cause de la cupidité. C'est pourquoi il répondit en pourfendant le chat à celui qui était venu lui demander : « Quelle est la Loi du Bouddha? ». Cela sous-entendait trancher la cupidité du chat, et non un beau chat. Si on est dépourvu de cupidité, on comprendra toutes les Lois du Bouddha, bien distinctes, une à une. C'est pourquoi le Lotus de la Bonne Loi déclare : « La cupidité est à la base de toutes nos souffrances. Si on efface la cupidité, les souffrances n'ont plus d'appui ». La cupidité est à la base de toutes nos souffrances. Si nous anéantissons la cupidité, toutes nos souffrances perdront leur base et leur appui. Kouei-tsong n'a pas tranché un serpent matériel. Tous les êtres vivants transmigrent dans la vie-et-mort à cause de pensées erronées. En conséquence, lorsqu'un moine vient l'interroger sur l'esprit des Bouddhas et des patriarches, Kouei-tsong lui répondit : « trancher un serpent ».

D'un autre coté, ceux qui nec connaissent pas ce type de stratagème négligent à tort la causalité, ils ne sont pas gênés de commettre des péchés et ils méprisent les Patriarches et les Maîtres. Ces gens-là tomberont en enfer où ils seront attachés par des chaînes de fer brûlant pendant des périodes cosmiques incalculables comme des grains de poussière et de sable.

En conséquence, les débutants doivent savoir que l'Esprit du Non-né d'une pensée est le Bouddha sans aspect. Ne médisez pas des bouddhas avec aspect en suscitant des pensées et en perturbant votre esprit. Ne vous attachez pas non plus au Bouddha sans aspect. Si vous ne comprenez pas mes paroles, méditez ceci :

L'eau coule, mais elle est à sa source.

Le vent souffle et fait du bruit.

Extrait de : Sermons sur le Zen. Traduit par Maryse et Masumi Shibata - Spiritualités vivantes - Albin Michel

_________________

Puissiez vous être délivrés pour toujours de la naissance et de la mort, des souffrances du corps et des perturbations mentales.

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