LE BLUES DE L’HIVER, UNE FATALITÉ ?
Chasser le blues de l’hiver
Nous l’avons tous constaté : nos humeurs, nos émotions, notre forme physique varient en fonction des saisons. Si le printemps est, à l’image d’une nature en effervescence, synonyme d’énergie, l’hiver s’accompagne au contraire d’un ralentissement physique et psychologique plus ou moins marqué selon les individus. Lorsque cette baisse de régime revient chaque année et qu’elle occasionne une véritable souffrance, elle a un nom : le trouble affectif saisonnier. Et un traitement : la luminothérapie.
Julie Martory
Explication avec le Dr Laurent Chneiweiss, psychiatre et co-auteur de En finir avec le blues de l’hiver (Marabout, 2008).
Le corps, une mécanique soumise aux rythmes du temps.
Comment se fait-il que naturellement, nous dormions la nuit et soyons éveillés le jour ? Ce rythme veille/sommeil, dit circadien, est le fait de circuits complexes logés au sein de notre cerveau, nos organes, nos cellules, comme autant de petites horloges enregistrant le temps. Un système dont la chronobiologie, science récente, tente d’élucider les mystères.
Au cœur de cette mécanique est l’horloge biologique interne. « Ce système, situé au creux du cerveau, permet de réguler nos rythmes tout au long de la journée, mais aussi de l’année, explique le psychiatre Laurent Chneiweiss. Cette horloge contient de manière génétiquement programmée des rythmes veille-sommeil, mais a tout de même besoin d’être régulièrement synchronisée. Et cela passe par la lumière ». Une lumière qui, captée par des récepteurs situés sur notre rétine, transmet un signal à notre horloge biologique interne pour remettre « les pendules à l’heure ».
Mais que se passe-t-il lorsque cette lumière se fait moins présente, comme c’est le cas en automne et en hiver ? « Tous les humains, ou pratiquement, sont saisonniers. Nous sommes tous un peu moins en forme en hiver qu’en été, répond Laurent Chneiweiss. Et ce n’est pas une journée sombre qui nous rend morose, mais la succession de ces jours gris. »
Quand la saisonnalité devient pathologique.
Cette variation de notre forme physique et psychique en fonction des saisons a un nom : la saisonnalité. Un phénomène physiologique naturel dont la plupart d’entre nous s’accommode, attendant tant bien que mal le retour des beaux jours. Chez certaines personnes en revanche, l’automne et l’hiver marquent, chaque année, le retour d’une véritable souffrance.
« On parle de trouble affectif saisonnier à partir du moment où cette fatigue, cette baisse générale de l’envie de faire les choses a une répercussion au quotidien : absentéisme au travail, conflits conjugaux », explique le psychiatre. En un mot, lorsqu’elle devient un handicap dans la vie de tous les jours.
« Dès que je me lève le matin, je ne pense qu’à une chose : me recoucher » ; « C’est comme si mes jambes ne me portaient plus »
Tels sont les maux exprimés par les personnes souffrant de ce trouble qui se traduit par une fatigue intense et constante. On se réveille fatigué et l’on se couche fatigué, traînant toute la journée cette impression d’avoir du béton dans les jambes et une chape de plomb sur les épaules. Car si dans le cas d’une dépression classique, la douleur morale est au premier plan, dans le trouble affectif saisonnier, les symptômes physiques sont dominants. Mais, et c’est là que réside la difficulté de diagnostic, cette fatigabilité intense entraîne de fait des symptômes psychiques communs à la dépression : troubles de la concentration, ralentissement de la réflexion, tristesse, baisse du désir, hyperémotivité.
En France, le trouble affectif saisonnier toucherait 2 à 3 % de la population adulte. Avec un bémol à ce chiffre tout de même : « le TAS est, en France, une affection négligée, précise le psychiatre. En premier lieu parce que les caractéristiques de cette dépression ne sont pas vraiment enseignées, mais aussi parce que dans notre pays, la culture de médicament prédomine. »
Inégaux face à la saisonnalité.
Si certains traversent l’hiver vaillamment, d’autres craignent chaque année le retour de l’automne et des jours écourtés. Nous ne sommes en effet pas égaux face à cette saisonnalité. Il y a, bien entendu, la part génétique. Des enquêtes ont d’ailleurs montré la transmission génétique de cette forte sensibilité à la saisonnalité : les enfants nés d’un parent souffrant de trouble effectif saisonnier auraient entre 2 et 5 fois plus de risque de présenter eux-mêmes un TAS.
Les femmes également sont plus vulnérables que les hommes au trouble affectif saisonnier, tout particulièrement dans la tranche des 20-40 ans. Entrent en jeu les hormones, dont l’implication dans la sensibilité à la saisonnalité sont aujourd’hui à l’étude.
Le milieu socio-culturel enfin est un paramètre à ne pas négliger. « La solitude notamment est un facteur qui accentue la saisonnalité », précise le psychiatre.
Et si la vulnérabilité biologique est là, il suffit parfois d’un facteur conjecturel, d’une épreuve de vie - la perte d’un être cher, un divorce, un licenciement - pour déclencher un processus en spirale, comme le cycle des saisons.
La luminothérapie, traitement de prédilection.
Puisque le manque de lumière entraîne une baisse d’énergie, il suffit d’en apporter pour y remédier : tel est le principe, logique, de la luminothérapie. Bien avant que la science ne le confirme, l’on pressentait le rôle de la lumière sur notre organisme. Ainsi, Arétée de Cappadoce, médecin grec du 1er siècle de notre ère, préconisait aux « léthargiques » de s’exposer à la lumière. Mais il a fallu bon nombre de siècles supplémentaires et de tâtonnements pour définir les modalités de ce traitement - puissance de la lumière, heure à laquelle s’y exposer, durée d’exposition.
Un questionnaire complet, le questionnaire de Therman, permet aujourd’hui de définir avec précision pour chaque individu la meilleure heure à laquelle pratiquer la luminothérapie. De manière générale, les recherches ont montré qu’elle était la plus efficace administrée le matin. « Il suffit de prendre l’heure à laquelle on se lève spontanément l’été, en vacances, et de pratiquer la séance de luminothérapie une à deux heures avant », explique Laurent Chneiweiss.
Veiller à son hygiène de vie.
Si la luminothérapie est le traitement de choix du blues de l’hiver, il n’est pas le seul. Comme pour la dépression, le sport reste une valeur sûre, davantage encore pour le blues de l’hiver pour des raisons physiologiques comme nous l’explique Laurent Chneiweiss. « Une activité sportive, pratiquée le matin avant d’aller travailler, peut donner des résultats comparables à ceux de la lampe. Le sport élève notre température corporelle, et peut resynchroniser l’horloge biologique par ce mécanisme. »
Il est également essentiel de se lever à heure régulière tous les matins. Côté nutrition enfin, le psychiatre conseille de limiter les apports en glucides, en particulier les aliments à index glycémique élevé, et de privilégier en revanche les protéines riches en tryptophanes – œuf, parmesan, œuf de poisson, etc - précurseur de l’hormone du sommeil, la mélatonine.
Le suivi psychologique, une béquille parfois indispensable
Le traitement par luminothérapie peut suffire pour aider à surmonter le blues de l’hiver. Mais si celui-ci entraîne une véritable souffrance, un suivi psychologique peut s’avérer nécessaire, ne serait-ce que pour poser le diagnostic, comme l’explique le psychiatre. « S’il y a un réel handicap au quotidien, il est préférable de se faire suivre par un professionnel de santé », conclut-il.
Dernière édition par Karma Trindal le Ven 06 Fév 2009, 23:14, édité 1 fois
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