Le dalaï-lama renonce à son rôle politique mais pas à son influenceLa décision était attendue. Elle n'en constitue pas moins une évolution majeure de la société tibétaine. Jeudi 10 mars, le dalaï-lama a annoncé son retrait de sa fonction de chef du gouvernement tibétain en exil.
"Dès les années 1960, je n'ai eu de cesse de répéter que les Tibétains avaient besoin d'un dirigeant, élu librement par le peuple tibétain, à qui je pourrai transmettre le pouvoir, a-t-il déclaré lors d'un discours à Dharamsala, dans le nord de l'Inde où sont basés les Tibétains en exil, à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement des moines de Lhassa de 1959. Aujourd'hui, j'ai clairement atteint le moment pour mettre ceci en application."
Le prix Nobel de la paix a annoncé qu'il déposerait un amendement en ce sens lors de la session du Parlement tibétain, le 14 mars. S'il affirme vouloir laisser sa place à un nouveau dirigeant et se concentrer sur ses fonctions religieuses, le chef spirituel tibétain pourra toutefois difficilement se défaire de son influence politique, tant sa personnalité est intimement liée à la lutte de son peuple pour acquérir une autonomie au sein de la Chine.
Comment s'organise le gouvernement tibétain en exil ?Depuis le XVIIe siècle, les dalaï-lamas, autorités suprêmes tibétaines, cumulent les pouvoirs temporel et spirituel. Tenzin Gyatso, nommé en 1950, à seulement 15 ans, "chef d'Etat" après l'arrivée des troupes communistes chinoises, a donc exercé les deux fonctions dans la région autonome du Tibet. En 1959, après l'échec d'un soulèvement contre l'administration de Pékin, il s'enfuit de Chine pour se réfugier à Dharamsala, en Inde. Là, il fonde un gouvernement en exil, calqué sur le mode de fonctionnement tibétain.
Mais en 1990, par souci d'amorcer une démocratisation du régime, il cesse de nommer les membres du cabinet, désignés depuis par le Parlement. Puis, en 2001, il décide de modifier la Constitution : le gouvernement devient dirigé par un premier ministre élu par les Tibétains en exil, soit près de 150 000 personnes – vote auquel ne participent pas les 6 millions de Tibétains de Chine. Le rôle politique du dalaï-lama se voit alors restreint à des fonctions honorifiques, telles qu'un rôle de représentation sur la scène internationale ou la nomination de trois des quarante-trois députés du Parlement.
Pourquoi le dalaï-lama a-t-il annoncé renoncer à son rôle politique ?Par cette annonce, le moine au sourire légendaire officialise donc une situation déjà à l'œuvre depuis dix ans. L'une des explications de ce choix de calendrier est à rechercher du côté des élections législatives du 20 mars, au cours desquelles les Tibétains vont élire leur troisième premier ministre. "En annonçant son retrait juste avant le scrutin, le dalaï-lama souhaite donner du poids au futur premier ministre et lui apporter une visibilité internationale qui lui a pour l'instant fait défaut", analyse Françoise Robin, spécialiste du Tibet à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
Agé de 75 ans et sujet à des problèmes de santé récurrents, la réincarnation de Bouddha prépare ainsi sa succession. "Il chercher à s'assurer que le gouvernement en exil lui survive et puisse continuer à plaider la cause du peuple tibétain. L'hypothèse de sa mort fait en effet craindre un affaiblissement de la cohérence du mouvement", ajoute Jean-Philippe Béja, politologue et sinologue au CNRS et au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po.
Ce retrait annoncé sonne aussi comme une leçon de démocratie à la Chine. "Le dalaï-lama prouve officiellement que le gouvernement tibétain en exil n'est pas le simple héritier du système féodal et archaïque que dépeint la Chine pour justifier son emprise sur cette région, explique Françoise Robin. En comparaison, le Tibet en exil est ainsi bien plus en avance d'un point de vue démocratique."
Quel rôle va-t-il dorénavant jouer ?Le rayonnement du dalaï-lama, adulé par son peuple et icône en Occident, ne va pas s'éteindre avec son retrait politique. En 2008, le magazine américain Time l'avait même classé premier sur sa liste des cent personnes les plus influentes au monde. "Son autorité découle moins de son rôle politique que de son image de maître spirituel et de penseur. Il a du charisme et inspire beaucoup de gens. Il continuera donc à aller voir ses fidèles pour défendre la cause du peuple tibétain dans le monde entier", estime Jean-Philippe Béja.
Se défaire de son rôle temporel au sein du gouvernement en exil ne signifie donc pas pour autant s'interdire de parler de politique. Et sans l'étiquette de chef politique, le dalaï-lama pourrait même être plus libre de ses mouvements. "Il pourra plus facilement être reçu par les gouvernements étrangers et mieux faire entendre sa voix, sans se voir reprocher ses rencontres par la Chine", précise la tibétologue.
Quelle sera l'incidence de son retrait sur la politique tibétaine ?Tout dépendra de la politique menée par le futur premier ministre. A la suite du premier tour de l'élection, qui s'est tenu en octobre, trois candidats sont en lice. Le grand favori, Lobsang Senge, un jeune doctorant en droit diplômé de Harvard, se place dans la continuité du dalaï-lama, défendant l'autonomie du Tibet et la concertation avec les autorités chinoises.
La politique tibétaine menée depuis Dharamsala ne devrait donc pas connaître d'infléchissement. "Les gouvernements occidentaux traiteront avec le nouveau premier ministre. Quant à la Chine, elle ne négocie de toute façon pas directement avec le gouvernement tibétain en exil", détaille Jean-Philippe Béja.
Comment cette annonce est-elle perçue par le peuple tibétain ?"Les Tibétains sont déchirés, assure Lhadon Tethong, responsable de l'association des Etudiants pour un Tibet libre. D'un côté, ils ont le sentiment d'avoir perdu leur leader alors que leur lutte n'est pas achevée ; de l'autre, ils estiment, notamment la jeune génération, que leur pays doit progresser dans la voie de la démocratie."
"Pour la première fois, les Tibétains de Chine s'intéressent à cette élection", note par ailleurs Françoise Robin. Signe que le futur premier ministre pourrait jouir de l'aura du dalaï-lama et être accepté par l'ensemble de la communauté tibétaine. "Les Tibétains vont comprendre et soutenir cette décision, car elle leur donne de l'espoir", assure l'écrivaine tibétaine vivant à Pékin, Tsering Woeser.
Audrey Garric
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