Lama Zopa Rimpotché Mandala Juillet-Août 1999
En novembre 1998, au cours de sa première visite à Bogota, Colombie, où il fut accueilli par le Centre Yamantaka, Lama Zopa Rimpotché s’adressa à quinze enfants de 7 à 18 ans à la Fondation Dharma.
Je suis très heureux de venir ici rencontrer tous mes frères et soeurs. J’aimerais dire quelques mots au sujet de la joie de vivre et de la joie de mourir.
Je me suis laissé dire que vous parliez du sujet de la mort dans vos conversations courantes. La mort est en fait l’une des expériences de la vie, la fin de la vie, aussi il est extrêmement bon d’en discuter. De cette façon, vous pouvez développer votre compassion pour les autres, ouvrir votre coeur aux autres, et cela apportera joie et paix à vous-même. C’est très bon.
Normalement, les gens en bonne santé ne se préoccupent pas de la mort, ils n’en parlent pas, ils n’y pensent pas. Mais tôt ou tard ils en font l’expérience ; chacun meurt un jour. Et lorsque vient le moment, ils le vivent avec effroi et peur, ils meurent en de si malheureux états d’esprit. Ce n’est pas bon. Mais puisque vous en parlez, lorsque votre mort viendra vous n’aurez pas tant de crainte. On doit envisager la mort avec joie, oui. Vous devriez savoir que cela fait partie de la vie et que l’on peut aussi s’en réjouir. Vous pouvez vous réjouir de la mort en pensant aux bienfaits de mourir. D’accord ?
D’abord, ce à quoi vous devriez penser est que nous ne sommes pas seuls à mourir. Rien qu’en ce jour, il y a tant de personnes à travers le monde qui mourront – des personnes qui sont en bonne santé, qui n’ont pas de cancer, rien. Beaucoup d’entre elles mourront d’un accident de voiture ; d’autres d’une soudaine attaque cardiaque ou tuées par d’autres personnes, tout comme en Colombie de nos jours. Il y a tant d’autres façons par lesquelles les gens meurent, des gens qui n’ont ni cancer ni autre maladie comme celles que vous avez. Des gens en pleine santé meurent chaque jour.
Vous devriez être conscient du fait qu’il y a tant d’activité à chaque instant dans le reste du monde, constamment. Vous ne devriez pas juste penser que vous êtes seuls. C’est très important. Cette psychologie aide beaucoup en tant que fondement, et par son acceptation vous apportez la paix en votre coeur.
Donc, quels sont les bénéfices de la mort ? Comment vous réjouir de la mort ? Eh bien, il vous faut comprendre le but de votre vie. Chaque jour, première chose de la matinée, vous devriez vous rappeler : quel est le sens de ma vie ? Pourquoi ce corps humain ? Ce n’est pas seulement pour atteindre la joie pour moi-même, pas seulement pour résoudre mes propres problèmes. Le but de ma vie, la raison pour laquelle j’ai ce précieux corps humain est qu’elle me donne une opportunité grande comme le ciel d’en faire profiter les autres – tous les êtres vivants, en commençant par les autres personnes autour de nous, en incluant les insectes, chaque être vivant.
Nous possédons tous en nos coeurs le potentiel à être Bouddha, comme Dieu. Ce corps est comme une maison pour l’esprit, et fournit l’opportunité d’activer ce potentiel pour le bénéfice de tous les êtres vivants ; de donner tant de paix et de joie, de libérer les innombrables êtres de la souffrance. Le but de la vie est de libérer tous les autres êtres de toutes les souffrances et de leur apporter la joie, la paix. C’est pour cela que nous sommes nés, pour cela que nous survivons chaque jour, chaque heure, chaque minute.
Lorsque qu’arrivera la mort, pensez ainsi : je suis juste une personne, mais les autres êtres qui font l’expérience de la mort sont innombrables, innombrables. Aussi, comme il est merveilleux, fantastique que je meure pour eux. Je donne toute ma joie, joie temporaire et joie ultime, à tous les êtres vivants ; une joie sans fin, totalement libre de la mort. Je la leur donne. J’expérimente la mort pour eux, pour eux tous, tout comme Jésus Christ prit sur lui les souffrances des autres lorsqu’on le crucifia.
Le Noble Bouddha fit la même chose durant trois grands incommensurables éons ; il fit don de son corps d’innombrables fois. Une fois, il offrit ses membres, ne conservant que son corps. Les gens pensèrent « Pourquoi faire ? Sans membres ! » Et le jetèrent au dépotoire. Mais même là, il fit don du reste de son corps aux milliers de fourmis. Il fit ainsi en d’innombrables vies.
Sur une montagne au Népal, par exemple, lorsque le Noble Bouddha était un saint bodhisattva, avant de devenir Bouddha, il y avait une famille de tigres mourant de faim. Le Noble Bouddha vit cela et ne put le supporter. Il était avec son frère (par la suite son frère devint également un Bouddha nommé Maitreya). Lorsqu’il vit ces cinq tigres mourant de faim, il ressentit une incroyable compassion, il ne pouvait supporter la souffrance. Il s’en retourna chez lui avec son frère, mais revint seul plus tard et offrit son corps aux tigres pour qu’il puissent survivre.
Il fit ainsi d’innombrables fois, au cours d’innombrables vies, durant trois grands incommensurables éons. Et grâce à cela il obtint l’illumination. Il devint un guide parfait, possédant toutes les qualités. Il avait une totale compassion pour tous, et le parfait pouvoir d’aider les autres, plus la parfaite compréhension de toute chose, passée, présente, future. Il avait toutes ces qualités, les qualités d’un Bouddha. Ainsi il devint un guide parfait pour libérer chacun de la souffrance, le délivrer, l’illuminer.
Son frère était un saint également, mais sa compassion était plus faible et il ne fit pas don de son corps au tigre. Mais le Bouddha Shakyamouni avait une très grande compassion, qui lui permit de faire entière offrande de son corps. Maitreya devint même un saint bien plus tôt que Bouddha Shakyamouni, mais parce que Bouddha Shakyamouni avait plus de compassion envers les autres, il devint un guide parfait pour libérer tous les êtres de toutes les souffrances et de toutes les causes de souffrance bien avant Maitreya.
Tant de grands saints de ce monde en qui les gens prient, des saints offrant la paix, la joie à des millions de personnes à travers le monde, ont fait de même, sacrifié leurs vies aux autres. Aussi vous devriez également penser : « Je vais moi aussi faire de même. Je vais faire l’expérience de la mort pour tous les êtres vivants. Et je les conduirais à la joie, la joie provisoire, la joie permanente, je les délivrerais de la mort, pour toujours. »
Vous devriez penser à cela chaque matin, au réveil, en premier. Pensez au sens de votre vie, puis pensez à ce que j’ai dit à propos de l’expérience de la mort pour le bénéfice des autres êtres conscients. Et puis pensez aussi à cela après dîner, et à l’heure du coucher, avant d’aller au lit. Penser de la sorte apporte tant de paix. Vous voyez tout le sens de votre vie . Pour être bénéfique aux autres, vous n’avez pas besoin de parcourir toutes les villes alentour. Rien qu’à la maison vous pouvez apporter bienfaits aux êtres vivants en changeant votre esprit pour aller de l’ego vers un état positif, un coeur bon, la compassion, l’amour pour tous les êtres.
De cette façon vous voyez tout le sens de votre vie. A la minute où vous changez d’état d’esprit, lorsque vous vous donnez aux autres, expérimentez votre maladie, votre cancer, votre mort pour les autres, laissez à chacun toute la joie. Pensez, « Combien ce serait merveilleux si je pouvais faire ainsi, combien c’est merveilleux ! » Et pensez que ce cancer est celui de tous les autres êtres vivants. Quelque soit votre maladie, votre problème, pensez, « J’ai fait mien ce problème pour tous les autres. Ainsi j’en fait l’expérience pour eux. »
Penser ainsi vous donne le sentiment d’un grand accomplissement. Dès lors, votre vie, votre coeur, ne sont pas vides. Alors que, sans ce coeur généreux au service des autres – peu importe votre santé, quand bien même vous vivriez des milliers d’années sans jamais être malade – votre coeur est vide, votre vie n’a aucun sens. Ne pas chérir les autres, ne pas vous offrir aux autres mais seulement penser Je, moi, ma joie, mes problèmes, ne fait que transformer votre vie en problèmes ; il n’y a ni paix, ni félicité en votre coeur, votre vie est sans joie. Peu importe votre santé ou la durée de votre vie, il n’y a pas de paix en votre coeur, pas de contentement, pas de satisfaction, pas d’accomplissement.
En raison de votre maladie et de votre expérience de la mort, vous avez une incroyable opportunité de transformer l’esprit. C’est la meilleure psychothérapie, la meilleure méditation, la meilleure médecine, parce qu’elle guérit l’esprit, purifie votre esprit, les causes de souffrance – même si votre maladie ne cesse, même si la mort l’emporte. Amour et compassion, chérir les autres, sont les plus saints états d’esprit.
Si vous voulez guérir de votre maladie, alors penser ainsi est la meilleure médecine. Si votre compassion pour les autres est très forte, elle peut vous guérir. A Singapour il y a un Chinois qui avait le SIDA. Il reçut des instructions de méditation de son gourou, un lama Tibétain de Dharamsala en Inde. Les instructions que le lama lui donna consistaient à imaginer qu’il accueille en lui les SIDAs de tous les autres êtres et à leur faire don de toute sa propre joie. Voilà en quoi consistait la méditation. Lorsqu’il pratiqua la méditation, il ressentit une incroyable compassion. De nombreuses larmes lui venaient aux yeux lorsqu’il méditait. Après quatre jours il se rendit à l’hôpital - pas de SIDA ; les médecins ne pouvaient en trouver trace. J’ai pensé qu’il devait avoir médité pendant plusieurs heures, mais quand je le lui ai demandé, il m’a répondu 4, 5 minutes par jour. J’ai été très surpris.
La cause de la disparition du SIDA réside dans une telle force de compassion. Il ne pensait pas à son propre cas ; uniquement à celui des autres. Il avait le sentiment qu’il était insupportable que les autres aient le SIDA. Sa forte compassion purifia son esprit. La mauvaise action qu’il avait commise par le passé, qui lui avait valu d’attraper le SIDA, avait laissé une empreinte négative dans son esprit. A présent cette empreinte négative était purifiée, le karma négatif était purifié par sa compassion. Bien qu’il n’ait médité que quatre ou cinq minutes par jour, après quatre jours les médecins ne purent trouver aucune trace du SIDA.
C’est pourquoi, si votre compassion est forte, il est possible que cette pratique de l’expérience de votre maladie pour les autres puisse vous guérir. Mais même si elle ne vous guérit pas de votre maladie, même si vous mourrez avec la pensée « Je fais l’expérience de la mort pour les autres, les membres de ma famille, tous les autres êtres ; je fais l’expérience de la mort pour eux et leur fait don de toute la joie », alors votre esprit sera en paix, il n’y aura aucune peur de la mort. Cela signifie que votre conscience connaîtra une bien meilleure renaissance, une renaissance bien plus heureuse dans la vie suivante. Vous pouvez alors développer votre esprit sur la voie spirituelle, aller de joie en joie, jusqu’à l’illumination, qui est libération complète de la souffrance. Plus de mort, plus de maladie. Alors vous pouvez libérer tous les êtres et les mener aussi à l’illumination.
Voilà comment se réjouir de la mort, d’accord ? Pensez : en faisant l’expérience de la mort pour les autres, vous en retirez tous ces bénéfices. Vous rassemblez des occasions de joie, de mérite aussi vastes que ciel – parce que les autres êtres atteints du cancer, de leucémie, sont innombrables. Chaque fois que vous pensez « J’expérimente ceci pour les autres », chaque fois que vos offrez toute votre joie aux autres, vous recueillez une destinée heureuse, une source de joie vaste comme le ciel. Cela rend votre vie tellement riche.
Si vous mourrez avec cette pensée, c’est la meilleure mort. Il n’y a pas de peur, juste la réalisation. C’est la meilleure façon de se réjouir de la mort. Et ainsi vous prenez le chemin d’une vie chaque fois meilleure, de la complète libération, de l’illumination, puis menez vers l’illumination tous les êtres. Faire l’expérience de la mort pour les autres avec compassion offre des bénéfices sans confins.
Lama Zopa Rinpoché
En novembre 1998, au cours de sa première visite à Bogota, Colombie, où il fut accueilli par le Centre Yamantaka, Lama Zopa Rimpotché s’adressa à quinze enfants de 7 à 18 ans à la Fondation Dharma.
Je suis très heureux de venir ici rencontrer tous mes frères et soeurs. J’aimerais dire quelques mots au sujet de la joie de vivre et de la joie de mourir.
Je me suis laissé dire que vous parliez du sujet de la mort dans vos conversations courantes. La mort est en fait l’une des expériences de la vie, la fin de la vie, aussi il est extrêmement bon d’en discuter. De cette façon, vous pouvez développer votre compassion pour les autres, ouvrir votre coeur aux autres, et cela apportera joie et paix à vous-même. C’est très bon.
Normalement, les gens en bonne santé ne se préoccupent pas de la mort, ils n’en parlent pas, ils n’y pensent pas. Mais tôt ou tard ils en font l’expérience ; chacun meurt un jour. Et lorsque vient le moment, ils le vivent avec effroi et peur, ils meurent en de si malheureux états d’esprit. Ce n’est pas bon. Mais puisque vous en parlez, lorsque votre mort viendra vous n’aurez pas tant de crainte. On doit envisager la mort avec joie, oui. Vous devriez savoir que cela fait partie de la vie et que l’on peut aussi s’en réjouir. Vous pouvez vous réjouir de la mort en pensant aux bienfaits de mourir. D’accord ?
D’abord, ce à quoi vous devriez penser est que nous ne sommes pas seuls à mourir. Rien qu’en ce jour, il y a tant de personnes à travers le monde qui mourront – des personnes qui sont en bonne santé, qui n’ont pas de cancer, rien. Beaucoup d’entre elles mourront d’un accident de voiture ; d’autres d’une soudaine attaque cardiaque ou tuées par d’autres personnes, tout comme en Colombie de nos jours. Il y a tant d’autres façons par lesquelles les gens meurent, des gens qui n’ont ni cancer ni autre maladie comme celles que vous avez. Des gens en pleine santé meurent chaque jour.
Vous devriez être conscient du fait qu’il y a tant d’activité à chaque instant dans le reste du monde, constamment. Vous ne devriez pas juste penser que vous êtes seuls. C’est très important. Cette psychologie aide beaucoup en tant que fondement, et par son acceptation vous apportez la paix en votre coeur.
Donc, quels sont les bénéfices de la mort ? Comment vous réjouir de la mort ? Eh bien, il vous faut comprendre le but de votre vie. Chaque jour, première chose de la matinée, vous devriez vous rappeler : quel est le sens de ma vie ? Pourquoi ce corps humain ? Ce n’est pas seulement pour atteindre la joie pour moi-même, pas seulement pour résoudre mes propres problèmes. Le but de ma vie, la raison pour laquelle j’ai ce précieux corps humain est qu’elle me donne une opportunité grande comme le ciel d’en faire profiter les autres – tous les êtres vivants, en commençant par les autres personnes autour de nous, en incluant les insectes, chaque être vivant.
Nous possédons tous en nos coeurs le potentiel à être Bouddha, comme Dieu. Ce corps est comme une maison pour l’esprit, et fournit l’opportunité d’activer ce potentiel pour le bénéfice de tous les êtres vivants ; de donner tant de paix et de joie, de libérer les innombrables êtres de la souffrance. Le but de la vie est de libérer tous les autres êtres de toutes les souffrances et de leur apporter la joie, la paix. C’est pour cela que nous sommes nés, pour cela que nous survivons chaque jour, chaque heure, chaque minute.
Lorsque qu’arrivera la mort, pensez ainsi : je suis juste une personne, mais les autres êtres qui font l’expérience de la mort sont innombrables, innombrables. Aussi, comme il est merveilleux, fantastique que je meure pour eux. Je donne toute ma joie, joie temporaire et joie ultime, à tous les êtres vivants ; une joie sans fin, totalement libre de la mort. Je la leur donne. J’expérimente la mort pour eux, pour eux tous, tout comme Jésus Christ prit sur lui les souffrances des autres lorsqu’on le crucifia.
Le Noble Bouddha fit la même chose durant trois grands incommensurables éons ; il fit don de son corps d’innombrables fois. Une fois, il offrit ses membres, ne conservant que son corps. Les gens pensèrent « Pourquoi faire ? Sans membres ! » Et le jetèrent au dépotoire. Mais même là, il fit don du reste de son corps aux milliers de fourmis. Il fit ainsi en d’innombrables vies.
Sur une montagne au Népal, par exemple, lorsque le Noble Bouddha était un saint bodhisattva, avant de devenir Bouddha, il y avait une famille de tigres mourant de faim. Le Noble Bouddha vit cela et ne put le supporter. Il était avec son frère (par la suite son frère devint également un Bouddha nommé Maitreya). Lorsqu’il vit ces cinq tigres mourant de faim, il ressentit une incroyable compassion, il ne pouvait supporter la souffrance. Il s’en retourna chez lui avec son frère, mais revint seul plus tard et offrit son corps aux tigres pour qu’il puissent survivre.
Il fit ainsi d’innombrables fois, au cours d’innombrables vies, durant trois grands incommensurables éons. Et grâce à cela il obtint l’illumination. Il devint un guide parfait, possédant toutes les qualités. Il avait une totale compassion pour tous, et le parfait pouvoir d’aider les autres, plus la parfaite compréhension de toute chose, passée, présente, future. Il avait toutes ces qualités, les qualités d’un Bouddha. Ainsi il devint un guide parfait pour libérer chacun de la souffrance, le délivrer, l’illuminer.
Son frère était un saint également, mais sa compassion était plus faible et il ne fit pas don de son corps au tigre. Mais le Bouddha Shakyamouni avait une très grande compassion, qui lui permit de faire entière offrande de son corps. Maitreya devint même un saint bien plus tôt que Bouddha Shakyamouni, mais parce que Bouddha Shakyamouni avait plus de compassion envers les autres, il devint un guide parfait pour libérer tous les êtres de toutes les souffrances et de toutes les causes de souffrance bien avant Maitreya.
Tant de grands saints de ce monde en qui les gens prient, des saints offrant la paix, la joie à des millions de personnes à travers le monde, ont fait de même, sacrifié leurs vies aux autres. Aussi vous devriez également penser : « Je vais moi aussi faire de même. Je vais faire l’expérience de la mort pour tous les êtres vivants. Et je les conduirais à la joie, la joie provisoire, la joie permanente, je les délivrerais de la mort, pour toujours. »
Vous devriez penser à cela chaque matin, au réveil, en premier. Pensez au sens de votre vie, puis pensez à ce que j’ai dit à propos de l’expérience de la mort pour le bénéfice des autres êtres conscients. Et puis pensez aussi à cela après dîner, et à l’heure du coucher, avant d’aller au lit. Penser de la sorte apporte tant de paix. Vous voyez tout le sens de votre vie . Pour être bénéfique aux autres, vous n’avez pas besoin de parcourir toutes les villes alentour. Rien qu’à la maison vous pouvez apporter bienfaits aux êtres vivants en changeant votre esprit pour aller de l’ego vers un état positif, un coeur bon, la compassion, l’amour pour tous les êtres.
De cette façon vous voyez tout le sens de votre vie. A la minute où vous changez d’état d’esprit, lorsque vous vous donnez aux autres, expérimentez votre maladie, votre cancer, votre mort pour les autres, laissez à chacun toute la joie. Pensez, « Combien ce serait merveilleux si je pouvais faire ainsi, combien c’est merveilleux ! » Et pensez que ce cancer est celui de tous les autres êtres vivants. Quelque soit votre maladie, votre problème, pensez, « J’ai fait mien ce problème pour tous les autres. Ainsi j’en fait l’expérience pour eux. »
Penser ainsi vous donne le sentiment d’un grand accomplissement. Dès lors, votre vie, votre coeur, ne sont pas vides. Alors que, sans ce coeur généreux au service des autres – peu importe votre santé, quand bien même vous vivriez des milliers d’années sans jamais être malade – votre coeur est vide, votre vie n’a aucun sens. Ne pas chérir les autres, ne pas vous offrir aux autres mais seulement penser Je, moi, ma joie, mes problèmes, ne fait que transformer votre vie en problèmes ; il n’y a ni paix, ni félicité en votre coeur, votre vie est sans joie. Peu importe votre santé ou la durée de votre vie, il n’y a pas de paix en votre coeur, pas de contentement, pas de satisfaction, pas d’accomplissement.
En raison de votre maladie et de votre expérience de la mort, vous avez une incroyable opportunité de transformer l’esprit. C’est la meilleure psychothérapie, la meilleure méditation, la meilleure médecine, parce qu’elle guérit l’esprit, purifie votre esprit, les causes de souffrance – même si votre maladie ne cesse, même si la mort l’emporte. Amour et compassion, chérir les autres, sont les plus saints états d’esprit.
Si vous voulez guérir de votre maladie, alors penser ainsi est la meilleure médecine. Si votre compassion pour les autres est très forte, elle peut vous guérir. A Singapour il y a un Chinois qui avait le SIDA. Il reçut des instructions de méditation de son gourou, un lama Tibétain de Dharamsala en Inde. Les instructions que le lama lui donna consistaient à imaginer qu’il accueille en lui les SIDAs de tous les autres êtres et à leur faire don de toute sa propre joie. Voilà en quoi consistait la méditation. Lorsqu’il pratiqua la méditation, il ressentit une incroyable compassion. De nombreuses larmes lui venaient aux yeux lorsqu’il méditait. Après quatre jours il se rendit à l’hôpital - pas de SIDA ; les médecins ne pouvaient en trouver trace. J’ai pensé qu’il devait avoir médité pendant plusieurs heures, mais quand je le lui ai demandé, il m’a répondu 4, 5 minutes par jour. J’ai été très surpris.
La cause de la disparition du SIDA réside dans une telle force de compassion. Il ne pensait pas à son propre cas ; uniquement à celui des autres. Il avait le sentiment qu’il était insupportable que les autres aient le SIDA. Sa forte compassion purifia son esprit. La mauvaise action qu’il avait commise par le passé, qui lui avait valu d’attraper le SIDA, avait laissé une empreinte négative dans son esprit. A présent cette empreinte négative était purifiée, le karma négatif était purifié par sa compassion. Bien qu’il n’ait médité que quatre ou cinq minutes par jour, après quatre jours les médecins ne purent trouver aucune trace du SIDA.
C’est pourquoi, si votre compassion est forte, il est possible que cette pratique de l’expérience de votre maladie pour les autres puisse vous guérir. Mais même si elle ne vous guérit pas de votre maladie, même si vous mourrez avec la pensée « Je fais l’expérience de la mort pour les autres, les membres de ma famille, tous les autres êtres ; je fais l’expérience de la mort pour eux et leur fait don de toute la joie », alors votre esprit sera en paix, il n’y aura aucune peur de la mort. Cela signifie que votre conscience connaîtra une bien meilleure renaissance, une renaissance bien plus heureuse dans la vie suivante. Vous pouvez alors développer votre esprit sur la voie spirituelle, aller de joie en joie, jusqu’à l’illumination, qui est libération complète de la souffrance. Plus de mort, plus de maladie. Alors vous pouvez libérer tous les êtres et les mener aussi à l’illumination.
Voilà comment se réjouir de la mort, d’accord ? Pensez : en faisant l’expérience de la mort pour les autres, vous en retirez tous ces bénéfices. Vous rassemblez des occasions de joie, de mérite aussi vastes que ciel – parce que les autres êtres atteints du cancer, de leucémie, sont innombrables. Chaque fois que vous pensez « J’expérimente ceci pour les autres », chaque fois que vos offrez toute votre joie aux autres, vous recueillez une destinée heureuse, une source de joie vaste comme le ciel. Cela rend votre vie tellement riche.
Si vous mourrez avec cette pensée, c’est la meilleure mort. Il n’y a pas de peur, juste la réalisation. C’est la meilleure façon de se réjouir de la mort. Et ainsi vous prenez le chemin d’une vie chaque fois meilleure, de la complète libération, de l’illumination, puis menez vers l’illumination tous les êtres. Faire l’expérience de la mort pour les autres avec compassion offre des bénéfices sans confins.
Lama Zopa Rinpoché
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