Développement personnel : les stratégies du silence
La loi du silence est d’habitude une loi imposée par la honte. Les silences sont pleins de douleur et d’angoisse. Lorsqu’un enfant est blessé, violé, rejeté, battu, il portera en lui les stigmates de cette douleur inscrite dans son silence et dans son corps jusqu’à l’oubli.
Par V. Cherki et B. Roussillon
Un article publié dans le numéro de janvier 2001 du magazine Emergences
Extracts :"Entre hommes et femmes, le langage est si différent et la communication parfois si difficile à établir qu’une étape de transition essentielle est nécessaire avant la rencontre."
« l’expérience de la honte est si pénible que celui qui l’a éprouvée un jour fait tout pour l’oublier. La honte ne se dissimule pas seulement aux autres, elle se cache d’abord à soi-même. »
Le silence de la honte n’est pas l’apanage des femmes.
Parce que nous sommes femmes, ce sont surtout les hontes des femmes qui nous avons rencontrées, notamment dans des groupes de paroles de femmes.
Dans le secret de nos cabinets ou dans l’intimité de nos groupes de parole, des silences scellés par la honte sont enfin levés. Beaucoup sont relatifs à des violences subies : abandon, rejet, violences physiques ou sexuelles. Nous traiterons ici des violences sexuelles parce que ce sont elles qui nous ont le plus touchées.
Pourquoi oublie-t-on que l’on a été violé(e) ?
Il n’y a pas que les femmes qui subissent le viol et l’inceste - on l’a bien vu dans le film Festen - mais c’est quand même probablement elles qui en sont les plus fréquentes victimes. Nous pouvons constater la fréquence et la banalisation du viol, ou de l’inceste, exercés sur les enfants.
Il est un fait qui peut surprendre : la plupart du temps, la personne qui a subi un viol dans son enfance a oublié ce qui lui était arrivé. Combien de fois avons-nous vu une cliente retrouver, à la faveur d’un travail en régression, des souvenirs de ce type, sans aucune suggestion de notre part ?
Avant de retrouver ce souvenir, la personne vivait simplement un malaise diffus, aussi intense qu’inexplicable. Elle n’arrive pas à faire des choix, ce qui l’empêche d’agir et la maintient dans une angoisse chronique. Elle a souvent des problèmes d’addiction qui s’ajoutent à sa honte première dont elle n’a souvent pas clairement conscience. Elle entretient un mépris d’elle-même et traverse sa vie en se sentant perdue, même si les autres ne s’en aperçoivent pas. « Si les autres savaient, si les autres voyaient ... »
L’individu, homme ou femme, se tait, « se tue », se cache derrière l’image de lui-même qu’il donne à voir. Chacun de ses silences, du premier au dernier, est un pas vers la mort. Le sujet se protège jusqu’à oublier qui il est. Ne restant de lui, encore vivant, que l’angoisse d’être anéanti.
Pourquoi un tel oubli de ce qui lui est arrivé ? Parce que l’adulte violeur a fait promettre à l’enfant qu’il était de ne rien dire, ou parce que l’enfant lui-même se l’est promis ? Peut-être, mais cet oubli va plus loin : la personne oublie pour ne plus jamais sentir le souvenir de cette expérience destructrice insupportable et la honte qui en résulte. La honte est un trou noir de l’âme : elle dévore l’énergie de la personne et se rend invisible à elle.
Le face-à-face avec la honte est insoutenable et risquerait de mener au suicide. Alors la seule manière de survivre est d’« oublier ». Mais la honte reste là, à visage caché, en imposant continuellement sa loi.
Oser se rappeler
M., lors d’un travail de type bioénergétique, retrouve la chambre de ses parents, son petit lit, dans le coin, quand elle a trois ans. Là voilà avec une voix, des mots et une intonation de toute petite fille (qu’elle serait incapable de reproduire en temps normal) pour évo-quer les visites nocturnes de son père, visites qu’elle avait totalement oubliées. Elle se rappelle le signe de son père, le doigt posé sur les lèvres « Tout cela doit rester entre nous, sinon... » et elle plonge pendant quelques instants dans un état catatonique.
Le système était presque parfait : l’en-fant est mis dans la complicité de l’acte, il doit donc être complice du silence. Il sait qu’il y a eu faute, et dans son rai-sonnement d’enfant, il est sûr que c’est à cause de lui. En tout cas, il a laissé faire : qui ne dit mot consent. Et personne ne le détrompera, puis-qu’il va se taire. Il va se taire, et il va même oublier. Et l’adulte va oublier, ou faire sem-blant, ce qui revient au même. Il ne va rester de cela qu’un malaise et un sentiment de honte inexplicable que l’enfant va transporter dans sa vie d’adulte.
Ce qui permet au souvenir de ressurgir, c’est la présence de l’autre, souvent un thérapeute, qui peut tout entendre sans juger, même ce qui paraît immonde. Pour que la personne puisse raconter à quelqu’un et se raconter à elle-même ce qui lui est arrivé.
Une fois que le souvenir est recontacté, il faut d’abord que la personne y croie : « Je me raconte des histoires... Ce n’est pas possible. Pas lui ! Et ma mère n’au-rait quand même pas laissé faire !... » Quelle difficulté pour se donner raison ! Peu à peu, le sujet honteux se rend à l’évidence : cet événement fait décidé-ment sens pour lui : il lui rend intelli-gibles des aspects de lui-même ou des comportements des autres qu’il ne déchiffrait pas jusqu’alors.
Il existe un point troublant qui montre la violence de ce qui a été vécu et la pro-fondeur de l’oubli : très souvent, la per-sonne en vient à la certitude « qu’il s’est passé quelque chose », elle se remémo-re ce qui s’est passé l’instant d’avant le viol, et l’instant d’après, et entre les deux, il y a trou dans le souvenir : l’acte reste le plus souvent inaccessible à la mémoire. L’expérience ne revient pas complètement au conscient, mais le corps se souvient de tout.
Suffit-il de parler pour obtenir réparation ?
La personne a alors le sentiment - géné-ralement illusoire - que pour pouvoir sortir vraiment de la honte, elle doit faire apparaître la vérité au grand jour et obtenir une certaine réparation, au moins par la reconnaissance des faits par le ou les cou-pables.
Elle va d’abord s’adresser à l’auteur du méfait, face à face, à huis clos. Hélas, elle va presque invariablement rencontrer un déni : non, rien n’a eu lieu. Dans le meilleur des cas, le déni sera gentil : « Tu m’étonnes, je ne me souviens de rien ... ». Il pourra être plus virulent et taxer le questionneur de folie et de calomnie.
« Eh bien, qu’à cela ne tienne, se dit-il (elle), puisque c’est ainsi, je vais alerter tout le clan familial, faire sortir le scan-dale au plein jour. Il l’aura voulu ! » Elle écrit la lettre dénonciatrice et l’adresse à toute la famille. Résultat ? On préfère ne pas le/la croire, sauf peut-être quelques exceptions, des personnes qui lui diront « Ah oui, toi aussi ? ». On ne lui répond pas ou on répond pour annoncer que l’on coupe définitivement les liens ; et on la prie de laisser la famille en paix, en particulier la jeune génération...
Le sujet qui avait rassemblé tout son courage pour sortir du silence de la honte et être enfin reconnu dans sa souffrance, se retrouve accablé d’op-probre et exilé de sa propre famille : il devient le bouc émissaire.
La blessure est terrible mais la per-sonne est à un point où elle a proba-blement les moyens de le supporter et d’en tirer la leçon. Au moins, le men-songe est levé et la personne retrouve de l’estime d’elle-même, et des alliés ailleurs que dans cette famille dont elle sait maintenant qu’elle n’a plus rien à attendre. Comme disait l’une d’entre elles, « Avant, je me sentais enfermée avec eux, dans ce secret honteux. Maintenant, la serrure est tou-jours fermée, mais eux sont dedans, et moi dehors, sans
eux. »
Le film Festen donne une issue différente, puisque le coupable est confon-du ; là, c’est lui qui doit s’exiler. Mais rappelez-vous l’hésitation du jeune homme à révéler la vérité. Quand il se décide enfin à faire sa déclaration publique, sa mère préfère protéger le secret de son mari incestueux et trahir son fils en rappelant que ce jeune homme a toujours eu beau-coup d’imagination... Il fau-dra une pièce à conviction indiscutable, extrême, la lettre que la sœur, elle aussi victime du père, a écrite avant de se suicider. Pour être cru, il fallait que ce témoignage soit assorti d’un suicide. La jeune femme, vivante, n’aurait sans doute pas recueilli plus d’écoute ni de sympa-thie que son frère si elle avait, comme lui, simple-ment énoncé son témoi-gnage à la table familiale.
Dans ce cas exceptionnel, le jeune homme a obtenu réparation, en tout cas justice, puisque son père est confondu, destitué, contraint à quitter la famille.
Est-il pour autant libéré de son tour-ment ? Il a été entendu comme justicier, il aura encore besoin d’être patiem-ment, tendrement, inlassablement écou-té dans l’intimité de sa blessure.
Comment la guérison peut-elle advenir ?
Une personne aux prises avec sa douleur doit tout d’abord s’engager à se rencon-trer elle-même et à s’exprimer ouverte-ment dans des lieux sécurisants prévus à cet effet. Se comprendre et s’écouter par un travail d’introspection et simulta-nément se confronter à lui dans la rela-tion à l’autre.
Dans ces lieux protégés, les groupes de femmes et les groupes d’hommes sont des endroits privilégiés pour faciliter l’expres-sion des secrets enfouis et sortir de l’isolement Entre hommes et femmes, le langage est si différent et la communication parfois si difficile à établir qu’une étape de transition essentielle est nécessaire avant la rencontre. Nous avons d’abord besoin d’un espace où, en toute sécuri-té, nous pouvons nous sentir accueilli(e), compris(e), écouté(e), soutenu(e) et libre de nous exprimer sans rencontrer le jugement des autres.
Un lieu où les expériences puissent s’échanger, où l’on cesse enfin de se sen-tir seul(e) au monde, contraint(e) de dissimuler cette horreur intime qui doit res-ter à jamais secrète.
Un lieu où nous pouvons nous remettre en lien avec les autres, sans plus attendre des coupables du passé une réparation qui ne viendra jamais.
Un lieu où nous pouvons exprimer notre rage sans la faire porter à ceux que nous rencontrons maintenant dans notre vie, sans en faire un poison entre nous et ceux que nous désirons aimer.
Un lieu où nous apprendrons à choisir, à décider, à donner des limites claires et précises.
Un lieu où nous pourrons nous essayer à poser des actes pour stopper ces sché-mas répétitifs d’humiliation.
Janvier 2001
Source: http://www.buddhaline.net/spip.php?article542&var_recherche=suicide
La loi du silence est d’habitude une loi imposée par la honte. Les silences sont pleins de douleur et d’angoisse. Lorsqu’un enfant est blessé, violé, rejeté, battu, il portera en lui les stigmates de cette douleur inscrite dans son silence et dans son corps jusqu’à l’oubli.
Par V. Cherki et B. Roussillon
Un article publié dans le numéro de janvier 2001 du magazine Emergences
Extracts :"Entre hommes et femmes, le langage est si différent et la communication parfois si difficile à établir qu’une étape de transition essentielle est nécessaire avant la rencontre."
« l’expérience de la honte est si pénible que celui qui l’a éprouvée un jour fait tout pour l’oublier. La honte ne se dissimule pas seulement aux autres, elle se cache d’abord à soi-même. »
Le silence de la honte n’est pas l’apanage des femmes.
Parce que nous sommes femmes, ce sont surtout les hontes des femmes qui nous avons rencontrées, notamment dans des groupes de paroles de femmes.
Dans le secret de nos cabinets ou dans l’intimité de nos groupes de parole, des silences scellés par la honte sont enfin levés. Beaucoup sont relatifs à des violences subies : abandon, rejet, violences physiques ou sexuelles. Nous traiterons ici des violences sexuelles parce que ce sont elles qui nous ont le plus touchées.
Pourquoi oublie-t-on que l’on a été violé(e) ?
Il n’y a pas que les femmes qui subissent le viol et l’inceste - on l’a bien vu dans le film Festen - mais c’est quand même probablement elles qui en sont les plus fréquentes victimes. Nous pouvons constater la fréquence et la banalisation du viol, ou de l’inceste, exercés sur les enfants.
Il est un fait qui peut surprendre : la plupart du temps, la personne qui a subi un viol dans son enfance a oublié ce qui lui était arrivé. Combien de fois avons-nous vu une cliente retrouver, à la faveur d’un travail en régression, des souvenirs de ce type, sans aucune suggestion de notre part ?
Avant de retrouver ce souvenir, la personne vivait simplement un malaise diffus, aussi intense qu’inexplicable. Elle n’arrive pas à faire des choix, ce qui l’empêche d’agir et la maintient dans une angoisse chronique. Elle a souvent des problèmes d’addiction qui s’ajoutent à sa honte première dont elle n’a souvent pas clairement conscience. Elle entretient un mépris d’elle-même et traverse sa vie en se sentant perdue, même si les autres ne s’en aperçoivent pas. « Si les autres savaient, si les autres voyaient ... »
L’individu, homme ou femme, se tait, « se tue », se cache derrière l’image de lui-même qu’il donne à voir. Chacun de ses silences, du premier au dernier, est un pas vers la mort. Le sujet se protège jusqu’à oublier qui il est. Ne restant de lui, encore vivant, que l’angoisse d’être anéanti.
Pourquoi un tel oubli de ce qui lui est arrivé ? Parce que l’adulte violeur a fait promettre à l’enfant qu’il était de ne rien dire, ou parce que l’enfant lui-même se l’est promis ? Peut-être, mais cet oubli va plus loin : la personne oublie pour ne plus jamais sentir le souvenir de cette expérience destructrice insupportable et la honte qui en résulte. La honte est un trou noir de l’âme : elle dévore l’énergie de la personne et se rend invisible à elle.
Le face-à-face avec la honte est insoutenable et risquerait de mener au suicide. Alors la seule manière de survivre est d’« oublier ». Mais la honte reste là, à visage caché, en imposant continuellement sa loi.
Oser se rappeler
M., lors d’un travail de type bioénergétique, retrouve la chambre de ses parents, son petit lit, dans le coin, quand elle a trois ans. Là voilà avec une voix, des mots et une intonation de toute petite fille (qu’elle serait incapable de reproduire en temps normal) pour évo-quer les visites nocturnes de son père, visites qu’elle avait totalement oubliées. Elle se rappelle le signe de son père, le doigt posé sur les lèvres « Tout cela doit rester entre nous, sinon... » et elle plonge pendant quelques instants dans un état catatonique.
Le système était presque parfait : l’en-fant est mis dans la complicité de l’acte, il doit donc être complice du silence. Il sait qu’il y a eu faute, et dans son rai-sonnement d’enfant, il est sûr que c’est à cause de lui. En tout cas, il a laissé faire : qui ne dit mot consent. Et personne ne le détrompera, puis-qu’il va se taire. Il va se taire, et il va même oublier. Et l’adulte va oublier, ou faire sem-blant, ce qui revient au même. Il ne va rester de cela qu’un malaise et un sentiment de honte inexplicable que l’enfant va transporter dans sa vie d’adulte.
Ce qui permet au souvenir de ressurgir, c’est la présence de l’autre, souvent un thérapeute, qui peut tout entendre sans juger, même ce qui paraît immonde. Pour que la personne puisse raconter à quelqu’un et se raconter à elle-même ce qui lui est arrivé.
Une fois que le souvenir est recontacté, il faut d’abord que la personne y croie : « Je me raconte des histoires... Ce n’est pas possible. Pas lui ! Et ma mère n’au-rait quand même pas laissé faire !... » Quelle difficulté pour se donner raison ! Peu à peu, le sujet honteux se rend à l’évidence : cet événement fait décidé-ment sens pour lui : il lui rend intelli-gibles des aspects de lui-même ou des comportements des autres qu’il ne déchiffrait pas jusqu’alors.
Il existe un point troublant qui montre la violence de ce qui a été vécu et la pro-fondeur de l’oubli : très souvent, la per-sonne en vient à la certitude « qu’il s’est passé quelque chose », elle se remémo-re ce qui s’est passé l’instant d’avant le viol, et l’instant d’après, et entre les deux, il y a trou dans le souvenir : l’acte reste le plus souvent inaccessible à la mémoire. L’expérience ne revient pas complètement au conscient, mais le corps se souvient de tout.
Suffit-il de parler pour obtenir réparation ?
La personne a alors le sentiment - géné-ralement illusoire - que pour pouvoir sortir vraiment de la honte, elle doit faire apparaître la vérité au grand jour et obtenir une certaine réparation, au moins par la reconnaissance des faits par le ou les cou-pables.
Elle va d’abord s’adresser à l’auteur du méfait, face à face, à huis clos. Hélas, elle va presque invariablement rencontrer un déni : non, rien n’a eu lieu. Dans le meilleur des cas, le déni sera gentil : « Tu m’étonnes, je ne me souviens de rien ... ». Il pourra être plus virulent et taxer le questionneur de folie et de calomnie.
« Eh bien, qu’à cela ne tienne, se dit-il (elle), puisque c’est ainsi, je vais alerter tout le clan familial, faire sortir le scan-dale au plein jour. Il l’aura voulu ! » Elle écrit la lettre dénonciatrice et l’adresse à toute la famille. Résultat ? On préfère ne pas le/la croire, sauf peut-être quelques exceptions, des personnes qui lui diront « Ah oui, toi aussi ? ». On ne lui répond pas ou on répond pour annoncer que l’on coupe définitivement les liens ; et on la prie de laisser la famille en paix, en particulier la jeune génération...
Le sujet qui avait rassemblé tout son courage pour sortir du silence de la honte et être enfin reconnu dans sa souffrance, se retrouve accablé d’op-probre et exilé de sa propre famille : il devient le bouc émissaire.
La blessure est terrible mais la per-sonne est à un point où elle a proba-blement les moyens de le supporter et d’en tirer la leçon. Au moins, le men-songe est levé et la personne retrouve de l’estime d’elle-même, et des alliés ailleurs que dans cette famille dont elle sait maintenant qu’elle n’a plus rien à attendre. Comme disait l’une d’entre elles, « Avant, je me sentais enfermée avec eux, dans ce secret honteux. Maintenant, la serrure est tou-jours fermée, mais eux sont dedans, et moi dehors, sans
eux. »
Le film Festen donne une issue différente, puisque le coupable est confon-du ; là, c’est lui qui doit s’exiler. Mais rappelez-vous l’hésitation du jeune homme à révéler la vérité. Quand il se décide enfin à faire sa déclaration publique, sa mère préfère protéger le secret de son mari incestueux et trahir son fils en rappelant que ce jeune homme a toujours eu beau-coup d’imagination... Il fau-dra une pièce à conviction indiscutable, extrême, la lettre que la sœur, elle aussi victime du père, a écrite avant de se suicider. Pour être cru, il fallait que ce témoignage soit assorti d’un suicide. La jeune femme, vivante, n’aurait sans doute pas recueilli plus d’écoute ni de sympa-thie que son frère si elle avait, comme lui, simple-ment énoncé son témoi-gnage à la table familiale.
Dans ce cas exceptionnel, le jeune homme a obtenu réparation, en tout cas justice, puisque son père est confondu, destitué, contraint à quitter la famille.
Est-il pour autant libéré de son tour-ment ? Il a été entendu comme justicier, il aura encore besoin d’être patiem-ment, tendrement, inlassablement écou-té dans l’intimité de sa blessure.
Comment la guérison peut-elle advenir ?
Une personne aux prises avec sa douleur doit tout d’abord s’engager à se rencon-trer elle-même et à s’exprimer ouverte-ment dans des lieux sécurisants prévus à cet effet. Se comprendre et s’écouter par un travail d’introspection et simulta-nément se confronter à lui dans la rela-tion à l’autre.
Dans ces lieux protégés, les groupes de femmes et les groupes d’hommes sont des endroits privilégiés pour faciliter l’expres-sion des secrets enfouis et sortir de l’isolement Entre hommes et femmes, le langage est si différent et la communication parfois si difficile à établir qu’une étape de transition essentielle est nécessaire avant la rencontre. Nous avons d’abord besoin d’un espace où, en toute sécuri-té, nous pouvons nous sentir accueilli(e), compris(e), écouté(e), soutenu(e) et libre de nous exprimer sans rencontrer le jugement des autres.
Un lieu où les expériences puissent s’échanger, où l’on cesse enfin de se sen-tir seul(e) au monde, contraint(e) de dissimuler cette horreur intime qui doit res-ter à jamais secrète.
Un lieu où nous pouvons nous remettre en lien avec les autres, sans plus attendre des coupables du passé une réparation qui ne viendra jamais.
Un lieu où nous pouvons exprimer notre rage sans la faire porter à ceux que nous rencontrons maintenant dans notre vie, sans en faire un poison entre nous et ceux que nous désirons aimer.
Un lieu où nous apprendrons à choisir, à décider, à donner des limites claires et précises.
Un lieu où nous pourrons nous essayer à poser des actes pour stopper ces sché-mas répétitifs d’humiliation.
Janvier 2001
Source: http://www.buddhaline.net/spip.php?article542&var_recherche=suicide
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Jeu 09 Nov 2023, 11:02 par heyopibe
» Les Quatre Nobles Vérités -------------------------------------
Mer 08 Nov 2023, 11:40 par heyopibe