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Les yeux de la compassion doivent être capables de voir loin
Par Jetsun Pema
Jetsun Pema
Les yeux de la compassion doivent être capables de voir loin
Jetsun Pema, soeur du Dalai-Lama, explique comment elle pratique la compassion bouddhiste en actes, au service des milliers d’enfants tibétains réfugiés en Inde.
Par Jetsun Pema
entretien avec Sofia Stril-Rever
extrait du livre Enfants du Tibet, de coeur à coeur avec Jetsun Pema et soeur Emmanuelle
Sofia Stril-Rever : Sa Sainteté le Dalai-Lama définit l’essence du bouddhisme comme l’amour et la compassion pour tous les êtres sensibles. Il exhorte par ailleurs chacun de nous à mettre en pratique les enseignements, à cultiver la compassion en actes. Comment la compassion bouddhiste en action se traduit-elle auprès de milliers d’enfants réfugiés ?
Jetsun Pema : Aujourd’hui j’ai passé trente-quatre ans auprès des enfants. Cette expérience m’a demandé de développer non seulement la compassion mais aussi la patience, beaucoup de patience. Pour réussir, la meilleure approche de la vie est peut-être bien contenue dans le bouddhisme et les valeurs qu’il véhicule : penser aux autres, être altruiste. Quand on a à l’esprit le souci du bonheur des autres, la compassion en action est vraiment sollicitée à la vue de la condition des enfants dans les différentes colonies de réfugiés tibétains en Inde. Le cœur se serre à la pensée de tout ce que ces enfants ont vécu.
Les premières années en Inde ont été les plus dures. Nous avons été décimés. De petits enfants, des bébés perdaient leurs parents. Les enfants étaient malades, ils n’étaient pas habitués au climat, à la nourriture. Par centaines, des bébés orphelins nous arrivaient malades du Népal. Chaque jour un ou deux enfants mouraient faute de soins.
Dans ce genre de situation, on est envahi par la compassion. On ne pense même pas, la situation force à agir. Et cela ne me concerne pas uniquement, mais aussi toutes les personnes qui, ayant rencontré les enfants, voulaient leur venir en aide. Des centaines de jeunes, à cette époque, se sont dit qu’ils connaissaient un peu d’anglais ou qu’ils savaient donner des soins, et que l’heure était venue pour eux de secourir des enfants démunis de tout, en situation de survie. Les uns enseignaient, d’autres donnaient à manger aux enfants etc. Toutes ces personnes qui travaillaient pour les petits réfugiés mettaient vraiment la compassion en pratique.
Quand on est face à des centaines d’enfants en danger de mort, on n’a pas le temps de se poser de question, on ressent seulement la nécessité d’agir. C’est quasiment instinctif. Dans un tel cas, je ne sais même pas si on agit par compassion, ou si c’est seulement parce qu’on est poussé par la nécessité de remédier au caractère intolérable de la souffrance des enfants. L’action est dictée par la situation.
S. S-R : Le bouddhisme distingue plusieurs niveaux de la compassion. Est-ce qu’il ne s’agit pas là de la compassion inspirée par l’émotion à la vue de la souffrance d’autrui ?
Jetsun Pema : Oui, certainement. Mais en repensant à nos premières années d’exil, j’ai le souvenir du sentiment d’urgence quasi viscérale qui m’animait, me poussait à agir et décuplait mes forces. C’est en ce sens que j’ai parlé de nécessité.
Parce qu’en effet la compassion, fondée sur l’émotion, est irréfléchie, elle représente pour le bouddhiste le risque d’être aveugle. L’émotion n’est pas vraie. Elle déforme la réalité des choses et en cela nous éloigne de la vérité, nous rendant vulnérables à l’illusion. On est facilement débordé par la compassion devant la détresse des enfants qui nous bouleverse. Mais ce sentiment très fort qui nous pousse à vouloir les aider, s’il ne s’appuie pas sur une évaluation raisonnée de la situation, peut aussi faire du mal aux enfants.
C’est pourquoi, je reviens à mon propos précédent relatif à la situation actuelle du Village, je pense qu’être compatissant ne signifie pas continuer à mettre tous les enfants sous nos ailes. Être compatissant revient aussi à envisager l’avenir en regardant au-delà du présent. Les yeux de la compassion doivent être capables de voir loin. La compassion doit pouvoir englober la totalité d’une situation, sans se limiter au présent.
Parce qu’on veut résoudre une situation présente difficile, voire dangereuse pour un enfant, on risque de mettre en marche une dynamique qui, à long terme, sera nuisible. C’est ce que notre équipe étudie maintenant. Nous ne voulons pas que l’existence de notre structure crée plus tard des déficits affectifs au sein des familles, compromettant dans le long terme l’équilibre de notre communauté.
S. S-R : Vous abordez le deuxième niveau de la compassion, fondé sur la sagesse ?
Jetsun Pema : Exactement. Dans nos enseignements, la sagesse et la compassion sont indissociables. On les compare aux deux ailes de l’oiseau. J’ai moi-même expérimenté dans l’action, la nécessité de lier la réflexion, l’étude et le raisonnement à la compassion. Et Sa Sainteté a toujours été pour moi une source d’inspiration sur ce point. Sa prévoyance nous a sauvés. Cette prévoyance est un effet de sa compassion illimitée.
Dans la communauté exilée, les Tibétains pensent, et ils ont raison en cela, que tout ce qu’ils possèdent et le fait même de leur survie, dans l’exil en Inde, sont dus à la compassion de Sa Sainteté.
S. S-R : Et comment, dans votre action, intégrez-vous le troisième niveau de la compassion, qui trouve son inspiration dans la méditation sur la vacuité ?
Jetsun Pema : La réalisation de la vacuité est l’expression la plus sublime de la sagesse dans le bouddhisme tibétain. Sa Sainteté définit la vacuité comme l’absence d’existence inhérente de soi et des phénomènes. C’est une notion mal comprise en occident où l’on confond vacuité et néant. Les religions occidentales reposent sur l’idée de création et d’un dieu créateur. Pour nous la vacuité est l’essence même de la vie car elle est associée à la notion de l’interdépendance. Aucun phénomène, aucun individu ne peut exister sans le concours de causes et de conditions, c’est en cela qu’il est dit « vide d’être en soi ».
Il s’agit là d’un niveau supérieur de sagesse vers lequel je tends. Mais je ne suis pas une grande pratiquante. Sa Sainteté le sait bien, il me donne des méditations très simples ! Comme vous le savez, la pensée précède l’action. La compassion qui naît de la contemplation de la vacuité est la forme de compassion la plus pure, parce qu’elle a sa source dans un esprit lui-même parfaitement pur. C’est ce que l’on appelle « l’attitude extraordinaire », ou encore « l’attitude d’exception ». La force d’une telle compassion n’est pas celle de pratiquants de moindre capacité. Elle s’accompagne de la capacité d’apporter un bonheur durable aux autres êtres sensibles.
Pour moi qui suis engagée dans l’action, je cultive une compréhension pour ainsi dire pratique et directe de la vacuité à travers l’action précisément, dans le non-attachement, le lâcher-prise, le non-ego et la conscience de ma responsabilité.
S. S-R : Quel idéal représentent pour vous mère Teresa, l’abbé Pierre ou sœur Emmanuelle. ?
Jetsun Pema : Selon moi, mère Teresa, l’abbé Pierre et sœur Emmanuelle incarnent l’idéal de la compassion. Ce sont de vrais bodhisattvas.
S. S-R : D’après vous, on peut donc être un « vrai bodhisattva » sans le savoir et même sans être bouddhiste, en étant chrétien comme sœur Emmanuelle ou mère Teresa ?
Jetsun Pema : Quand je dis que mère Teresa et sœur Emmanuelle sont des bodhisattvas, je ne pense pas tant aux religieuses catholiques qu’elles sont, mais plutôt à l’amour et à la bonté qui rayonnent d’elles.
Nous distinguons deux sortes de bodhisattvas. Les bodhisattvas dits « transcendantaux » ont déjà réalisé la perfection de l’état de Bouddha. Animés d’un amour sans limite pour tous les êtres, ils diffèrent le moment de l’extinction en Nirvana afin de leur enseigner le chemin de l’Eveil.
A la différence des bodhisattvas transcendantaux, les bodhisattvas dits « terrestres » n’ont pas accompli la perfection de la sagesse. Ils sont animés par un idéal de compassion et un altruisme déterminant chacune des pensées et des actes de leur vie. Ils sont capables de prendre sur eux les souffrances des autres, de les aimer plus qu’eux-mêmes. On dit dans nos textes que le bodhisattva a développé une compassion cent fois plus forte que celle d’une mère voyant son enfant dévoré par des flammes. Cette compassion est d’une intensité quasi insoutenable devant la réalité de la souffrance.
Je crois sentir en mère Teresa ou sœur Emmanuelle la force d’une telle compassion et c’est en ce sens qu’elles sont à mes yeux de vrais bodhisattvas.
S. S-R : Pourquoi n’y a-t-il pas de mère Teresa ou de sœur Emmanuelle bouddhistes ?
C’est peut-être tout simplement une question de publicité. Il faut savoir faire la part de l’intérêt médiatique qui se concentre sur une personne. J’ai vu des jeunes filles tibétaines, de seize ou dix-sept ans à peine, prendre soin de personnes âgées ou de malades avec un tel dévouement ! Et c’était à une époque où, dans les hôpitaux, il n’y avait pas toutes les commodités qu’on trouve aujourd’hui. Cela demandait une immense compassion de pourvoir à tous les besoins de personnes dépendantes, les nourrir, les laver, les soigner. Ensuite ces jeunes filles, à l’âge de vingt ans reprenaient leurs études. Mais elles sont restées anonymes.
Je dirais qu’il y a en fait beaucoup plus de mère Teresa ou de sœur Emmanuelle qu’on ne croit.
Paru dans la revue "Dharma - Compassion et médecine"
Ref D.G. Diffusion : 11194
Auteur : Collectif
Editeur/Label : Prajna
EAN :9782905188601
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Auteur : Collectif
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EAN :9782905188601
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