Une compagnie d’exploitation forestière pourrait détruire l’habitat du tigre de Sibérie menacé

Une compagnie d’exploitation forestière pourrait détruire l’habitat du tigre de Sibérie menacé
Le 28 juin par WWF
La découverte de projets d’exploitation forestière d’un habitat clé du tigre de Sibérie dans un site soumis au classement en tant que Patrimoine Mondial de l’UNESCO a suscité une vive protestation publique demandant l’annulation de la concession forestière dans la Province de Primorsky en Russie.


© Klein and Hubert / WWF
Le WWF Russie ainsi que l’ Association of Indigenous Peoples of Primorsky Province (l’Association des Peuples Indigènes de la Province de Primorsky) mènent l’appel contre l’entreprise JSC Les Export, spécialisé dans l’exploitation forestière et fabricant de parquets.
La Province Primorsky dans l’extrême est russe constitue l’un des derniers repères du plus grand des félins, le tigre de Sibérie, dont la population se chiffre à moins de 500 individus à l’état sauvage.

Forêts Primaires
Les protestations font suite à la demande de Les Export d’une concession forestière dans la zone de récolte de pignes de pins Bikinsky dans le basin versant de Bikin. Ce fleuve est situé au sein de la plus vaste étendue encore intacte de forêts primaires feuillues de pins blancs de Corée au monde (407 300 hectares). C’est un habitat essentiel pour le tigre de Sibérie.

L’entreprise JSC Les Export a pourtant déjà eu l’occasion d’attirer les ires du public après avoir obtenu deux concessions forestières en mai 2011, également localisées au sein de l’habitat du tigre de Sibérie.
Les deux concessions accordées se trouvent au sein de la zone de récolte de pignes de pins de Pozharsky ainsi que celle du Refuge sauvage provincial de Sredneussuriskiy, seul corridor écologique reliant la population russe de tigres de Sibérie avec une population chinoise de l’autre côté de la frontière dans les montagnes de Wandashan.

« Nous considérons cette autorisation comme un manquement pur et simple à une parole donnée» déclare Yury Darman, le Directeur du bureau de l’Amour du WWF Russie. « JSC Les Export s’étaient engagés auparavant à ne pas s’attaquer au bois de zones de récoltes de pignes ou d’aires protégées. »
« Les actions de JSC Les Exports s’inscrivent à l’encontre de l’engagement de la compagnie de travailler vers la certification sous la houlette du Forest Stewardship Council (FSC), une organisation indépendante qui promeut la gestion responsable des forêts mondiales. »
« De plus, c’est une trahison à l’égard des natifs de Bikin –les Udegei et les Nanai – dont les vies dépendent intégralement de l’utilisation traditionnelle des ressources de cette zone » ajoute Yury Darman.« Ces communautés défendent le Bikin contre l’exploitation depuis 1992 ».

Site proposé au classement comme Patrimoine Mondial de l’UNESCO
En novembre 2010, le bassin versant de Bikin a été soumis à l’UNESCO au titre du classement en tant que Patrimoine Mondial de l’Humanité à l’initiative du gouvernement Russe.

« C’est notre forêt, nous chassons ici, nous y pêchons, cueillons des plantes médicinales et ramassons du bois » explique Igor Kukchenko, Vice Président de l’Association of Indigenous Peoples of the Primorsky Province (Association des Peuples Indigènes de la Province de Primorsky).
« Les habitants de notre village Krasniy Yar se sont exprimés contre l’attribution de concession de forêt de cette étendue à JSC Les Export ainsi qu’à toute autre entreprise industrielle forestière dans le Bikin », précise-t-il.

Le 5 juin 2011, les habitants de Krasniy Yar ont adressé une pétition aux gouvernements provinciaux et fédéraux demandant à ne pas autoriser de concessions d’exploitation forestière dans le territoire des contreforts moyens et élevés du fleuve Bikin.
Les forêts sont également sous concession depuis juin 2009 par l’Indigenous Peoples’ Association – Association des Peuples Indigènes (surnommée « Tigre ») pour la récolte de pignes et de plantes médicinales.

De grands félins en grande difficulté
Malgré la remontée du nombre de tigres dans l’extrême est russe au cours des dernières cinquante années, ce grand félin reste encore très menacé par le braconnage, les conflits homme-tigres et l’e0xploitation des vastes forêts de cette zone.

Selon le premier chapitre du Rapport Forêts Vivantes du WWF publié en avril dernier, plus de 230 millions d’hectares de forêts disparaîtront en 2050 si aucune action n’est envisagée : une situation désastreuse pour les 3200 tigres restants survivant dans des poches d’habitat à travers 13 pays.
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