La spiritualité et la protection de l'environnement font-ils bon ménage?
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Créé le 28/09/2011 à 15h52 -- Mis à jour le 28/09/2011 à 15h55
Offrandes près du lac Namtso, considéré comme un lieu saint du bouddhisme, Tibet, le 7 juin 2009. —STRINGER / REUTERS
SOCIETE - La religion est un sujet qui soulève bien des polémiques. Et pourtant, sans langue de bois, les représentants des cinq plus grandes religions de France (catholique, musulmane, juive, protestante, bouddhiste) ont échangé le lundi 26 septembre à la Global Conference des Ateliers de la Terre sur le thème «Spiritualité et développement durable»...
Guides spirituels et experts en développement durable, même combat?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le Grand rabbin de Strasbourg René Gutman rappelle qu’il est important de distinguer la religion de la spiritualité. «Alors que la première est délimitée par des frontières dogmatiques, la seconde est universelle et tente de résoudre les problèmes d’altérité.» Dit autrement par Mohammed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), «l’essence même de la spiritualité sont des valeurs qui ont permis à des hommes de lutter ensemble pour la liberté, l’égalité et la fraternité.»
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la question de la spiritualité et du développement durable est abordée lors de rencontres internationales. En novembre 2009, près de 200 représentants de communautés religieuses et des experts environnementaux se sont réunis au Château de Windsor pour apporter des solutions concrètes au changement climatique. L’évènement était parrainé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Alliance des Religions et de la Conservation (ARC), une organisation fondée en 1995 par le Prince Philip, mari de la reine Elizabeth II. Et pas plus tard que le 25 juillet dernier, plusieurs responsables religieux se sont rassemblés à l’American Colony Hotel de Jérusalem pour déterminer, face à l’urgence du changement climatique, des meilleures solutions de collaboration.
Parallèlement, des figures emblématiques pour la protection de la planète sensibilisent l’opinion publique à la place de la spiritualité dans le développement durable. Dans un article du Monde du 15 avril 2011, Nicolas Hulot explique que «la spiritualité est le chemin que l’on cherche pour nous relier, parce que l’homme n’est pas le Tout, il est la fraction d’un Tout.» Même son de cloche chez Daniel Richard, ancien président de WWF-France, selon qui «en travaillant avec les traditions religieuses, c’est la nature même de la relation de l’homme à la nature que nous pouvons revisiter, afin de restaurer un équilibre plus harmonieux entre l’homme et l’écosystème dont il est partie intégrante.»
Crises économiques et environnementales: symptômes de la crise spirituelle
Autant de déclarations et d’actions qui incitent à se questionner sur les motifs expliquant un tel regain de spiritualité. Car «si elle était très présente en 1972 lors du Sommet mondial pour le développement durable à Stockholm, ce n’était pas le cas aux Sommets de Johannesburg en 2002 et de Rio en 1992», rappelle lors d’une conférence de presse Bettina Lavigne, directrice du comité d’orientation des Ateliers de la terre.
Pour l’évêque de Troyes, Mgr. Marc Stenger, l’engouement pour la spiritualité n’est pas anodin: «il s’explique par le fait que le monde va mal.» Raison pour laquelle Tampalawela Dhammaratana, vice-président de l'Organisation Mondiale des Bouddhistes, invite chacun d’entre nous à se mobiliser pour la planète: «Nous sommes tous responsables des catastrophes environnementales. Nous devons donc tous contribuer à préserver la nature.»
Aussi grave et pénible que soit la crise, cette période est positive pour Mohammed Moussaoui «car elle permet d’extraire le beurre du lait.» L’enseignement principal se lit donc dans la crise elle-même: «elle nous aide à nous secouer et à réfléchir sur ce que nous allons laisser à nos enfant.» Pour Jacques Varet, membre de la Commission Eglise et Société de la Fédération Protestante de France, «cette période est l’occasion de promouvoir de nouvelles valeurs morales.»
Entre entreprenariat et solidarité faut-il choisir?
Dans un monde où les crises environnementales, économiques et sociales se succèdent, une solution pour Mgr. Stenger serait de «développer une spiritualité de la frugalité». Pour lui, «l’enjeu de la spiritualité est de faire découvrir à l’humain sa vocation de solidarité et de responsabilité». Le rabbin René Gutman pousse plus loin le raisonnement en expliquant que «si l’homme est un être solidaire, il est aussi un entrepreneur. Rejeter l’une ou l’autre de ces facettes c’est rejeter une partie de nous-mêmes. Il faut savoir osciller entre la solidarité et le sentiment d’entreprise et d’exploration.»
—
Sonia Eyaan
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Créé le 28/09/2011 à 15h52 -- Mis à jour le 28/09/2011 à 15h55
Offrandes près du lac Namtso, considéré comme un lieu saint du bouddhisme, Tibet, le 7 juin 2009. —STRINGER / REUTERS
SOCIETE - La religion est un sujet qui soulève bien des polémiques. Et pourtant, sans langue de bois, les représentants des cinq plus grandes religions de France (catholique, musulmane, juive, protestante, bouddhiste) ont échangé le lundi 26 septembre à la Global Conference des Ateliers de la Terre sur le thème «Spiritualité et développement durable»...
Guides spirituels et experts en développement durable, même combat?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, le Grand rabbin de Strasbourg René Gutman rappelle qu’il est important de distinguer la religion de la spiritualité. «Alors que la première est délimitée par des frontières dogmatiques, la seconde est universelle et tente de résoudre les problèmes d’altérité.» Dit autrement par Mohammed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), «l’essence même de la spiritualité sont des valeurs qui ont permis à des hommes de lutter ensemble pour la liberté, l’égalité et la fraternité.»
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la question de la spiritualité et du développement durable est abordée lors de rencontres internationales. En novembre 2009, près de 200 représentants de communautés religieuses et des experts environnementaux se sont réunis au Château de Windsor pour apporter des solutions concrètes au changement climatique. L’évènement était parrainé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l'Alliance des Religions et de la Conservation (ARC), une organisation fondée en 1995 par le Prince Philip, mari de la reine Elizabeth II. Et pas plus tard que le 25 juillet dernier, plusieurs responsables religieux se sont rassemblés à l’American Colony Hotel de Jérusalem pour déterminer, face à l’urgence du changement climatique, des meilleures solutions de collaboration.
Parallèlement, des figures emblématiques pour la protection de la planète sensibilisent l’opinion publique à la place de la spiritualité dans le développement durable. Dans un article du Monde du 15 avril 2011, Nicolas Hulot explique que «la spiritualité est le chemin que l’on cherche pour nous relier, parce que l’homme n’est pas le Tout, il est la fraction d’un Tout.» Même son de cloche chez Daniel Richard, ancien président de WWF-France, selon qui «en travaillant avec les traditions religieuses, c’est la nature même de la relation de l’homme à la nature que nous pouvons revisiter, afin de restaurer un équilibre plus harmonieux entre l’homme et l’écosystème dont il est partie intégrante.»
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Autant de déclarations et d’actions qui incitent à se questionner sur les motifs expliquant un tel regain de spiritualité. Car «si elle était très présente en 1972 lors du Sommet mondial pour le développement durable à Stockholm, ce n’était pas le cas aux Sommets de Johannesburg en 2002 et de Rio en 1992», rappelle lors d’une conférence de presse Bettina Lavigne, directrice du comité d’orientation des Ateliers de la terre.
Pour l’évêque de Troyes, Mgr. Marc Stenger, l’engouement pour la spiritualité n’est pas anodin: «il s’explique par le fait que le monde va mal.» Raison pour laquelle Tampalawela Dhammaratana, vice-président de l'Organisation Mondiale des Bouddhistes, invite chacun d’entre nous à se mobiliser pour la planète: «Nous sommes tous responsables des catastrophes environnementales. Nous devons donc tous contribuer à préserver la nature.»
Aussi grave et pénible que soit la crise, cette période est positive pour Mohammed Moussaoui «car elle permet d’extraire le beurre du lait.» L’enseignement principal se lit donc dans la crise elle-même: «elle nous aide à nous secouer et à réfléchir sur ce que nous allons laisser à nos enfant.» Pour Jacques Varet, membre de la Commission Eglise et Société de la Fédération Protestante de France, «cette période est l’occasion de promouvoir de nouvelles valeurs morales.»
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Sonia Eyaan
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