Saint-Valentin : le bijou en or n'est pas vert !
1212 lectures / 6 commentaires09 février 2012, 18 h 35
Pour faciliter la récupération des paillettes d'or, les orpailleurs se servent de mercure. Ils récoltent alors par blocs un amalgame de mercure et d'or.
© WWF
Savez-vous d'où provient cette jolie chaine en or que vous rêvez d'offrir ou de recevoir pour la Saint-Valentin ? A quelques jours de la fête des amoureux, le WWF souhaite rappeler les origines, trop souvent douteuses, de ce métal précieux et alerter sur les conséquences tant écologiques, sociales, économiques que sanitaires d'une extraction illégale de l'or, au travers de l'exemple guyanais.
Aujourd'hui le cours de l'or n'a jamais été aussi haut dans toute son histoire : la valeur actuelle atteint ainsi 25 000 euros le kilo d'or avec une progression actuelle d'1% / jour. Une mane financière considérable pour les exploiteurs illégaux. En effet, plus de 95% de l'or extrait chaque année dans le monde n'est pas traçable, c'est-à-dire que le consommateur n'a aucune information sur la façon dont l'or est extrait et transformé. Ce qui permet, dans certains pays, à l'or illégal d'intégrer la filière légale : il est alors blanchi.
Des rivières et des forêts condamnées par l'activité aurifère illégale
En moyenne, on retrouve dans 1 hectare de forêt guyanaise plus d'espèces de plantes que sur l'ensemble de l'Europe continentale. Cette biodiversité remarquable est pourtant menacée. Le Parc National Amazonien, créé en 2007 pour préserver la biodiversité de Guyane, est toujours fortement impacté : 4000 hectares y ont été déforestés, et plus de 500 chantiers aurifères illégaux, employant entre 5 000 et 8 000 travailleurs, y sévissaient encore fin 2011.
La Guyane recèle encore un potentiel aurifère de 120 tonnes en or primaire et 15 à 20 ans de gisement alluvionnaire au rythme de son exploitation actuelle (IEDOM, 2006).
L'or illégal nuit gravement à la santé humaine
Utilisé par les orpailleurs clandestins pour extraire l'or, le mercure (interdit pourtant depuis 2006) est un poison très toxique qui s'accumule dans les cours d'eau et contamine toute la chaîne alimentaire, des poissons jusqu'à l'homme. Ainsi, Pour récupérer 1kg d'or, 1,3 kg de mercure est employé par les illégaux, avec près de 30% de pertes, rejetées dans le milieu naturel, essentiellement sous forme de vapeur atmosphérique. Plus de 10% s'échappe dans les cours d'eau de Guyane. Sous l'action de l'acidité de l'eau, le mercure se transforme en un dérivé dangereux : le méthyl-mercure.
Les répercussions socio-économiques d'une nouvelle ruée vers l'or
L'exploitation aurifère clandestine concourt à la structuration de véritables filières d'immigration sauvages et au développement de réseaux de prostitution, de trafics (armes et drogues) et de délinquance. Le bilan est lourd. Le mois dernier, en pleine visite présidentielle, une fusillade a provoqué la mort de 6 personnes à Dorlin, un site d'orpaillage clandestin que le WWF avait déjà survolé avec Lucie Décosse, championne du monde de judo originaire de Guyane.
Les difficultés récurrentes dans la lutte contre l'orpaillage illégal et ses différents trafics annexes ne posent pas seulement un problème d'ordre public. En effet, ses impacts socio-économiques sont devenus énormes pour le territoire. Perte d'emplois chez les orpailleurs légaux, insécurité des populations riveraines et zones devenues infréquentables pour les touristes réduisant d'autant une activité essentielle pour le développement de la Guyane, tout cela contribue à faire de l'orpaillage illégal un fléau aux conséquences multiples.
Malgré sa bonne volonté, l'industrie de la bijouterie peine à connaitre la provenance de l'or qu'elle utilise/achète
En 2011, le WWF a mené, en relation avec l'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (BJOP), la fédération nationale des horlogers, bijoutiers, joailliers et orfèvres (HBJO) et le Syndicat Saint Eloi, une enquête inédite, « sur les traces de l'or », auprès des acteurs de l'industrie de la bijouterie (fabricants, distributeurs, affineurs, etc.). Objectif : évaluer leur connaissance sur l'origine de l'or qu'ils achètent et dresser un état des lieux de la traçabilité de l'approvisionnement aurifère.
•82 % des répondants indiquent ne pas connaître la provenance de l'or qui passe entre leurs mains.
•84% des professionnels participant à l'étude n'ont aucune garantie concernant la responsabilité des pratiques d'extraction, bien que 75% soient conscients des lourds impacts de l'extraction aurifère
•90% des personnes ayant répondu se déclarent prêtes à agir à leur niveau.
Comme on pouvait s'y attendre, le bilan en termes de traçabilité n'est pas brillant, puisque l'or des bijoutiers demeure très majoritairement d'origine inconnue. Une prise de conscience et une volonté de transparence de ces acteurs émergent indéniablement.
Ces éléments montrent la nécessité d'une traçabilité de l'or, qui permettra aux bijoutiers de garantir l'origine de leurs produits. En complément, il reste indispensable d'améliorer les pratiques légales d'extraction et de suivi du minerai, qui pourraient être valorisées au moyen d'une certification.
Le saviez-vous ?
•Entre 2000 et 2008, plus de 22 t d'or exportées de Guyane avaient une origine douteuse, soit l'équivalent de 7 millions d'alliances !
•Des études réalisées sur les cheveux des populations locales ont fait apparaître dans 30% des cas des taux de mercure supérieurs au seuil sanitaire maximal fixé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Auteur
Organisation mondiale de protection de la nature ; date originale : 09 février 2012, 18 h 35
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info
1212 lectures / 6 commentaires09 février 2012, 18 h 35
Pour faciliter la récupération des paillettes d'or, les orpailleurs se servent de mercure. Ils récoltent alors par blocs un amalgame de mercure et d'or.
© WWF
Savez-vous d'où provient cette jolie chaine en or que vous rêvez d'offrir ou de recevoir pour la Saint-Valentin ? A quelques jours de la fête des amoureux, le WWF souhaite rappeler les origines, trop souvent douteuses, de ce métal précieux et alerter sur les conséquences tant écologiques, sociales, économiques que sanitaires d'une extraction illégale de l'or, au travers de l'exemple guyanais.
Aujourd'hui le cours de l'or n'a jamais été aussi haut dans toute son histoire : la valeur actuelle atteint ainsi 25 000 euros le kilo d'or avec une progression actuelle d'1% / jour. Une mane financière considérable pour les exploiteurs illégaux. En effet, plus de 95% de l'or extrait chaque année dans le monde n'est pas traçable, c'est-à-dire que le consommateur n'a aucune information sur la façon dont l'or est extrait et transformé. Ce qui permet, dans certains pays, à l'or illégal d'intégrer la filière légale : il est alors blanchi.
Des rivières et des forêts condamnées par l'activité aurifère illégale
En moyenne, on retrouve dans 1 hectare de forêt guyanaise plus d'espèces de plantes que sur l'ensemble de l'Europe continentale. Cette biodiversité remarquable est pourtant menacée. Le Parc National Amazonien, créé en 2007 pour préserver la biodiversité de Guyane, est toujours fortement impacté : 4000 hectares y ont été déforestés, et plus de 500 chantiers aurifères illégaux, employant entre 5 000 et 8 000 travailleurs, y sévissaient encore fin 2011.
La Guyane recèle encore un potentiel aurifère de 120 tonnes en or primaire et 15 à 20 ans de gisement alluvionnaire au rythme de son exploitation actuelle (IEDOM, 2006).
L'or illégal nuit gravement à la santé humaine
Utilisé par les orpailleurs clandestins pour extraire l'or, le mercure (interdit pourtant depuis 2006) est un poison très toxique qui s'accumule dans les cours d'eau et contamine toute la chaîne alimentaire, des poissons jusqu'à l'homme. Ainsi, Pour récupérer 1kg d'or, 1,3 kg de mercure est employé par les illégaux, avec près de 30% de pertes, rejetées dans le milieu naturel, essentiellement sous forme de vapeur atmosphérique. Plus de 10% s'échappe dans les cours d'eau de Guyane. Sous l'action de l'acidité de l'eau, le mercure se transforme en un dérivé dangereux : le méthyl-mercure.
Les répercussions socio-économiques d'une nouvelle ruée vers l'or
L'exploitation aurifère clandestine concourt à la structuration de véritables filières d'immigration sauvages et au développement de réseaux de prostitution, de trafics (armes et drogues) et de délinquance. Le bilan est lourd. Le mois dernier, en pleine visite présidentielle, une fusillade a provoqué la mort de 6 personnes à Dorlin, un site d'orpaillage clandestin que le WWF avait déjà survolé avec Lucie Décosse, championne du monde de judo originaire de Guyane.
Les difficultés récurrentes dans la lutte contre l'orpaillage illégal et ses différents trafics annexes ne posent pas seulement un problème d'ordre public. En effet, ses impacts socio-économiques sont devenus énormes pour le territoire. Perte d'emplois chez les orpailleurs légaux, insécurité des populations riveraines et zones devenues infréquentables pour les touristes réduisant d'autant une activité essentielle pour le développement de la Guyane, tout cela contribue à faire de l'orpaillage illégal un fléau aux conséquences multiples.
Malgré sa bonne volonté, l'industrie de la bijouterie peine à connaitre la provenance de l'or qu'elle utilise/achète
En 2011, le WWF a mené, en relation avec l'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (BJOP), la fédération nationale des horlogers, bijoutiers, joailliers et orfèvres (HBJO) et le Syndicat Saint Eloi, une enquête inédite, « sur les traces de l'or », auprès des acteurs de l'industrie de la bijouterie (fabricants, distributeurs, affineurs, etc.). Objectif : évaluer leur connaissance sur l'origine de l'or qu'ils achètent et dresser un état des lieux de la traçabilité de l'approvisionnement aurifère.
•82 % des répondants indiquent ne pas connaître la provenance de l'or qui passe entre leurs mains.
•84% des professionnels participant à l'étude n'ont aucune garantie concernant la responsabilité des pratiques d'extraction, bien que 75% soient conscients des lourds impacts de l'extraction aurifère
•90% des personnes ayant répondu se déclarent prêtes à agir à leur niveau.
Comme on pouvait s'y attendre, le bilan en termes de traçabilité n'est pas brillant, puisque l'or des bijoutiers demeure très majoritairement d'origine inconnue. Une prise de conscience et une volonté de transparence de ces acteurs émergent indéniablement.
Ces éléments montrent la nécessité d'une traçabilité de l'or, qui permettra aux bijoutiers de garantir l'origine de leurs produits. En complément, il reste indispensable d'améliorer les pratiques légales d'extraction et de suivi du minerai, qui pourraient être valorisées au moyen d'une certification.
Le saviez-vous ?
•Entre 2000 et 2008, plus de 22 t d'or exportées de Guyane avaient une origine douteuse, soit l'équivalent de 7 millions d'alliances !
•Des études réalisées sur les cheveux des populations locales ont fait apparaître dans 30% des cas des taux de mercure supérieurs au seuil sanitaire maximal fixé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Auteur
Organisation mondiale de protection de la nature ; date originale : 09 février 2012, 18 h 35
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info
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