Un 115 du particulier pour les SDF, révolutionnaire ou fausse bonne idée ?
Aurélie Champagne
journaliste
Publié le 07/02/2012 à 11h12
Cédric Lebert et Brann du Senon ne se connaissent pas. Le premier est un artiste peintre de 41 ans, qui vit dans une fermette près du Mans après avoir passé quinze ans entre squats et rue.
Le second a 51 ans et vit « dans les bois, en caravane, avec pas grand-chose, du côté de Nemours » en Seine-et-Marne. Il a passé un an à la rue. Parfois, il lui arrive d'héberger des gens dans le besoin, dans la caravane située à côté de la sienne, « pour le coup de main ».
Cédric et Brann se sont retrouvés il y a quatre jour autour d'une même interrogation :
« Pourquoi n'y a-t-il pas de particuliers dans le fichier du 115 ? »
Depuis le 4 février, alors que le 115 est saturé à cause du grand froid, ils échangent fiévreusement sur la page Facebook que Cédric a ouverte pour animer un groupe d'aide aux SDF, « le 115 du particulier ».
Francis sous la neige (Aurélie Champagne/ Olivier Volpi)
Dans l'esprit de « Particulier à particulier »
Brann insiste d'emblée :
« L'idée n'est pas de se substituer aux associations qui existent, ni au 115. Ce qu'on veut, c'est donner un coup de main. Les places d'hébergement manquent, non ? »
Philippe a passé vingt ans à la rue. Pour lui, le principe du 115 du particulier est bon.
« On revient un peu à l'ancien temps, quand les gens ouvraient leur porte. Quand on est à la rue, parfois, se sentir accueilli fait beaucoup. C'est assez pour repartir. »
Francis, 62 ans dont seize de rue, refuse toute place en hébergement :
« Les centres, le 115 avec les types qui picolent ou te volent tes chaussures, je peux plus. »
A ses yeux, le 115 du particulier est « une bonne idée ».
« Mais il faut que je réfléchisse. Je me verrais pas appeler tout de suite. »
« OK chien, si non agressif »
« Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à donner, qui peuvent accueillir et dépanner des gens à la rue mais qui ne savent pas comment faire », constate Brann.
Avec Cédric, il collecte dans une joyeuse anarchie les propositions qui affluent sur leur page Facebook. Dans l'Aisne, Béatrice propose trois chambres :
« Mon souhait au départ était de recevoir des jeunes femmes seules ou avec enfants. »
Un autre propose « une place sur Périgueux dans le camping-car d'un ami stationné dans un centre de mobile-home sur Périgueux en Sud-Ouest... OK chien, si non agressif ».
Francis et les annonces (Aurélie Champagne/ Olivier Volpi)
« Des petites choses à mettre bout à bout »
« Aujourd'hui, on a plus de 40 offres d'hébergement pour une, deux ou trois personnes, ou des familles avec enfants », résume Brann.
« Elles s'accompagnent d'une soupe, d'une douche. Il n'est pas du tout question d'argent. Chacun propose ce qu'il veut et laisse son contact sur Facebook ou passe par nous : pour certains, c'est du covoiturage, des fringues, des couvertures… On a un boulanger qui a du pain de la veille.
C'est peut-être pas grand-chose mais ça sert. Le but est là : dénicher des petites choses et les mettre bout à bout. »
Le 115 du particulier s'orchestre de manière informelle sur Facebook. Certaines offres peuvent très bien se passer de l'intermédiaire des deux administrateurs. « Sinon, on filtre. »
« On est en train de créer un outil. Ça se fait au fur et à mesure », prévient Brann, conscient que les choses ne sont pas parfaites.
« On réfléchit à l'histoire, à comment ça peut se faire. On a eu 900 personnes qui ont rejoint le groupe en quatre jours. C'est bien le signe qu'il y a d'autres gens qui ont envie de réfléchir à ça. »
Concrètement, ils entendent « faire circuler les infos, collecter les offres, et les mettre à disposition des associations et des gens pointus sur le sujet. Après, si des particuliers se sentent d'accueillir des gens, ils peuvent ».
Le premier accueil a eu lieu la nuit dernière, au sein d'une famille qui souhaite rester discrète :
« Il s'agissait d'un homme qui avait été viré d'un local où il squattait. Il a un travail, mais pas de toit. Il a été hébergé. Ça s'est bien passé. »
Qu'en pensent assos et travailleurs sociaux ?
Contacté depuis lundi matin par téléphone, le 115 ne s'est pas encore exprimé sur l'initiative. Emmaüs non plus. En revanche, le jour même de la création du 115 du particulier, le collectif Morts de la rue réagissait sur sa page Facebook :
« Je redis ici à la fois l'émerveillement devant une idée citoyenne, et la prudence qui est de mise. Cette action surfe sur la sensibilité au grand froid. C'est toute l'année qu'il s'agit de tisser du lien, dans la durée. »
Christophe Louis, des Enfants du canal, s'avoue « très sceptique » : « Ce sont des bonnes initiatives en soi mais il y a quand même du danger. »
« Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Je connais des gens qui vivent au quotidien avec les personnes de la rue et ça se passe très bien. Le tout est de bien établir les règles de vie et d'intervention. »
Il pointe du doigt la limite du geste compassionnel :
« La générosité va s'arrêter à un moment donné. Comment dire à une personne : “Maintenant, je ne t'accueille plus ? Tu retournes à la rue.” Au bout d'un moment, le geste compassionnel s'arrête. Et on le voit bien : aux périodes de vacances ou aux beaux jours, tout retombe comme un soufflet. »
Christophe Louis évoque « des cas de bénévoles qui accueillaient des gens chez eux et qui nous appelaient au secours après » :
« Il y a des personnes qui sont en situation difficile, ça ne se gère pas comme ça au quotidien. Il faut avoir un savoir-faire et une certaine connaissance pour ne pas s'enfermer dans des choses qui soient dangereuses pour les deux personnes. »
Des problèmes mentaux, d'addiction...
Les travailleurs sociaux évoquent aussi le « danger », « l'inconscience » qui peuvent accompagner une telle initiative. Selon l'enquête Samenta, un tiers des sans-abri franciliens souffrent de troubles psychotiques, ou présentent au moins une addiction à l'alcool, à une drogue ou à un médicament.
Brann s'emporte :
« Des organismes nous critiquent. Je me suis engueulé hier avec un travailleur social d'Emmaüs. Ils disent que la plupart des gens à la rue sont des psychotiques qui ont des problèmes de maladies mentales ou d'alcool. Mais la plupart des gens à la rue ont juste des problèmes d'argent. Ils n'arrivent pas à payer leur loyer et dorment dans des bagnoles. »
Brann réfléchit :
« Est-ce qu'il faudra culpabiliser et tout arrêter parce qu'un type pourrait mal se comporter avec une famille ? »
« Moi, je veux voir si ça marche », tranche Cédric, qui vient d'être contacté par une grosse association pour envisager un soutien logistique.
Dans la bouche de Brann, une question revient, obsessionnelle :
« Des gens crèvent de froid. Qu'est-ce qu'on fait ? »
« Si chacun écrit à son maire... »
Pour Christophe Louis, la réponse reste politique :
« Il faut plutôt se battre pour que les gens aient un chez soi digne et correct, que d'essayer de pallier de cette manière-là au manque de volonté de l'Etat.
Tant qu'il n'y aura pas une prise de conscience générale, rien ne bougera. En revanche, si chacun écrit à son maire et à son député en disant qu'il n'accepte pas qu'une ville comme la sienne n'applique pas les quotas de logements sociaux de la loi SRU et laisse les gens à la rue, là, on obtiendra quelque chose.
Je prends toujours l'exemple des radars : quand il a été question d'enlever les avertisseurs de radars, il y a eu des tôlés. Des courriers ont été envoyés à tous les députés par des automobilistes qui disaient “ je ne tolère pas ça et vous n'aurez pas ma voix”.
Ces gens ont fait changer la loi. Je crois vraiment que si on veut changer le problème des sans-abri, il faut que ça devienne une question prioritaire des citoyens pour que le politique s'en empare complètement. »
Brann acquiesce. Il ajoute : « Mais en attendant, qu'est-ce qu'on fait ? »
Il insiste sur la modestie de la démarche du 115 du particulier :
« Nous, on parle juste de mettre les gens à l'abri. »
Brann refuse de faire de la politique, mais rumine la promesse faite par Nicolas Sarkozy en 2006 :
« Je veux, si je suis élu Président de la république, que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir. »
Le 115, « une belle fumisterie »
Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement estime à 133 000 le nombre de personnes sans domicile fixe en France, et à 685 000 le nombre de personnes privées de domicile personnel (accueillies en résidences sociales, vivant dans des abris de fortunes ou en chambres d'hôtels).
En octobre 2010, le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu affirmait que « l'objectif de zéro demande de mise à l'abri par manque de place serait en vigueur pendant toutes les périodes de grand froid ».
Christophe Louis s'indigne :
« On nous dit qu'il y a zéro DNP [demande non pourvue, ndlr] au 115, mais je l'ai constaté encore hier, en maraude : on demande aux gens d'appeler et de rappeler sans cesse. C'est une belle fumisterie. »
« Beaucoup de gens appellent sans obtenir de permanencier », poursuit un responsable d'accueil.
« Si la ligne est occupée, quelle demande vous recevez ? »
Dans son accueil de jour, Yvette a des échanges quotidiens avec le 115 :
« Une permanencière me confiait récemment qu'ils avaient 300 signalements par jour à Paris. Ils ne peuvent pas trouver 300 places comme ça… Et ça n'est pas considéré comme des demandes non pourvues. »
En juillet dernier, Xavier Emmanuelli démissionnait du Samu social et confiait à Charlie Hebdo :
« Le budget alloué au Samu social (financé à 92% par l'Etat) a été ramené à 90 millions d'euros cette année contre 110 millions en 2010. [...] Beaucoup de personnes risquent de se retrouver sur le carreau, alors que la situation de l'hébergement d'urgence en Ile-de-France est dramatique : à Paris, chaque soir, 150 à 200 personnes ou familles appelant le 115, le numéro d'urgence du Samu social, ne se voient pas proposer de solution à leur problème faute de places disponibles. »
La gaffe de Nora Berra
Comme l'asso Toit à moi ou Action froid, créée ce 2 février sur Facebook pour organiser des maraudes de citoyens, le 115 du particulier met le doigt sur une tendance générale.
Le désengagement de l'Etat, les coupes budgétaires et la dégradation de conditions de vie à la rue sont de plus en plus amortis par les réseaux de solidarité privés.
Dernièrement, Benoist Apparu demandait aux préfets de région de garantir des hébergements d'urgence 24 heures sur 24.
« On s'est réjoui », commente-t-on dans un accueil de jour parisien.
« Mais c'était un effet d'annonce. Nos sans-abri, à 8 heures, ils sont toujours dehors. »
« Alors qu'est-ce qu'on fait ? » martèle Brann.
Amer, il évoque la gaffe de Nora Berra, ce 6 février. La secrétaire d'Etat chargée de la Santé a donné sur son blog ses « recommandations face au froid » et exhorté les personnes sans-abri à « éviter de sortir de chez eux ». (Le terme « sans-abri » a depuis été retiré du blog.)
Cette nuit, il fait - 10° C. Francis dort au deuxième sous-sol d'un immeuble parisien.
« Va falloir que je sorte. Avec le froid, ça m'ennuie, mais il faut que je mange chaud. J'ai du pain et du lait mais rien pour le faire chauffer. »
Aurélie Champagne
journaliste
Publié le 07/02/2012 à 11h12
Cédric Lebert et Brann du Senon ne se connaissent pas. Le premier est un artiste peintre de 41 ans, qui vit dans une fermette près du Mans après avoir passé quinze ans entre squats et rue.
Le second a 51 ans et vit « dans les bois, en caravane, avec pas grand-chose, du côté de Nemours » en Seine-et-Marne. Il a passé un an à la rue. Parfois, il lui arrive d'héberger des gens dans le besoin, dans la caravane située à côté de la sienne, « pour le coup de main ».
Cédric et Brann se sont retrouvés il y a quatre jour autour d'une même interrogation :
« Pourquoi n'y a-t-il pas de particuliers dans le fichier du 115 ? »
Depuis le 4 février, alors que le 115 est saturé à cause du grand froid, ils échangent fiévreusement sur la page Facebook que Cédric a ouverte pour animer un groupe d'aide aux SDF, « le 115 du particulier ».
Francis sous la neige (Aurélie Champagne/ Olivier Volpi)
Dans l'esprit de « Particulier à particulier »
Brann insiste d'emblée :
« L'idée n'est pas de se substituer aux associations qui existent, ni au 115. Ce qu'on veut, c'est donner un coup de main. Les places d'hébergement manquent, non ? »
Philippe a passé vingt ans à la rue. Pour lui, le principe du 115 du particulier est bon.
« On revient un peu à l'ancien temps, quand les gens ouvraient leur porte. Quand on est à la rue, parfois, se sentir accueilli fait beaucoup. C'est assez pour repartir. »
Francis, 62 ans dont seize de rue, refuse toute place en hébergement :
« Les centres, le 115 avec les types qui picolent ou te volent tes chaussures, je peux plus. »
A ses yeux, le 115 du particulier est « une bonne idée ».
« Mais il faut que je réfléchisse. Je me verrais pas appeler tout de suite. »
« OK chien, si non agressif »
« Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à donner, qui peuvent accueillir et dépanner des gens à la rue mais qui ne savent pas comment faire », constate Brann.
Avec Cédric, il collecte dans une joyeuse anarchie les propositions qui affluent sur leur page Facebook. Dans l'Aisne, Béatrice propose trois chambres :
« Mon souhait au départ était de recevoir des jeunes femmes seules ou avec enfants. »
Un autre propose « une place sur Périgueux dans le camping-car d'un ami stationné dans un centre de mobile-home sur Périgueux en Sud-Ouest... OK chien, si non agressif ».
Francis et les annonces (Aurélie Champagne/ Olivier Volpi)
« Des petites choses à mettre bout à bout »
« Aujourd'hui, on a plus de 40 offres d'hébergement pour une, deux ou trois personnes, ou des familles avec enfants », résume Brann.
« Elles s'accompagnent d'une soupe, d'une douche. Il n'est pas du tout question d'argent. Chacun propose ce qu'il veut et laisse son contact sur Facebook ou passe par nous : pour certains, c'est du covoiturage, des fringues, des couvertures… On a un boulanger qui a du pain de la veille.
C'est peut-être pas grand-chose mais ça sert. Le but est là : dénicher des petites choses et les mettre bout à bout. »
Le 115 du particulier s'orchestre de manière informelle sur Facebook. Certaines offres peuvent très bien se passer de l'intermédiaire des deux administrateurs. « Sinon, on filtre. »
« On est en train de créer un outil. Ça se fait au fur et à mesure », prévient Brann, conscient que les choses ne sont pas parfaites.
« On réfléchit à l'histoire, à comment ça peut se faire. On a eu 900 personnes qui ont rejoint le groupe en quatre jours. C'est bien le signe qu'il y a d'autres gens qui ont envie de réfléchir à ça. »
Concrètement, ils entendent « faire circuler les infos, collecter les offres, et les mettre à disposition des associations et des gens pointus sur le sujet. Après, si des particuliers se sentent d'accueillir des gens, ils peuvent ».
Le premier accueil a eu lieu la nuit dernière, au sein d'une famille qui souhaite rester discrète :
« Il s'agissait d'un homme qui avait été viré d'un local où il squattait. Il a un travail, mais pas de toit. Il a été hébergé. Ça s'est bien passé. »
Qu'en pensent assos et travailleurs sociaux ?
Contacté depuis lundi matin par téléphone, le 115 ne s'est pas encore exprimé sur l'initiative. Emmaüs non plus. En revanche, le jour même de la création du 115 du particulier, le collectif Morts de la rue réagissait sur sa page Facebook :
« Je redis ici à la fois l'émerveillement devant une idée citoyenne, et la prudence qui est de mise. Cette action surfe sur la sensibilité au grand froid. C'est toute l'année qu'il s'agit de tisser du lien, dans la durée. »
Christophe Louis, des Enfants du canal, s'avoue « très sceptique » : « Ce sont des bonnes initiatives en soi mais il y a quand même du danger. »
« Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Je connais des gens qui vivent au quotidien avec les personnes de la rue et ça se passe très bien. Le tout est de bien établir les règles de vie et d'intervention. »
Il pointe du doigt la limite du geste compassionnel :
« La générosité va s'arrêter à un moment donné. Comment dire à une personne : “Maintenant, je ne t'accueille plus ? Tu retournes à la rue.” Au bout d'un moment, le geste compassionnel s'arrête. Et on le voit bien : aux périodes de vacances ou aux beaux jours, tout retombe comme un soufflet. »
Christophe Louis évoque « des cas de bénévoles qui accueillaient des gens chez eux et qui nous appelaient au secours après » :
« Il y a des personnes qui sont en situation difficile, ça ne se gère pas comme ça au quotidien. Il faut avoir un savoir-faire et une certaine connaissance pour ne pas s'enfermer dans des choses qui soient dangereuses pour les deux personnes. »
Des problèmes mentaux, d'addiction...
Les travailleurs sociaux évoquent aussi le « danger », « l'inconscience » qui peuvent accompagner une telle initiative. Selon l'enquête Samenta, un tiers des sans-abri franciliens souffrent de troubles psychotiques, ou présentent au moins une addiction à l'alcool, à une drogue ou à un médicament.
Brann s'emporte :
« Des organismes nous critiquent. Je me suis engueulé hier avec un travailleur social d'Emmaüs. Ils disent que la plupart des gens à la rue sont des psychotiques qui ont des problèmes de maladies mentales ou d'alcool. Mais la plupart des gens à la rue ont juste des problèmes d'argent. Ils n'arrivent pas à payer leur loyer et dorment dans des bagnoles. »
Brann réfléchit :
« Est-ce qu'il faudra culpabiliser et tout arrêter parce qu'un type pourrait mal se comporter avec une famille ? »
« Moi, je veux voir si ça marche », tranche Cédric, qui vient d'être contacté par une grosse association pour envisager un soutien logistique.
Dans la bouche de Brann, une question revient, obsessionnelle :
« Des gens crèvent de froid. Qu'est-ce qu'on fait ? »
« Si chacun écrit à son maire... »
Pour Christophe Louis, la réponse reste politique :
« Il faut plutôt se battre pour que les gens aient un chez soi digne et correct, que d'essayer de pallier de cette manière-là au manque de volonté de l'Etat.
Tant qu'il n'y aura pas une prise de conscience générale, rien ne bougera. En revanche, si chacun écrit à son maire et à son député en disant qu'il n'accepte pas qu'une ville comme la sienne n'applique pas les quotas de logements sociaux de la loi SRU et laisse les gens à la rue, là, on obtiendra quelque chose.
Je prends toujours l'exemple des radars : quand il a été question d'enlever les avertisseurs de radars, il y a eu des tôlés. Des courriers ont été envoyés à tous les députés par des automobilistes qui disaient “ je ne tolère pas ça et vous n'aurez pas ma voix”.
Ces gens ont fait changer la loi. Je crois vraiment que si on veut changer le problème des sans-abri, il faut que ça devienne une question prioritaire des citoyens pour que le politique s'en empare complètement. »
Brann acquiesce. Il ajoute : « Mais en attendant, qu'est-ce qu'on fait ? »
Il insiste sur la modestie de la démarche du 115 du particulier :
« Nous, on parle juste de mettre les gens à l'abri. »
Brann refuse de faire de la politique, mais rumine la promesse faite par Nicolas Sarkozy en 2006 :
« Je veux, si je suis élu Président de la république, que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir. »
Le 115, « une belle fumisterie »
Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement estime à 133 000 le nombre de personnes sans domicile fixe en France, et à 685 000 le nombre de personnes privées de domicile personnel (accueillies en résidences sociales, vivant dans des abris de fortunes ou en chambres d'hôtels).
En octobre 2010, le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu affirmait que « l'objectif de zéro demande de mise à l'abri par manque de place serait en vigueur pendant toutes les périodes de grand froid ».
Christophe Louis s'indigne :
« On nous dit qu'il y a zéro DNP [demande non pourvue, ndlr] au 115, mais je l'ai constaté encore hier, en maraude : on demande aux gens d'appeler et de rappeler sans cesse. C'est une belle fumisterie. »
« Beaucoup de gens appellent sans obtenir de permanencier », poursuit un responsable d'accueil.
« Si la ligne est occupée, quelle demande vous recevez ? »
Dans son accueil de jour, Yvette a des échanges quotidiens avec le 115 :
« Une permanencière me confiait récemment qu'ils avaient 300 signalements par jour à Paris. Ils ne peuvent pas trouver 300 places comme ça… Et ça n'est pas considéré comme des demandes non pourvues. »
En juillet dernier, Xavier Emmanuelli démissionnait du Samu social et confiait à Charlie Hebdo :
« Le budget alloué au Samu social (financé à 92% par l'Etat) a été ramené à 90 millions d'euros cette année contre 110 millions en 2010. [...] Beaucoup de personnes risquent de se retrouver sur le carreau, alors que la situation de l'hébergement d'urgence en Ile-de-France est dramatique : à Paris, chaque soir, 150 à 200 personnes ou familles appelant le 115, le numéro d'urgence du Samu social, ne se voient pas proposer de solution à leur problème faute de places disponibles. »
La gaffe de Nora Berra
Comme l'asso Toit à moi ou Action froid, créée ce 2 février sur Facebook pour organiser des maraudes de citoyens, le 115 du particulier met le doigt sur une tendance générale.
Le désengagement de l'Etat, les coupes budgétaires et la dégradation de conditions de vie à la rue sont de plus en plus amortis par les réseaux de solidarité privés.
Dernièrement, Benoist Apparu demandait aux préfets de région de garantir des hébergements d'urgence 24 heures sur 24.
« On s'est réjoui », commente-t-on dans un accueil de jour parisien.
« Mais c'était un effet d'annonce. Nos sans-abri, à 8 heures, ils sont toujours dehors. »
« Alors qu'est-ce qu'on fait ? » martèle Brann.
Amer, il évoque la gaffe de Nora Berra, ce 6 février. La secrétaire d'Etat chargée de la Santé a donné sur son blog ses « recommandations face au froid » et exhorté les personnes sans-abri à « éviter de sortir de chez eux ». (Le terme « sans-abri » a depuis été retiré du blog.)
Cette nuit, il fait - 10° C. Francis dort au deuxième sous-sol d'un immeuble parisien.
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