Comment pratiquer dans la nature
J’ai vu de vieux moines faire tudong dans la forêt [voyager en recherchant des endroits propices à la méditation] mais je ne sais pas pourquoi ils le font. Ils portent un grand parapluie ou krot qui leur sert de tente. Les vieux moines n’aiment pas les petits parapluies comme les jeunes, vous savez. Ils aiment transporter de grands krots. Le matin, dès que le soleil se lève, ils les replient. Ils ne peuvent pas les utiliser pour se protéger du soleil dans la journée car le krot ne tient pas ouvert sous la pression du vent. Alors ils le portent sur l’épaule toute la journée en marchant sous le soleil brûlant. Le soir venu, ils l’ouvrent à nouveau – je me demande pourquoi puisqu’il n’y a plus de soleil – et, le lendemain, au réveil, ils le replient encore et repartent chargés sous le soleil.
J’ai fait la même chose, moi aussi, jusqu’à en avoir assez de cette pratique. Je suis parti faire tudong mais je n’ai fait que souffrir dans la jungle jusqu’à comprendre que ce n’était pas le but. Alors, j’ai cherché à sortir de la jungle et c’est ainsi que je suis devenu un « moine qui cherche à sortir de la jungle ». [Jeu de mots en thaï entre tudong, la pratique consistant à errer et méditer dans la forêt ; thukdong, souffrir dans la jungle ; et thaludong, chercher à sortir de la jungle.]
En réalité, si le Bouddha nous a appris à rechercher la proximité de la nature, c’est pour que nous trouvions la sagesse. Nous devons avoir l’occasion d’être face à la souffrance, face à la réalité de la souffrance, pour la voir et la comprendre. Et puis un jour, on finit par en avoir assez de ce qui cause la souffrance. Ce n’est pas qu’aller dans la nature ne soit pas une bonne chose ; c’est une bonne chose, au contraire, car cela finit par éveiller la sagesse.
Puisque nous parlons de la pratique de tudong, je voudrais souligner qu’il ne s’agit pas de se contenter d’enfiler son bol et sa tente-parapluie sur l’épaule, et de s’exposer au soleil et à la pluie jusqu’à épuisement, à la manière des fermiers qui vont vendre leurs buffles dans les plaines centrales. Tudong est une forme de pratique. Il s’agit d’apprendre à se contenter de peu, d’apprendre à modérer son appétit, à modérer son sommeil.
Observez ici et maintenant
Inutile de regarder ailleurs, inutile de lire beaucoup de livres. Observez votre propre esprit, c’est là que se trouvent les principes de base. Ainsi vous pourrez méditer sans vous laisser piéger.
Si les gens vous parlent d’une manière qui irrite vos oreilles, qui vous met en colère, dites-vous : « Il n’y a rien de sûr. Tout change. » Si vous mangez quelque chose de délicieux et que vous vous dites : « Mm… c’est vraiment bon », rappelez-vous qu’il n’y a rien de sûr. Quoi qu’il vous arrive, dites-vous : « Ce n’est pas sûr ». Pourquoi ? Parce que c’est là que se trouve le Dhamma.
Si vous voyez vraiment l’impermanence, vous voyez le Dhamma. Et pourquoi ne le verriez-vous pas ? Après tout, c’est là que se trouve la vérité. Si vous voyez le Dhamma, vous voyez le Bouddha et inversement : si vous voyez le Bouddha, vous voyez le Dhamma. Quand vous voyez les choses ainsi, vous pouvez vivre absolument n’importe où. Quand vous êtes assis, le Bouddha vous donne un enseignement ; quand vous êtes allongé, il vous donne un enseignement ; quoi que vous fassiez, il vous enseigne. Le Dhamma apparaît et le Dhamma veille sur ceux qui le pratiquent pour qu’ils ne prennent pas un mauvais chemin.
Quand le Dhamma est aux commandes, l’esprit est toujours conscient de ce qui se passe. Il sait ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Il reconnaît la souffrance, la cause de la souffrance, ce qui permet de mettre fin à la souffrance et la pratique qui met effectivement fin à la souffrance. C’est la voie. Tout se retrouve dans la voie. Tandis que vous renforcez la voie, vos pollutions mentales faiblissent. Ces pollutions sont comme une armée, vous savez. Si elles augmentent, la voie faiblit ; si la voie se renforce, les pollutions disparaissent peu à peu, leur force diminue et vous ne gardez plus que ce qui est juste et bon. Ce qui est mauvais est abandonné, complètement abandonné et la voie erronée arrive à son terme.
C’est à ce moment-là que la voie juste est bien établie et que vous pouvez vivre où vous voulez. A partir de là, gagner ou perdre revient au même, il n’y a plus de problème. L’esprit est en paix grâce au discernement, à la sagesse. Quand on voit les choses ainsi, on ne se fixe pas sur ceci ou cela. Si quelqu’un vous propose d’échanger une chose contre une autre, vous n’y attachez aucune importance. C’est à ce moment-là que vous trouvez la véritable certitude. Souvenez-vous bien de cela.
C’est comme connaître des fruits : voilà une olive ; voilà une goyave ; voilà une mangue. Une fois que vous savez les reconnaître, on pourra les mélanger sur un plateau puis les prendre l’un après l’autre et vous demander de les identifier, vous répondrez facilement. On pourrait continuer à vous poser la question à propos d’une centaine ou d’un millier de plateaux de fruits, vous ne vous tromperez jamais : vous voyez une mangue comme une mangue, une olive comme une olive ; vous voyez chaque fruit pour ce qu’il est. Voilà quand les choses sont sûres, quand personne ne peut vous tromper. Vous ne pouvez pas vous éloigner de la voie car tout ce qui habite l’esprit est la voie juste. Quand vous êtes assis, vous avez la vision juste ; quand vous marchez, vous avez la vision juste ; quand vous êtes allongé, vous avez la vision juste. L’esprit est toujours semblable à lui-même, tel qu’il est : détendu, en paix.
Ce genre de chose est difficile à décrire. Le niveau de dhamma le plus élevé n’est pas le plaisir mais la paix parce que la paix ne peut plus être perturbée par le plaisir ou la douleur ; elle est vacuité, elle n’est fixée à rien, attachée à rien ; où que vous alliez, elle demeure ainsi.
Par exemple, si la mauvaise humeur de quelqu’un se retourne contre vous et qu’il s’écrie : « Vous savez, vous êtes un vrai chien ! », vous restez calme. Une fois que vous êtes sûr de vous, c’est ainsi que cela se passe. Par contre, si on vous traite de chien et que vous devenez vraiment un chien en réagissant férocement, cela montre que vous n’êtes pas sûr de vous. Vous n’êtes pas sûr. Une fois que vous serez sûr, vous ne serez rien du tout. Pourquoi voudriez-vous être quoi que ce soit ? Monsieur Ceci, Monsieur Cela, Madame Unetelle : vous n’avez pas toujours porté ce nom ; on vous l’a donné il n’y a pas si longtemps. Si les gens disent que vous êtes quelqu’un, y a-t-il de quoi se réjouir ? S’ils vous traitent de chien, y a-t-il de quoi se fâcher ? N’est-ce pas signe que vous êtes mal engagé ?
Nous continuons donc à observer, à regarder les choses de près, jusqu’à ce que nous les voyions de manière juste, encore et encore. On voit juste quand on est assis, juste quand on est allongé ; quoi que l’on fasse, c’est juste et ça reste juste. Mais si vous commencez à vous chamailler à propos du Dhamma, vous ne pourrez pas échapper à la souffrance. C’est comme un morceau de métal incandescent où on ne trouve pas le moindre endroit froid : si on le touche par-dessus, il est brûlant ; si on le touche par-dessous, il est brûlant ; si on le touche sur les côtés, il est brûlant. Pourquoi ? Parce que l’ensemble est un morceau de métal incandescent. Où donc pourrait-il être froid ?
Il en va de même ici : quand vous vous saisissez de quelque chose, de quoi que ce soit, vous êtes aussitôt dans l’erreur. Tout est erreur, tout est souffrance. Si vous vous saisissez de ce qui est mauvais, vous souffrez ; si vous vous saisissez de ce qui est bon, vous souffrez.
Le plus souvent, ce sont les bonnes choses qui trompent le plus les gens. Ils sont trompés par ce qui est bon. Quand le bon n’est pas parfaitement juste, il n’est pas bon, vous savez. Vous avez vu ce qui s’est passé pendant la saison des pluies, cette année ? Il y avait tellement de bonnes pluies, qu’elles ont été plus que bonnes : elles ont inondé les habitations ! Voilà ce qui se passe quand le bon n’est pas parfaitement juste.
Le Bouddha nous a appris à être intelligents. « Si ça descend, saute par-dessus. Si ça monte, glisse-toi dessous. Perce le trou juste dans l’alignement de la cheville. » Emportez ces principes avec vous. Concentrez-vous juste là et le problème ne vous quittera pas. C’est l’authentique vérité. Ne vous concentrez pas sur le fait d’être jeune ou vieux, sur le nombre de jours et de nuits qui se sont écoulés ou sur le jour de la semaine que nous sommes. Continuez simplement à travailler sur votre esprit de cette manière.
Quand vous pratiquez, ne croyez pas que vous êtes obligé de vous assoir pour être en méditation, que vous êtes obligé de marcher de long en large pour être en méditation. Ne pensez pas ainsi ! La méditation est seulement une question de pratique. Que vous donniez un sermon, que vous soyez assis à écouter ou que vous partiez d’ici, maintenez la pratique dans votre cœur. Soyez vigilant à ce qui est correct et ce qui ne l’est pas.
Ne décidez pas qu’il est bien d’observer quelques pratiques ascétiques pendant la retraite des pluies et de les arrêter à la fin de la retraite. Ce n’est pas bien. Ce n’est pas ainsi que les choses s’équilibrent. C’est comme quelqu’un qui voudrait préparer un champ : il se donne beaucoup du mal pour faucher les mauvaises herbes pendant des heures et des heures et, quand il est fatigué, il s’arrête pour se reposer ; il pose sa binette… et revient un ou deux mois plus tard ! Entre-temps, les mauvaises herbes ont repoussé très haut et s’il faut encore désherber ce que l’on avait déjà fait la dernière fois, ce sera trop de travail.
Ajahn Mun a dit un jour que notre pratique doit avoir la forme d’un cercle. Un cercle n’a pas de fin et la pratique doit se poursuivre ainsi, sans arrêt, en continu. Je l’ai écouté et je me suis dit : « Quand j’aurai fini d’écouter cet enseignement, que vais-je faire ? » La réponse est : rendre l’esprit akaliko, intemporel, hors du temps. Assurez-vous que l’esprit sache bien et voie clairement, à tout moment, ce qui est correct et ce qui ne l’est pas.
C’est comme l’eau dans cette bouilloire. Si vous la penchez un tout petit peu, les gouttes tombent lentement l’une après l’autre : plop… plop… – ce seront des gouttes d’eau. Si vous la penchez un peu plus, les gouttes seront plus rapprochées : plop-plop-plop. Si vous penchez encore plus, l’eau s’écoulera en un flux. D’où vient ce flux ? Il vient des gouttes d’eau qui, si elles ne sont pas continues, demeurent des gouttes.
L’eau ici, est comparable à notre qualité d’attention. Si vous augmentez vos efforts, si votre attention est continue, votre présence consciente sera pleine et entière. De jour comme de nuit, elle demeurera pleine et entière. Elle sera devenue un flux. Comme on nous l’enseigne, les nobles êtres ont une attention soutenue en permanence. Faites en sorte que votre attention demeure continue. Dès lors, si quelque chose ne va pas, d’une manière ou d’une autre, vous le saurez immédiatement. Votre attention tournera en boucle, elle sera présente partout. Telle est la direction de la pratique.
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