TENNYI LINGPA - Chemins Spirituels - Tourner son esprit : L'impermanence et la mort.

TENNYI LINGPA - Chemins Spirituels - Tourner son esprit : L'impermanence et la mort.

par Bouddha Bouddhisme Enseignements, dimanche 25 septembre 2011, 15:47 ·



Méditation



Imaginons-nous dans un lieu inconnu, ignorant d'où nous venons et où nous allons. C'est une vallée lugubre orientée vers le nord ; le sol noir est jonché de ruines rougeâtres ; on ne voit aucune trace de présence humaine, mais on entend le fracas assourdissant d'une cascade dévalant la montagne rocailleuse et sombre ; d'instables éboulis déchirent les pentes où le vent hurle dans les herbes folles, tandis que des fauves se disputent des cadavres qu'ils déchiquètent ; le glapissement des chacals se mêle au croassement des corbeaux et au ululement des chouettes ; les cimes rocheuses hachent le ciel, le vent siffle, le soleil est sur le point de disparaitre derrière les monts, et les ombres s'obscurcissent.



Désemparé, je me mets à marcher, mais aussitôt trébuche et tombe dans un ravin. Au cours de ma chute, je parviens à saisir de la main droite une grosse touffe d'herbe qui dépasse du rocher. Suspendu dans le vide, tremblant, je m'y agrippe avec l'énergie du désespoir. En contrebas, je ne vois qu'un gouffre sans fond et, au-dessus, il n'y a que l'immense falaise, lisse comme un miroir, qui s'élance jusqu'au ciel. Le vent cingle mes oreilles. À droite de la touffe d'herbe, une souris blanche surgit d'une fissure de la paroi et sectionne un brin d'herbe qu'elle emporte aussitôt. Sur la gauche apparaît une souris noire qui, elle aussi, tranche un brin d'herbe avant de disparaitre. Les deux souris recommencent leur manège, chacune à son tour, et la touffe d'herbe s'amenuise peu à peu (la souris blanche et la souris noire représentent l'alternance des jours et des nuits au cours de laquelle s'épuise notre vie).



Sans aucun moyen de les en empêcher, terrifié à l'idée de mourir, je me lamente : "Hélas ! Ma dernière heure est arrivée. " Il n'y a personne pour entendre mes appels au secours. " Auparavant, je ne pensais pas que je devais mourir et j'ai négligé de pratiquer l'enseignement du Dharma. Je ne m'imaginais pas rencontrer la mort aussi vite, et la voici soudain devant moi. Je ne reverrai plus mes enfants, mes amis, mes biens ni mon pays. Ne pensant qu'à amasser des richesses, je ne me suis pas soucié de cultiver le bien, et maintenant je dois tout laisser et partir seul pour une destination inconnue. C'est terrifiant ! Comment échapper à mon sort tragique ? Est-ce que j'ai la moindre chance de m'en sortir ?



C'est alors que mon maître spirituel apparaît dans le ciel. Assis sur un lotus et un disque de lune, paré des six ornements d'os, faisant tinter sa cloche et jouant de son petit tambour (ces objets ne sont que des symboles rappelant de façon visuelle au disciple certaines qualités : le lotus qui s'enracinent dans la vase mais dont la fleur émerge au-dessus de l'eau symbolise le fait d'être présent dans le monde ordinaire sans être affecté par les défauts de celui-ci ; le disque de lune représente la compassion ; les six ornements d'os, les six vertus transcendantes ; la cloche, la sagesse ; le petit tambour, la grande félicité), il dans, majestueux, dans l'espace.



" Malheureux ! S'exclame-t-il. Soumis à l'impermanence de toute chose, tu vas bientôt disparaître. Les saisons passent, et tous les êtres, amis comme ennemis, vieillissent et finissent par mourir. Même la jeunesse décline, un peu plus chaque jour, un peu plus chaque mois. Il n'y a aucun moyen de repousser la mort, mais si tu crois pouvoir t'en sortir, vois d'abord dans quelle situation tu es, et sur-le-champ, sans tarder, écoute avec respect les paroles de ton maître en cultivant à son égard une fervente dévotion. "



À ces mots, je m'écrie : " Hélas ! Je suis déjà au seuil de la mort, et je regrette amèrement de ne pas avoir entraîné mon esprit. Que je meure ou que je survive, je m'en remets entièrement au maître et aux Trois Joyaux. Eux qui sont compatissants, puissent-ils me libérer de l'abîme du cercle des existences ! Ô maître, vous qui incarnez à vous seul les Trois Joyaux, je me remets entre vos mains ! "



Pendant que vous invoquez ainsi votre maître du tréfond de vous-même et avec une intense dévotion, du coeur de celui-ci jaillit un rayon de lumière qui touche votre propre coeur au moment même où la touffe d'herbe à laquelle était suspendue votre vie finit par céder. Ce rayon vous tire du précipice et vous vous retrouvez dans le champ pur de la Grande Félicité. De votre coeur émanent d'infinis rayons de lumière qui guident vers cette même terre pure tous les êtres des trois sphères du samsara, sans oublier aucun. Méditez ainsi en cultivant une intense compassion.



TENNYI LINGPA (1480-1535)



Padma Tsewang Gyalpo ou Tennyi Lingpa était une incarnation de la fille de Trisong Detsen, Pemasal Lhacham, qui a également réalisé la bénédiction du grand maître de Vairochana. Suite à diverses prédictions, il a trouvé de nombreux trésors (termas) à divers endroits où Padmasambhava et ses disciples avaient enseigné et vécu et à des endroits tels que Chung Riwoche, construit par Thangthong Gyalpo et associé aux Trésors du Nord et Paro Taksang (Den Tigre de Padmasambhava à Paro, Bhoutan).



Sa grande contribution aux Trésors du Nord a été la découverte d'un texte initialement révélée par Rigzen Godem mais dont la révélation fût cachée à un moment ultérieur. Ce texte sur Dorje Pagmo a été trouvé devant une grande foule de gens à Riwo Palbar.