LE CALME INTERIEUR: créer des temps calmes

« S’arrêter quelques minutes, laisser filer un peu de temps […] histoire de tenir le stress à distance et de reprendre la main. Tout cela n’est pas pour autant une « non-activité ». quand on n’est plus dans le « faire », on conçoit des espaces d’imagination. En bref, on est plus intelligent. »
Laurent Schmitt
 
 
 
Témoignage


« Je suis étudiante en droit. Je reconnais avoir un mal fou à me concentrer.
D’abord, l’ordinateur, que je trimbale partout, même en cours pour prendre des notes, est une fenêtre ouverte sur le monde qui me permet de m’évader à la moindre occasion, à la moindre seconde d’ennui, ou simplement quand le cours devient plus difficile à suivre. Sortie de là, je consulte mes mails, repense à mes cours à tout moment. Bref, je suis toujours entre deux eaux, et toujours plus ou moins sous pression, du coup.
Par ailleurs, je me sens débordée : j’ai toujours du mal à rendre une évaluation dans le temps imparti, je cours de mon petit job dans une librairie de quartier à la fac, et inversement. J’ai réellement l’impression que, depuis que j’ai commencé mes études, alors que le vie d’étudiant, selon la légende, est une vie où l’on a le temps, moi, je n’ai le temps de rien ! Je suis sans cesse tiraillée entre toutes mes activités sans pouvoir me consacrer à une seule correctement, mais surtout, j’ai la nette impression de passer ma vie à accomplir les tâches que l’on me demande en répondant à des contraintes extérieures. Je suis ballottée d’une exigence à l’autre sans jamais réellement prendre de temps pour moi, pour m’adonner à une activité gratuite, une activité que j’aimerais faire. Je souffre de ce manque de structuration du temps. En avoir un peu pour moi, pas forcément pour rien faire, mais pour faire ce que j’aime, m’aiderait, j’en suis sûre, à accomplir tout le reste. »
Anne-Charlotte, 23 ans
 


 
Un peu de théorie


 
Briser la ligne du temps


« Faire un break », « prendre une pause » : il s’agit de refuser, pendant un moment déterminé, les pressions qui empêchent le calme intérieur. Il ne s’agit pas de lutter, encore une fois, contre ces pressions, ce qui nécessiterait un effort encore gênant pour trouver le calme, la force n’étant jamais la manière d’y accéder. Créer des temps calmes, c’est prévoir une situation, calme par nature, et qui nous aide ainsi à faire le calme intérieur. Il s’agit, en provoquant du calme dans notre emploi du temps, d’en créer dans notre esprit. Cela peut prendre diverses formes : la première, la plus évidente, est de se choisir un moment pour faire ce que l’on aime, hors de toute contrainte. Aller courir, aller voir un film au cinéma, déjeuner seul avec un journal à la terrasse d’un café, simplement parce que l’on en a envie. C’est un rendez-vous avec soi-même, que l’on ne doit pas attendre, car il ne se présentera pas de lui-même dans nos emplois du temps surchargés. Pourquoi ne pas le noter dans son agenda ? Notre dentiste a ce privilège d’y être inscrit, alors pourquoi pas nous-même ? Pour les plus familiers du calme, ce temps peut être consacré à ne rien faire. Comme de ne penser « à rien », il est plus difficile de ne rien faire que de faire quelque chose.
Dans tous les cas, quelle que soit la manière dont nous faisons notre pause, il s’agit de se rendre maître du temps, d’inverser le rapport de pouvoir entre lui et nous. Et nous sommes toujours plus heureux de décider !

 
 
Ecouter son rythme intime


Depuis le jour de notre naissance, ou presque, comme le dit le psychologue Laurent Schmitt, notre rythme doit se plier à des contraintes extérieures : celui de notre mère, de nos parents, pour « faire nos nuits ». Puis, l’école décide pour nous, pour plus de commodités, d’enseigner toute la journée, alors que, par ailleurs, tout le monde connaît l’importance des rythmes de vigilance pour l’apprentissage. Et ainsi de suite … Nous ne décidons jamais vraiment, c’est souvent le temps qui décide pour nous.
Il faut relâcher cette pression que le temps exerce sur nous en créant des moments de calme, des moments où aucune pression extérieure ne peut venir empêcher notre calme intérieur. Pour conquérir une part de calme intérieur, il est important de se connaître, d’identifier les facteurs nous y aidant et ceux qui nous empêchent d’y accéder. Il faut se poser les bonnes questions : suis-je plutôt du matin ou du soir ? Ai-je besoin de faire une sieste, si courte soit-elle, pour repartir d’un bon pied l’après midi ? Suis-je plutôt lent, rapide, et dans quelles activités ?
Penser à soi, se prendre en considération soi-même, dessiner des propres contours indéniablement à reconquérir l’estime de soi. Et cette estime est indispensable pour trouver le calme intérieur : elle permet de connaître sa propre place dans le monde, de l’affirmer, d’exister pleinement et de ne subir aucun questionnement ni doute (des pensées parasites, toujours elles !) pouvant empêcher le calme intérieur.
 
 
L’extérieur influence l’intérieur … et inversement


Pourquoi créer des temps calmes pour faire le calme en soi ? Simplement parce qu’il est plus facile de procéder ainsi pour commencer. Bien sûr, par la suite, il sera possible de faire le calme en soi malgré le brouhaha et l’urgence extérieurs. Mais les temps calmes permettent de mettre toutes les chances de notre côté, simplement. En effet, l’intérieur et l’extérieur, notre esprit et son environnement, communiquent facilement, et communiqueront encore plus facilement si nous y exerçons notre esprit. Si l’on crée des circonstances apaisantes, on s’épargne le premier effort, celui de faire abstraction du monde autour de nous. On peut même s’inspirer du calme extérieur pour le faire en soi. Regarder un paysage apaisant, écouter une musique qui nous évoque le calme … L’essentiel est de laisser communiquer librement notre espace intérieur et l’extérieur, de s’ouvrir aux conditions du calme. Ainsi, nous ne luttons plus contre notre environnement, nous l’embrassons et nous en faisons même partie ! Plus notre environnement calme a de prise sur nous, plus nous atteindrons le calme facilement.
Enfin, il faut savoir que l’influence de notre esprit sur l’extérieur existe également. Si notre attitude est calme, cela aura pour effet, par imitation, de calmer les autres. Avez-vous remarqué comme nous adaptons notre manière de parler, le ton adopté autant que notre volume sonore, selon notre interlocuteur ? Si vous êtes apaisé, les autres le seront plus facilement !



 
A retenir :
 
Devenir maître de son emploi du temps
Pour pouvoir conquérir le calme intérieur, il est important de ne jamais se laisser entraîner par la fuite du temps. Il faut renverser le rapport entre le temps et nous et décider de ce que nous faisons, au moment où nous le faisons. C’est la seule manière de vivre pleinement son existence sans frustrations, ni problèmes de disponibilité.


 
Se connaître et connaître son rythme
Les temps calmes que nous aménageons pour nous-même se placent dans notre vie en fonction de ce que nous sommes : un oiseau de nuit, un lève-tôt ? Nous choisirons notre rendez-vous avec le calme en fonction de cela. Ce choix permet de s’affirmer dans la ligne du temps, d’exister avec ses propres caractéristiques et de se retrouver au meilleur moment.


 
Le cercle vertueux des temps calmes
S’aménager des temps calmes nous permet de goûter la vie comme nous l’entendons. C’est un temps qui n’est pas forcément réservé à ne rien faire, mais à faire ce que nous aimons. Plus nous pratiquons ces temps calmes, plus il nous sera facile d’atteindre le calme intérieur, et plus il nous sera naturel de souhaiter les recréer régulièrement.








SOURCES: La méditation - trimestriel n°6 (Mai, Juin, Juillet 2013)