"La vitrine du narcissisme"-Matthieu Ricard publie un nouveau livre "Plaidoyer pour l'altruisme - La force de la bienveillance"

tribunes

Jeudi 26 septembre 2013 
"La vitrine du narcissisme"
Matthieu Ricard publie un nouveau livre "Plaidoyer pour l'altruisme - La force de la bienveillance", aux éditions du Nil. Voici sa lecture des réseaux sociaux. À lire par tous les égos du net.

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"Notre existence, et même notre survie, dépend étroitement de notre capacité à construire des relations mutuellement bénéfiques avec les autres. Les êtres humains ont un profond besoin de se sentir reliés, de faire confiance et de jouir de la confiance d'autrui, d'aimer et d'être aimés en retour".
(...) En dépit des avantages évidents engendrés par les liens sociaux, nous vivons dans un monde où l'individu est de plus en plus isolé et méfiant. Les bouleversements technologiques, économiques, sociaux ont entraîné un affaiblissement du lien social, ainsi qu'une érosion de la confiance mutuelle".
(...) Les réseaux sociaux sur Internet offrent aux citoyens du monde un potentiel sans précédent de se rassembler, de rester en contact avec leurs amis, d'échapper au contrôle des régimes dictatoriaux ou d'unir leurs efforts pour une noble cause. Mais ces réseaux sont aussi devenus une vitrine du narcissisme permettant à chacu d'attirer un maximum d'attention sur soi. La devise de YouTube est Broadcast Yourself (Diffusez-vous). Un autre réseau social très populaire porte le nom de MySpace (Mon espace). Aux Etats-Unis, certaines pages de Facebook s'ouvrent sur un logo "I love me". Un jeune Américain de treize ans a déclaré : "Tout adolescent qui prétend être sur MySpace pour parler avec ses amis est un menteur. C'est uniquement un moyen de s'exhiber". Un autre étudiant estime que "Facebook peut devenir un abime d'amour-propre qui vous consume entièrement". Ces réseaux sociaux deviennent aussi un moyen de traîner les autres dans la boue.
La psychologue Brittany Gentile et ses collègues de l'université de Géorgie se sont demandé si les réseaux sociaux de type MySpace se contentaient d'attirer les personnalités narcissiques ou si, pi encore, ils induisaient des tendances narcissiques (...). Ils ne furent pas entièrement surpris de constater que 75% des étudiants qui avaient passé ne serait-ce que trente-cinq minutes sur MySpace avaient atteint un taux de narcissisme supérieur à la moyenne de ceux qui avait passé le même temps du Google Maps. Certains disaient même : "J'aime être le centre d'attention", ou "Tout le monde aime entendre mes histoires", ou encore "Je suis un leader né".
Selon Christophe André, dans les sociétés traditionnelles où tout le monde se connaissait et où tout le monde avait sa place (qu'il en soit ou non satisfait), il n'étit guère utile d'essayer de projeter une quelconque image de soi-même. Tout ce que l'on risquait, c'était d'être ridicule. Mais, de nos jours, on a constamment affaire à des inconnus qui ignorent tout de notre identité, de nos qualités et de nos défauts. Il est donc tentant, souvent utile, d'afficher de manière plus ostentatoire l'image de soi-même que l'on aimerait voir reconnue par ceux qui nous entourent.
(...) D'après le sociologue américain Sherry Turkle, les médias dits "sociaux" constituent en fait pour l'individu le moyen d'être seul tout en étant connecté à beaucoup de monde. Un jeune homme de seize ans, grand utilisateur de textos, remarquait avec un certain regret : "Un jour, un jour, mais sûrement pas maintenant, j'aimerais apprendre comment avoir une conversation".
 

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Chercheur en génétique cellulaire, Matthieu Ricard a embrassé le bouddhisme voici 40 ans. Interprète français du Dalaï-lama, il en est aujourd'hui l'un des spécialistes mondiaux.
Internationalement reconnu, il vit dans un monastère du Népal où il se consacre à des projets humanitaires de l'association Karuna-Schechen.

Très bonne réflexion .

Merci beaucoup