merci
Bön Détail de
la roue de la vie dans la tradition bön
Monastère bön de Khyungpori Tsedruk au Nord du Tibet
Pierre de mani-bön avec le mantra om ma tri mu ye sa le du
Pour les articles homonymes, voir
Bon.
Le terme
bön (prononcer
beun), désigne 3 phénomènes religieux
tibétains, selon le
tibétologue norvégien
Per Kværne.
Tout d'abord c'est une
religion tibétaine préexistante au
bouddhisme et qui est supplantée par celui-ci au VIII
e siècle et IX
e siècle. La deuxième signification concerne une religion qui apparait au Tibet au X
e siècle - XI
e siècle, à cette époque le bouddhisme, après une période de décadence, se propageait à partir de l'
Inde pour devenir, la foi dominante. Jusqu'à aujourd'hui le bön a continué à
exister comme religion minoritaire. Enfin le terme bön est souvent
employé pour désigner les croyances populaires, souvent mal définies,
qui ne sont pas d'origine bouddhique et qui sont communes chez les
bönpos et les bouddhistes
1.
De l’ensemble des pratiques
animistes et
chamanistes constituant le premier bön
[réf. nécessaire] (shes-pa bcu-gnyis) s’est dégagée au
XIe siècle une religion structurée, le
bön éternel (yung-drung bon), présentant des similitudes avec le
bouddhisme tibétain (particulièrement
Nyingmapa),
qui a lui-même beaucoup emprunté au fond chamaniste local. Les
pratiquants du yungdrung bön soutiennent pour leur part que son
apparition précède celle du lamaïsme. Au
XIVe siècle, la branche dite
nouveau bön (bon-gsar) s’est rapprochée encore plus étroitement du bouddhisme afin d’échapper à la discrimination.
Dominé pendant plusieurs siècles par le lamaïsme et parfois même
persécuté, le bön est un peu mieux connu internationalement depuis
l’implantation hors du Tibet de communautés monastiques ayant fui
l’invasion chinoise. Ses textes et traditions font l’objet de nombreuses
recherches. Il a été reconnu comme cinquième tradition religieuse
tibétaine par le
14e Dalaï lama.
Origines[modifier]L’origine et la nature exactes des traditions du premier bön, au
nombre de douze selon l’opinion commune, n’a pas encore été établie. On
pense néanmoins en retrouver des traces dans les écrits bönpo et
certaines pratiques et croyances :
oracles lhapa ou
sungma (srung-ma) résidant dans les temples, rituels
la-guk (bla 'gug) de rappel de l’âme, états altérés de conscience et guidage durant le
bardo,
période qui s’étend de la mort à la renaissance. Les chercheurs se
penchent également sur le chamanisme contemporain chez les Tibétains et
les peuples voisins.
En ce qui concerne le yungdrung bön, forme proche du bouddhisme tantrique apparue au XI
e siècle, une légende détaillée relate sa transmission à partir du maître
(tongpa) originel, Tongpa Shenrab Miwoche (sTon-pa gShen-rab
mi-bo-che), qui aurait reçu l’enseignement parfait du
dzogchen directement du bouddha primordial
Kuntu Zangpo.
Ses pratiquants prétendent qu’il fut transmis plusieurs milliers
d’années avant les transmissions bouddhistes, et se développa tout
d’abord au royaume de
Zhang Zhung dans l’ouest de l’actuel Tibet.
Cette datation n’est pas retenue par les historiens, mais le Tazig où Tonpa Shenrab, prince éveillé comme le
Bouddha, serait né, est parfois identifié à la
Perse. Certains proposent donc que le
bouddhisme serait tout d’abord parvenu au Tibet occidental indépendamment de
Padmasambhava et des influences indienne et chinoise qui s'exerceront à partir du VII
e siècle.
Le fondateur du yungdrung bön[modifier]Dans les temps anciens vivaient trois frères, Dagpa, Selwa et Shepa,
qui étudiaient les doctrines bön dans un paradis nommé sipa yesang, sous
l’égide du sage Bumtri Logi Chechen. Ils lui demandèrent comment aider
le monde vivant, submergé par la misère, le chagrin et la souffrance ;
il leur conseilla de devenir guides de l’humanité durant trois ères
successives. Ainsi, le plus vieux des frères, Dagpa, acheva sa tâche
dans le monde du passé ; le second, Selwa, prit pour nom Shenrab et
devint maître et guide du monde présent ; le plus jeune, Shepa, viendra
dans le prochain âge.
Tonpa Shenrab descendit il y a 18 000 ans du ciel sidpa yesang
(srid-pa ye-sangs) sous la forme d’un oiseau au plumage multicolore et
s’incarna dans un prince né dans le palais Barpo Sogye au sud du
mont Yungdrung Gutseg.
Marié jeune et père de famille, Tonpa Shenrab renonça au monde à 31 ans
pour vivre dans l’austérité et enseigner la doctrine. Durant la majeure
partie de sa vie, ses efforts pour propager le bön furent entravés par
le démon
Khyabpa Lagring,
qu’il finit par convertir. C'est en le poursuivant pour récupérer ses
chevaux volés que Tonpa Shenrab arriva au Tibet où ce fut sa seule
visite. Il y laissa des instructions rituelles, mais jugea que le pays
n’était pas encore prêt à recevoir tous les enseignements. Avant de
partir, il prophétisa qu'ils apparaîtraient lorsque le Tibet serait mûr.
Il mourut à 82 ans.
L’Olmo Lungring comme origine spirituelle[modifier]Le bönpo soutient qu’il a pour origine la région mythique de l’Olmo
Lungring, partie du Tazig (rtag gigs) ; située à l’ouest du Tibet, elle
couvre un tiers du monde existant. “ol” symbolise ce qui n’est pas
encore né, “mo” ce qui ne peut être diminué, “lung” le pays prophétique
de Tonpa Shenrab, et “ring” la dernière compassion. Sa représentation
est un lotus à huit pétales dans un ciel symbolisé par une roue à huit
rayons. Au centre se dresse le mont Yungdrung Gutseg (pyramide des neuf
svastikas).
Yungdrung (éternel) désigne le
svastika, symbole de la permanence et de l’indestructibilité. Les neuf svastikas empilés représentent les neuf voies du bön.
A la base du mont Yungdrung Gutseg jaillissent quatre rivières
coulant dans les quatre directions. La montagne est entourée de temples,
villes et parcs. Au sud se trouve le palais Barpo Sogye, où Tonpa
Shenrab est né. A l’ouest et au nord se trouvent les palais où vivent
ses femmes et ses enfants, à l’est un temple nommé Shampo Lhatse, dédié à
la prière. L’ensemble des palais, rivières et parcs autour du mont
constitue la région intérieure (Nangling). La région intermédiaire
(Barling) est constituée de 12 cités dont 4 sont situées aux points
cardinaux. La troisième région constitue le pays extérieur (Taling). Ces
trois régions sont encerclées par un océan, puis par des montagnes
enneigées. Avant sa visite au Tibet, Tonpa Shenrab tira une flèche et
créa ainsi un passage à travers les montagnes ; l’accès à l’Olmo
Lungring se fait donc par le chemin dit de la flèche (Delam).
L’Olmo Lungring a été identifié à différentes régions selon les écoles. Certains y voient le mont
Kailash (Ti Se) avec les 4 grandes rivières qui naissent de sa base et les
quatre régions qui l'entourent : la Chine à l’est, l’Inde au sud, l’
Orgyan à l’ouest et le
Khotan au nord. D’autres pensent que sa géographie évoque celle du Moyen-Orient et de la Perse à l’époque de
Cyrus le Grand.
Pour un croyant bönpo, la question de l’identification géographique
passe après sa signification symbolique, qui est clairement prévalente,
comme pour le
mont Meru.
Les textes sacrés[modifier]Page d’un
livre des morts bönpo
On attribue trois écrits à Tonpa Shenrab. Le premier et le plus court est le
Dodus (Modèle de l’Aphorisme), le second le
Zerming (Les Yeux Percés) ; ils datent respectivement des X
e et XI
e siècles. Le troisième et plus important est le
Zhiji (Le Glorieux), révélé par transmission spirituelle à Loden Nyingpo au XIV
e siècle. Les doctrines de ces trois textes forment deux systèmes. Le
premier, appelée Gozhi Dzonga, comprend cinq parties, les quatre portes
et le trésor :
- Chabkar “les eaux blanches” : contient les pratiques ésotériques ou plus hautement tantriques.
- Chabnag “les eaux noires” : récits et rites variés, magie et rituels
ordinaires (mort, funérailles, maladie et offrandes) ; cette portion
conserve beaucoup de traces du chamanisme ancien.
- Pangul “le pays de Pan” : explique les règles monastiques et présente les concepts philosophiques.
- Ponse “le guide de la seigneurie” : contient les pratiques de la grande perfection (dzogchen), summum de l’enseignement dans le Nyingmapa également.
- Totog “le trésor” : compare les aspects essentiels des quatre portes.
Le second ensemble est appelé tegpa rimgui bon, (bön des neuf étapes
successives) ou simplement les neuf voies du bön, groupées en quatre
causes (gyuyi tegpa) et quatre résultats (drabui tegpa) suivis de la
grande perfection (dzogchen). Cette division rappelle les neuf véhicules
du nyingmapa. Les quatre premières voies présentent le plus de
différence avec le bouddhisme ; de nombreuses pratiques anciennes y sont
préservées :
- La voie du shen de la prédiction (chasen tegpa) décrit 4 différentes
voies: prédiction-sortilège (mo), astrologie (tsi), rituels (to) et
l’examen des causes (che).
- La voie du shen du monde visuel (nang shen tegpa) explique l’origine
et la nature des dieux et des démons vivant dans ce monde, les méthodes
d’exorcisme et les différentes sortes d’offrandes.
- La voie du shen de l’illusion (trulshen tegpa) contient les rites pour se débarrasser des pouvoirs adverses.
- La voie du shen de l’existence (sishen tegpa) décrit l’état après la
mort (bardo) et la méthode pour guider les vivants vers la libération
finale ou une meilleure réincarnation.
Les cinq suivantes sont très similaires à celles du nyingmapa :
- La voie des partisans Vertueux (tenyen Tegpa) guide ceux qui suivent les dix vertus et les dix perfections.
- La voie monacale (drangsgon tegpa) décrit les lois de la discipline monastique.
- La voie du son pur (akar tegpa) expose les hautes pratiques
tantriques, la théorie de la réalisation au travers des cercles
mystiques (mandalas) et les rituels de ces pratiques.
- La voie du shen vierge (yeshen yegpa) insiste sur la nécessité d’un
bon maître, lieu et occasion pour les pratiques tantriques, et décrit en
détail la position des cercles mystiques avec des instructions pour la
méditation sur des déités particulières.
- La voie suprême (lama legpa) : le plus haut accomplissement de la grande perfection (dzogchen).
Pratiques et panthéon[modifier] Pratiques[modifier]Le bön a une forte tradition monastique ; il existe néanmoins, comme
chez les nyingmapa, un clergé marié vivant au sein de la population.
Appelés
ngakpas, ils reçoivent un enseignement religieux assez
similaire à celui des moines et se consacrent plus particulièrement aux
services rituels (naissances, mariages, décès, exorcismes, guérisons
etc.), s’appuyant pour les guérisons et exorcismes sur le pouvoir des
tantras et les techniques de méditation, et non la
transe proprement dite comme les chamans (pawo ou lhapa). Les moines étudient également l’astrologie et la
médecine tibétaine traditionnelle.
Comme dans les autres courants de la religion tibétaine, les méditations bön s’aident de
yidams, divinités guides, et de leurs thangkas ou
mandalas, ainsi que des
sadhanas (sgrub thabs), textes en vers ou prose en décrivant les étapes. Parmi
les écoles de méditation, deux sont plus spécifiques à la religion bön :
- Dzogchen
(voie de la perfection), employée aussi dans le nyingmapa ; il en
existe quatre versions, la plus ancienne et importante étant la tradition orale de Zang Zhung (zhang zhung sNyan-rgyud) couchée par écrit au VIIIe siècle par Gyerphung Nangzher Lodpo, disciple de Tapihritsa.
- Chod (coupure) vise à trancher les liens avec l’égo. La pratique
consistait autrefois à se placer dans un environnement terrorisant pour
effectuer la coupure sous l’effet de la peur. C’est aussi le nom d’une
offrande symbolique du corps en nourriture aux êtres illuminés réalisée
dans le même but. Dans la religion populaire, le chod est une
pratique par laquelle le chaman absorbe les influences néfastes dans son
corps de transe qu’il laisse ensuite dévorer par les démons.
Comme dans le nyingmapa, un certain nombre de textes sacrés bönpo sont des
terma, trésors spirituels dissimulés par d’anciens maîtres et redécouverts par les
termons qui sont souvent des ngakpas ; ils sont alors considérés comme la
réincarnation d’un des disciples du maître à qui est attribué le texte. A
côté des découvertes matérielles (sa-gter), il existe des écrits
reconstitués par vision (dag-snang), audition (snyan-rgyud), ou
inspiration (dgongs-gter).
Panthéon[modifier]Comme toutes les branches de la religion tibétaine, le bön dispose
d’un panthéon impressionnant. Chaque cycle rituel a son ensemble de
déités, toutes théoriquement émanations de l'unique
tathagarbha. Elles sont classées selon deux principes.
L’un, plus spécifique au bön, distingue entre les divinités
« illuminées » hors de ce monde et les « non-illuminées » actives en ce
monde. Il refléterait une conception dualiste de l’univers comme lieu de
conflit entre forces lumineuses et obscures, que l’on entrevoit dans
les textes les plus anciens, désormais remplacée par la conception
bouddhique du dépassement des oppositions. L’autre classification
distingue les formes divines paisibles (zhi-ba), courroucées (khro-bo)
et féroces (phur-pa). D'autre part, lors des rituels "pratiques"
(mariages, guérisons etc.), les ngakpa peuvent aussi faire appel aux
trois mondes (ciel
lha, terre
nyen, eaux souterraines
lu) possédant chacun leurs divinités.
Les
bouddhas sont bien sûr présents, apparaissant parfois en groupe de mille. Comme
toutes les branches du bouddhisme, le bön reconnait l’existence des
bouddhas des trois âges (passé, présent, futur). Il existe également une
multitude de divinités mineures, dieux de la nature, démons etc.
Les quatre déités paisibles principales, ou
quatre êtres transcendants, sont :
- Kuntu Zangpo (Kun-tu bzang-po –Samantabhadra), bouddha primordial ; il est bonku (bon-sku), équivalent du dharmakaya ;
- Shenlha Odkar (gShen-lha 'od- dkar), "lumière blanche des prêtres" ; il est zogku (rdzogs-sku), équvalent du sambhogakâya et règne sur les trois mondes ;.
- Tonpa Shenrab est tulku (sprul-sku) ou tonpa, "professeur", équvalent au nirmanakâya ; il est maître de notre age ;
- Satrig Ersang (Sa-trig er-sangs), encore appelée Jamma (Byams-ma), "mère aimante", forme féminine ;
Les principales déités gardiennes (bKa-skyong) sont :
- Sidpa Gyalmo (Srid-pa'i Gyal-mo), gardienne des enseignements bönpo ;
- Midu ou Midud Jampa Trago (Mi-bdud 'byams-pa khrag-mgo), gardien du monastère de Menri ;
- Tsangod Hurpa (bTsan-rgod hur-pa) ;
Histoire[modifier]Monastère bön de
Narshi Gonpa à
Ngawa, Sichuan.
Propagation au Zhang Zhung et au Tibet[modifier]Selon la tradition, les premières écritures bön furent apportées au
Zhang Zhung par six disciples de Mucho Demdrung, successeur de Tonpa Shenrab. Elles
furent traduites en langue locale, puis en tibétain, langue dans
laquelle est rédigé le canon bön tel que nous le connaissons
actuellement. Le vocabulaire est celui du bouddhisme tantrique, à
l'exception du terme
yungdrung qui y remplace
dordjé (
vajra) et de
bôn qui prend la place de
tchô (
dharma).
Néanmoins, plusieurs textes, spécialement les plus anciens, gardent des
traces de langue zhang zhung dans leur titre et certains passages.
Jusqu’au VII
e siècle, Zhang Zhung resta un État
indépendant situé au Tibet occidental, à l’ouest des provinces U et
Tsang, s’étendant semble-t-il depuis Gilgit à l’ouest au lac Namtso à
l’est, et de
Khotan au nord au Mustang au sud. Sa capitale était Khyunglung Ngulkhar
(Palais d’Argent de la vallée Garuda) ; on pense en avoir découvert les
ruines dans la haute vallée Sutlej, au sud-ouest du Mont Kailash (
Himachal Pradesh). La langue Zhang Zhung est classée dans le groupe
tibéto-birman des
langues sino-tibétaines.
Au
VIIe siècle, le dernier roi, Ligmirgya, fut assassiné par le roi
Songtsen Gampo.
Le Zhang Zhung devint alors partie intégrante du Tibet ; il fut peu à
peu tibétanisé et sa culture philosophique et religieuse imprégna celle
du pays vainqueur.
Suivant l’intérêt croissant pour le bouddhisme, marqué par la création du
monastère de Samye en
779 et son établissement comme religion d’État à la fin du
VIIIe siècle,
le bön fit l’objet de persécutions et de tentatives d’éradication, pour
des raisons plus souvent politiques que religieuses. Néanmoins, ses
adhérents, aussi bien dans la noblesse que dans le peuple,
s’accrochèrent à leurs convictions et il survécut, aidé probablement par
une crise de la royauté tibétaine en
842. Elle lui permit sans doute de se revigorer dans les régions excentrées où avaient fui au VIII
e siècle, période particulièrement difficile, beaucoup de prêtres bönpo.
Ils auraient auparavant caché leurs écritures afin de les conserver pour
les générations futures. Drenpa Namkha, l’une des plus grandes
personnalités bönpo de cette époque, se convertit au bouddhisme dans le
but de préserver et de transmettre en secret les enseignements au risque
de sa vie ; il fut disciple de
Padmasambhava. On peut encore citer Gyerpoung Nangzer Lopö et Tséwang Rigdzin.
Du XIe siècle à nos jours[modifier]Abbé d’un monastère bön au Nepal –
Lopön Tenzin NamdakDu VIII
e au XI
e siècle, nous ne savons
quasiment rien du développement du bön. Sa renaissance sous forme
monastique commença après la seconde transmission du bouddhisme
tantrique au Tibet suivant la venue du moine
bengali Atisha et d'un disciple de
Naropa. Des textes bönpo importants apparurent, « découverts » par Shenchen Luga (
969-
1035) en
1017, selon une tradition partagée par le
nyingmapa qui veut que les textes sacrés soient des redécouvertes d'écrits cachés
par des sages anciens. Shenchen Luga était un descendant de Tonpa
Shenrab, et sa famille est encore importante aujourd’hui au Tibet. Il
eut un grand succès et confia la continuation des trois différentes
traditions à trois de ses disciples. Le bön réémergea en système
religieux fortement structuré.
Les trois disciples de Shenchen Luga :
- Au premier, Druchen Namkha Yungdrung, du clan Dru originaire de
Drusha (Gilgit) au Tibet, fut confié l’enseignement de la cosmologie
(Dzopu) et de la métaphysique (Gapa). Un de ses disciples fonda en 1072 le monastère de Yeru Wensaka, qui devint un grand centre d’apprentissage jusqu’en 1386
où il fut gravement endommagé par une inondation, puis abandonné. Par
la suite, sa famille continua de soutenir le bön jusqu’au dix-neuvième
siècle, lorsque la réincarnation du Panchen Lama fut découverte pour la deuxième fois parmi ses membres (second Panchen Lama, né en 1663, et cinquième, né en 1854).
- Le second, Zhuye Legpo, fut chargé de conserver les pratiques et enseignements du Dzogchen. Il fonda le monastère de Kyikhar Rizhing. Les descendants actuels de la famille Zhu vivent en Inde.
- Le troisième, Paton Palchog, prit la responsabilité des
enseignements tantriques. Les membres de la famille Pa migrèrent du
Tsang au Kham où ils vivent aujourd’hui.
Par ailleurs, Menkhepa Palchen (né en
1052) du clan Meu fonda le monastère Zangry, qui devint aussi un centre d’études philosophiques. Ainsi, du XI
e au XIV
e siècle, la religion bön possédait quatre importants centres d’étude, tous dans la province de Tsang.
Malgré la rivalité avec les lignées bouddhiques, les contacts
demeuraient ; un département était réservé aux moines bön dans les
monastères
gelugpa et
sakyapa.
Au XIV
e siècle apparut la branche du nouveau bön, presque
identique au lamaïsme à quelques spécificités près, comme par exemple la
déambulation autour des
chortens qui se fait dans le sens trigonométrique. Bien implantée dans les
régions orientales d’Amdo et de Kham, elle présente certaines
différences avec la branche originelle yungdrung bön, mais ses abbés
reconnaissent comme tous les bönpo la primauté du monastère de
Menri, fondé en
1405 par le grand maître Nyamme Serab Gyaltsen (
1356-
1415), dialecticien disciple du lama Rongtôn.
Au
XIXe siècle, les contacts avec le bouddhisme se poursuivirent avec la participation de Shardza Tashi Gyaltsen (
1859-
1935) au mouvement
Rimé et l’adoption de terma (textes sacrés « redécouverts ») bönpo par Jamgon Kongtrul dans sa collection du
rinchen gter-nidzod.
Le monastère de
Yungdrung Ling fut fondé en
1834,
suivi de près par celui de Kharna, tous deux sous la tutelle de Menri.
Sous leur inspiration, beaucoup d’autres furent établis dans tout le
pays (excepté la région centrale de U), spécialement au
Kyungpo,
Kham,
Amdo,
Gyarong et
Hor.
Au début du vingtième siècle il y avait 330 monastères bön au Tibet.
Les deux principaux, Menri et Yungdrung Ling, furent détruits après
1959.
Il y aurait aujourd’hui 264 établissements (monastères, nonneries et
ermitages). Les recensements effectués par l’administration
chinoise indiquent 10% de pratiquants du bön chez les Tibétains.
Le chef spirituel actuel est Lungtok Tenpai Nyima, 33
e Abbé de Menri, rebâti à Dolanji dans l’
Himachal Pradesh, sur le territoire supposé de l’ancien royaume de Zhang Zhung,
Référence[modifier]
- ↑ Tibétains, 1959-1999, quarante ans de colonisation, Ouvrage collectif dirigé par Katia Buffetrille et Charles Ramble avec Robbie Barnett, Georges Dreyfus, Samten G. Karmay, Per Kværne et Jigmé Namgyèl; Pages 58 à 63, Le bön, l'autre religion par Per Kværne. Ed Autrement, coll. Monde 1998 (ISBN 286260822X).
Bibliographie[modifier]
- Jean-Luc Achard, Le docte et glorieux roi, Les Deux Océans 15/09/2001 (ISBN 2-86681-106-2)
- Shardza Tashi Gyaltsen - Lopon Tenzin Namdak (traducteur), Les sphères du cœur Kun Tu Bzangpo' Snying Tig – Enseignement Dzogchen de la tradition Bön, Les Deux Océans 01/04/1999 (ISBN 2-86681-076-7)
Voir aussi[modifier] Articles connexes[modifier] Catégories :
Religion asiatique |
Chamanisme |
Bön |
Branche du bouddhisme |
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