Qu'est-ce qu'un homme
206 os, 640 muscles, 100 milliards de neurones, 100 000 milliards de cellules de 200 types différents qui arrivent à fonctionner ensemble. Et pourtant, tranquillement, sans aucune hésitation, à chaque action de ces innombrables cellules, nous disons " Je ".
Je mange, je ris, je respire, je pense, je suis ému.
Sommes-nous vraiment là, plantés au sommet d'une montagne de cellules, à les regarder fonctionner pour nous ou est-ce une illusion ?
Sur une vie, de l'enfance à la vieillesse, cinquante tonnes de nourriture nous traverse et nous transforme. Cinquante tonnes ! En 24 heures, nous inspirons huit mille litres d'air et des centaines de milliers de cellules sont renouvelées. Et, pourtant, à la fin d'une journée, nous pourrions affirmer sans rire, à qui veut l'entendre " Ce soir, je suis la même personne que ce matin ". Comment est-ce possible ?
Tout changerait, tout se renouvellerait, des cellules à l'eau qui me compose, des pensées aux émotions qui me traversent, tout sauf moi ?
J'ai l'impression très nette d'être situé dans mon corps. Je sens que j'occupe mon corps et j'ai la conviction de le posséder et d'agir par son intermédiaire. C'est mon corps, et je le contrôle.
Mais cette impression, si puissante, si évidente ne serait-elle pas l'arbre qui cache la forêt ?
L'arbre du "je", toujours semblable à lui-même ne serait-il pas créé pour cacher une forêt variée de perceptions, d'émotions et de pensées ?
La conscience de soi permet quelque chose d'extraordinaire.
Grâce à elle, tous les phénomènes intérieurs et extérieurs qui nous touchent, aussi variés soient-ils, peuvent être rattachés à une seule entité, réunis sous le même étendard: " Je ".
Et c'est bien pratique. Je vois, je chante, je comprends, je suis ému. Toujours je, je, je, utilisé en permanence et qui s'applique à tout. Je ris, je bronze, je parle, je digère. Voilà un mot commode pour unifier l'ensemble. A force d'être appelé par un prénom, à force de dire je, l'esprit croit fermement en l'existence d'un moi, tel un génie dans une bouteille ou un prisonnier dans sa cellule.
Mais que dit le bouddhisme? Que montre la science ? Que nous disent les neuropsychologues tels Paul broks, Chris Frith ou Jean-Louis Monestes ? Que peut-on même observer directement de l’intérieur ?
Lorsqu'on le cherche, ce "je" est introuvable. C'est une illusion, un mirage.
La perception de soi est continue, nécessaire, mais elle est fausse. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de moi fixe, stable ou immortel.
L'illusion est irrésistible mais elle n'est pas indissoluble.
L'esprit postule l'existence d'une entité invisible, à qui appartiendrait tout ce qui compose la personnalité. C’est cela la croyance : je. Mais cette croyance ne repose sur rien. Quand on le cherche, le "je" est introuvable. Ce n’est qu’une construction, une convention. Voilà la réalité observable. Il n'y a pas d’entité stable, pas de moi, rien de fixe.
Pourtant, percevoir l'illusion du moi n'est pas un remède miracle. Cela n'a jamais nourri ou habillé personne. Ça ne donne pas de travail, ça ne lave pas le linge, ça ne rends pas intelligent, ça n'apporte pas la fortune, ça ne fait pas disparaître la maladie.
Mais cela relâche l'attachement à notre petite personne et aux idées qui l'habillent. Toutes les pensées centrées sur ce moi, si important auparavant, perdent peu à peu leur intérêt. L'esprit devient plus calme. Il passe à autre chose. Il arrête de divaguer et de croire n'importe quoi.
Alors que reste-t-il une fois l'illusion de l'ego dissipée ?
La conscience d'être vivant et l'étonnement d'être conscient
De la vie émerge la conscience de soi et de cette conscience naît l'étonnement.
De quoi s’étonne-t-on ? En général, de l’inhabituel et de l’exceptionnel, de ce qui contredit nos attentes et nos croyances. On s’étonne de la taille énorme d’un fruit ou d’une personne. On s’étonne de tout ce qui dépasse l’imagination. On s’étonne de ce qui rompt avec nos habitudes et les lois de la nature. C’est là l’étonnement facile et naturel.
Mais le difficile est d’apprendre à s’étonner de ce qui est banal. S’étonner de l’existence d’une fleur ou du corps humain. S’étonner non pas du miracle, mais de la régularité des lois naturelles, qui sont comme un miracle permanent.
Hélas, on cesse de s'étonner devant un miracle constant.
Nous sommes des êtres vivants. Voilà le vrai miracle, le miracle constant. Nous ne sommes pas différents des autres êtres vivants. Partout, ce sont les mêmes mécanismes. Partout, les gènes sont à l’œuvre pour préserver l'équilibre dynamique du corps. Des entrées continuelles, de la nourriture, de l'eau, de l'oxygène et des sorties incessantes, des excréments, de la sueur, du gaz carbonique. Tout cela, pour maintenir l'équilibre du corps, l'homéostasie.
Un arbre ne possède pas d'existence indépendante: Il se dissout en un réseau de relations s'étendant à l'univers entier : la pluie qui tombe sur ses feuilles, le vent qui l'agite, le sol qui le nourrit et le fait vivre, les saisons et le temps, la lumière du soleil - tout cela fait partie de l'arbre.
Tout l'univers contribue à faire de l'arbre ce qu'il est. Il ne peut à aucun moment être isolé du reste du monde et à chaque instant, il se modifie imperceptiblement.
Et quand il meurt, que se passe-t-il Va-t-il au paradis des arbres ? Y ' a-t-il un au-delà pour lui ?
Non, bien sûr.
Alors, pourquoi accorder aux hommes ce qui paraît impossible à accepter pour les arbres et même pour les animaux, connaissant ce qu'ils sont vraiment ?
Sommes-nous différents ?
Tout l'univers contribue à faire de l'homme ce qu'il est, n'est-ce pas suffisant ?
Que faut-il de plus ? Une âme ? Un moi éternel ?
Le sentiment d'être un "je" enfermé dans un corps comme un prisonnier dans sa prison est une illusion. En réalité, Il n'y a pas de prisonnier, il n'y a donc pas de prison.
Il y a juste un organisme conscient d'être vivant et étonné d'être conscient.
Et c'est déjà pas mal, non ?
206 os, 640 muscles, 100 milliards de neurones, 100 000 milliards de cellules de 200 types différents qui arrivent à fonctionner ensemble. Et pourtant, tranquillement, sans aucune hésitation, à chaque action de ces innombrables cellules, nous disons " Je ".
Je mange, je ris, je respire, je pense, je suis ému.
Sommes-nous vraiment là, plantés au sommet d'une montagne de cellules, à les regarder fonctionner pour nous ou est-ce une illusion ?
Sur une vie, de l'enfance à la vieillesse, cinquante tonnes de nourriture nous traverse et nous transforme. Cinquante tonnes ! En 24 heures, nous inspirons huit mille litres d'air et des centaines de milliers de cellules sont renouvelées. Et, pourtant, à la fin d'une journée, nous pourrions affirmer sans rire, à qui veut l'entendre " Ce soir, je suis la même personne que ce matin ". Comment est-ce possible ?
Tout changerait, tout se renouvellerait, des cellules à l'eau qui me compose, des pensées aux émotions qui me traversent, tout sauf moi ?
J'ai l'impression très nette d'être situé dans mon corps. Je sens que j'occupe mon corps et j'ai la conviction de le posséder et d'agir par son intermédiaire. C'est mon corps, et je le contrôle.
Mais cette impression, si puissante, si évidente ne serait-elle pas l'arbre qui cache la forêt ?
L'arbre du "je", toujours semblable à lui-même ne serait-il pas créé pour cacher une forêt variée de perceptions, d'émotions et de pensées ?
La conscience de soi permet quelque chose d'extraordinaire.
Grâce à elle, tous les phénomènes intérieurs et extérieurs qui nous touchent, aussi variés soient-ils, peuvent être rattachés à une seule entité, réunis sous le même étendard: " Je ".
Et c'est bien pratique. Je vois, je chante, je comprends, je suis ému. Toujours je, je, je, utilisé en permanence et qui s'applique à tout. Je ris, je bronze, je parle, je digère. Voilà un mot commode pour unifier l'ensemble. A force d'être appelé par un prénom, à force de dire je, l'esprit croit fermement en l'existence d'un moi, tel un génie dans une bouteille ou un prisonnier dans sa cellule.
Mais que dit le bouddhisme? Que montre la science ? Que nous disent les neuropsychologues tels Paul broks, Chris Frith ou Jean-Louis Monestes ? Que peut-on même observer directement de l’intérieur ?
Lorsqu'on le cherche, ce "je" est introuvable. C'est une illusion, un mirage.
La perception de soi est continue, nécessaire, mais elle est fausse. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de moi fixe, stable ou immortel.
L'illusion est irrésistible mais elle n'est pas indissoluble.
L'esprit postule l'existence d'une entité invisible, à qui appartiendrait tout ce qui compose la personnalité. C’est cela la croyance : je. Mais cette croyance ne repose sur rien. Quand on le cherche, le "je" est introuvable. Ce n’est qu’une construction, une convention. Voilà la réalité observable. Il n'y a pas d’entité stable, pas de moi, rien de fixe.
Pourtant, percevoir l'illusion du moi n'est pas un remède miracle. Cela n'a jamais nourri ou habillé personne. Ça ne donne pas de travail, ça ne lave pas le linge, ça ne rends pas intelligent, ça n'apporte pas la fortune, ça ne fait pas disparaître la maladie.
Mais cela relâche l'attachement à notre petite personne et aux idées qui l'habillent. Toutes les pensées centrées sur ce moi, si important auparavant, perdent peu à peu leur intérêt. L'esprit devient plus calme. Il passe à autre chose. Il arrête de divaguer et de croire n'importe quoi.
Alors que reste-t-il une fois l'illusion de l'ego dissipée ?
La conscience d'être vivant et l'étonnement d'être conscient
De la vie émerge la conscience de soi et de cette conscience naît l'étonnement.
De quoi s’étonne-t-on ? En général, de l’inhabituel et de l’exceptionnel, de ce qui contredit nos attentes et nos croyances. On s’étonne de la taille énorme d’un fruit ou d’une personne. On s’étonne de tout ce qui dépasse l’imagination. On s’étonne de ce qui rompt avec nos habitudes et les lois de la nature. C’est là l’étonnement facile et naturel.
Mais le difficile est d’apprendre à s’étonner de ce qui est banal. S’étonner de l’existence d’une fleur ou du corps humain. S’étonner non pas du miracle, mais de la régularité des lois naturelles, qui sont comme un miracle permanent.
Hélas, on cesse de s'étonner devant un miracle constant.
Nous sommes des êtres vivants. Voilà le vrai miracle, le miracle constant. Nous ne sommes pas différents des autres êtres vivants. Partout, ce sont les mêmes mécanismes. Partout, les gènes sont à l’œuvre pour préserver l'équilibre dynamique du corps. Des entrées continuelles, de la nourriture, de l'eau, de l'oxygène et des sorties incessantes, des excréments, de la sueur, du gaz carbonique. Tout cela, pour maintenir l'équilibre du corps, l'homéostasie.
Un arbre ne possède pas d'existence indépendante: Il se dissout en un réseau de relations s'étendant à l'univers entier : la pluie qui tombe sur ses feuilles, le vent qui l'agite, le sol qui le nourrit et le fait vivre, les saisons et le temps, la lumière du soleil - tout cela fait partie de l'arbre.
Tout l'univers contribue à faire de l'arbre ce qu'il est. Il ne peut à aucun moment être isolé du reste du monde et à chaque instant, il se modifie imperceptiblement.
Et quand il meurt, que se passe-t-il Va-t-il au paradis des arbres ? Y ' a-t-il un au-delà pour lui ?
Non, bien sûr.
Alors, pourquoi accorder aux hommes ce qui paraît impossible à accepter pour les arbres et même pour les animaux, connaissant ce qu'ils sont vraiment ?
Sommes-nous différents ?
Tout l'univers contribue à faire de l'homme ce qu'il est, n'est-ce pas suffisant ?
Que faut-il de plus ? Une âme ? Un moi éternel ?
Le sentiment d'être un "je" enfermé dans un corps comme un prisonnier dans sa prison est une illusion. En réalité, Il n'y a pas de prisonnier, il n'y a donc pas de prison.
Il y a juste un organisme conscient d'être vivant et étonné d'être conscient.
Et c'est déjà pas mal, non ?
Dernière édition par Yanhic le Sam 14 Mar 2015, 17:35, édité 4 fois
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