Ce qui se passe vraiment au Tibet
Par Matthieu Ricard Moine bouddhiste et traducteur du dalaï-lama
Les trois dernières semaines ont été le théâtre d'un drame que le Tibet n'avait pas connu depuis les émeutes de 1989, qui avaient coûté la vie à 200 Tibétains et conduit à l'imposition de la loi martiale pendant des mois. Comme cela a été le cas il y a quelques jours, le gouvernement chinois avait alors nié avoir ouvert le feu sur les manifestants. Il aura fallu, quelques mois plus tard, que le sang de Tiananmen parle rétrospectivement pour témoigner de celui qui avait été versé à Lhassa.
L'anniversaire du 10 mars 1959 - jour où les Tibétains se sont soulevés pour protester contre l'invasion de leur pays par la Chine communiste - est toujours un moment de tension sur le toit du monde. Les autorités se tiennent sur le qui-vive et limitent le nombre des touristes étrangers autorisés à y séjourner. Mais cette année, plusieurs facteurs se sont conjugués pour aggraver encore cette tension. Outre la proximité des JO, il y a le chômage accru des Tibétains, pénalisés depuis 2007 par l'afflux de travailleurs chinois arrivant par le train qui relie désormais la Chine au Tibet. Mais aussi le ressentiment créé par l'intensification de la sédentarisation forcée des nomades, que l'on oblige à habiter des maisons achetées à crédit, ce qui les endette pour des dizaines d'années ; la surexploitation des ressources minières du Tibet, effectuée presque exclusivement par des immigrants chinois ; et le renforcement récent des séances obligatoires de « rééducation patriotique » dans les monastères.
Tout a donc commencé au matin de l'anniversaire du 10 mars, quand un homme s'est promené au coeur de Lhassa en arborant un drapeau tibétain et en criant « Tibet libre ! » Il a bientôt été rejoint par quelques moines du monastère de Drepung, tous rudement maîtrisés et emmenés par la police, ce qui a poussé la population de Lhassa à descendre dans les rues. Ces manifestations ont pris de l'ampleur le 14 mars, et on s'est étonné que dans le Barkhor, le centre tibétain de Lhassa (peuplée à 80 % de Chinois), la police ait peu réagi lorsque les Tibétains ont commencé à brûler des boutiques et des restaurants appartenant à des Chinois, commettant des actes de violence regrettables, mais révélateurs d'une exaspération qu'ils ne pouvaient plus contenir. Dix mille policiers étaient pourtant stationnés au pied du Potala, prêts à intervenir ; et l'on sait que la police chinoise n'a pas pour habitude de prendre des gants avec la population tibétaine, qu'elle traite généralement avec la plus grande brutalité. Le même processus s'étant produit en 1989, les observateurs avertis soupçonnent, par conséquent, que les autorités chinoises, loin d'être débordées ou indécises, ont laissé les manifestations prendre de l'ampleur afin de justifier la répression particulièrement sévère qui a suivi.
Les images diffusées par la télévision chinoise et celles rapportées par les quelques observateurs étrangers qui furent rapidement expulsés ont toutes été prises dans ce quartier du Barkhor. Mais au même moment, loin des caméras, dans les quartiers périphériques de Drapchi et de Karma Gonsar, la police tirait sur la foule, faisant une centaine de victimes.
Les informations, qui ont permis d'établir ensuite le lourd bilan de 150 morts, proviennent toutes de Tibétains qui, passant outre aux dangers auxquels ils s'exposent, ont continué à téléphoner à des parents ou à des amis au Népal et en Inde pour les informer du décès de leurs proches. Ils n'appelaient pas pour faire passer un message de propagande, mais pour mettre leur famille au courant des drames qui se jouaient et demander que des prières soient dites dans les monastères en mémoire de leurs morts. La fiabilité de ces témoignages directs ne saurait donc être suspectée.
A partir du 16 mars, des arrestations systématiques ont également été opérées, rue par rue, maison par maison, et on estime leur nombre à 2 000 ou 3 000 dans la seule ville de Lhassa. Pour prendre un exemple, un ami tibétain qui vit à Katmandou, tailleur de profession, a reçu des nouvelles par téléphone annonçant que six membres de sa famille avaient été arrêtés, dont une mère célibataire de 35 ans. Toutes ces personnes ont été emmenées vers des destinations inconnues, et n'ont donné aucune nouvelle depuis.
Fait inusuel, on a appris en outre que des soulèvements se sont produits dans toutes les régions tibétaines intégrées aux provinces chinoises du Sichuan, du Qinghaï et du Gansu. Ainsi, le 2 avril, dans la ville de Kartzè, une sous-préfecture de l'est du « grand Tibet », la police a investi par la force le monastère de Tongkhor, a détruit et piétiné des photos du dalaï-lama, puis ordonné aux moines de le dénoncer publiquement. Comme ils refusaient, un vieux moine de 74 ans et un laïque ont été arrêtés. Le lendemain, 700 personnes, dont 350 moines, se sont rassemblées devant le siège du gouvernement local pour demander leur libération. La police a alors intimé à la foule de se disperser, en vain, puis a ouvert le feu, tuant quinze manifestants, dont six femmes, un enfant et trois moines. Interrogé peu après par le département cantonais de Radio Free Asia, un officiel a pourtant déclaré : « Qui a dit qu'il y avait des troubles ? Qui a dit que les moines avaient quitté leur monastère ? Ce sont des mensonges. Tout va bien. »
Quelques jours auparavant, après des manifestations similaires dans la province d'Aba, également au Sichuan, les moines du monastère de Kirti avaient pu récupérer les corps d'une quinzaine de Tibétains tués par balle. Ce sont les clichés de ces cadavres qui ont été envoyés par téléphone portable et qui ont circulé dans le monde entier, s'ajoutant aux images de la police et de l'armée investissant dès le 15 mars le centre de Lhassa, tandis que des chars prenaient position aux carrefours. Aujourd'hui, le couvre-feu règne dans la capitale tibétaine et les habitants doivent obtenir un laissez-passer pour aller faire leurs courses. Le trafic routier public est interrompu entre Lhassa et la frontière népalaise, et seuls des véhicules militaires et gouvernementaux circulent. Pour la première fois depuis des années, pas un seul Tibétain n'a réussi depuis le 15 mars à se réfugier au Népal, alors que d'ordinaire, il en arrive plus d'une centaine chaque mois.
Face à tout cela, le gouvernement chinois n'a opposé qu'un seul type de déclaration : la dénonciation d'« une conspiration politique manigancée par le dalaï-lama et sa clique pour diviser la mère patrie et saboter la vie paisible et harmonieuse dont toutes les ethnies jouissent au Tibet ». Récemment, sur une station de radio française, un porte-parole du gouvernement chinois à Pékin s'est expliqué sur la nature des « preuves formelles » qui autorisent le Premier ministre Wen Jiabao à proclamer que le dalaï-lama serait l'organisateur des récentes manifestations et violences. S'agissait-il d'écoutes téléphoniques, de documents interceptés ? Ce représentant a répondu : « Bien sûr que nous avons des preuves : les manifestations et les violences ont eu lieu en même temps dans diverses régions du Tibet et étaient toutes de même nature. Cela démontre qu'elles ont été organisées par le dalaï-lama. »
Six millions de Tibétains savent pourtant que le 10 mars est l'anniversaire du soulèvement de 1959 et n'ont aucun besoin du dalaï-lama pour le leur rappeler. L'inanité de ce type de « preuve » laisse donc pantois, surtout lorsqu'on sait que le dalaï-lama a demandé à plusieurs reprises à rencontrer le président Hu Jintao pour trouver un terrain d'entente sur la question du Tibet ; qu'il a répété - des centaines de fois - qu'il renonçait à l'indépendance en faveur d'une autonomie au sein de laquelle les Tibétains pourraient préserver pacifiquement leur culture, leur langue et leurs traditions ; et qu'il est allé jusqu'à menacer son peuple de démissionner de ses fonctions si les Tibétains continuaient à faire usage d'une violence excessive.
Sa position est très claire : le gouvernement tibétain en exil est une démocratie et chacun est libre de ses opinions. Le dalaï-lama continuera à être le porte-parole de son peuple aussi longtemps que l'approche du dialogue et de la non-violence prévaudra. Mais s'il advenait qu'une majorité de Tibétains en vienne à préférer la violence, il n'aurait alors pas d'autre choix que de se retirer. Le 29 mars - alors que les dirigeants chinois continuaient à le traiter de « serpent déguisé en moine qui ne cherche qu'à diviser la mère patrie » -, il lançait d'ailleurs ce nouvel appel : « Frères et soeurs chinois, je vous demande instamment d'aider à dissiper les malentendus qui règnent entre nos deux communautés. Je fais aussi appel à vous afin que, par le dialogue, vous nous aidiez à trouver une solution pacifique et durable au problème du Tibet, dans un esprit de compréhension et de conciliation. » Faut-il absolument que la violence continue pour qu'il soit entendu ? Faisons en sorte en tout cas que les Tibétains qui viennent de sacrifier leur vie pour attirer les regards du monde ne soient pas morts en vain.
L'action la plus constructive pourrait consister à faire savoir aux dirigeants chinois que les chefs d'Etat et les athlètes des pays démocratiques ne participeront à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques que si le président chinois accepte de rencontrer le dalaï-lama. Mais il importe que cette rencontre et leur dialogue aient lieu avant les Jeux, car une fois la fête terminée, le gouvernement chinois sera de nouveau imperméable à toute forme de pression.
La Chine semble avoir quatre préoccupations majeures : son unité, sa stabilité, sa prospérité et son image. Sa prospérité ne cesse de croître. Son unité et sa stabilité sont maintenues par la force. Son image est désastreuse. La meilleure façon de maintenir unité et stabilité ainsi que d'améliorer une réputation internationale plus que douteuse ne consisterait-elle pas à reconnaître les aspirations légitimes d'un peuple qu'elle opprime depuis cinquante ans ? Loin de faire « perdre la face » aux dirigeants chinois, un dialogue avec le dalaï-lama serait applaudi par le monde entier comme un geste d'ouverture digne de l'esprit des Jeux olympiques.
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