Dalaï-lamas

Bonjour,
Une question que je me pose depuis longtemps.
Comment concilier la nature des dalaï-lamas et certains faits de leurs existences. Je pense par exemple à la vie dissolue du 6e Dalaï-Lama.
Merci.
Bien à vous.
Jean-François

L'on dit que le 6e Dalai Lama: Tsangyang Gyatso n'a pas été formé dès son plus jeune âge à sa tache de dirigeant politique et spirituel ce qui explique peut-être sa personnalité.
Il a refusé d'être moine ordonné, ce n'est pas pour ça que c'est une vie dissolue...mais je ne connais pas bien son histoire.
Appel à nos historiens...Samthar où es-tu ?

Bonjour,
Tous les Dalai Lamas ont été moines, sauf, effectivement, le 6e, Tsangyang Gyatso (1683-1706). Sans entrer dans des détails nécessairement fastidieux, le 5e Dalai Lama (1617-1682) avait confié la régence à un homme assez peu ordinaire, Sangyé Gyatso. A la mort du DL en 1682, Sangyé Gyatso a mis en place toute une stratégie pour faire croire que le DL était toujours en vie. Il semblerait qu'il ait agi ainsi pour poursuivre la stabilisation politique du Tibet, apparemment en suivant les ordres donnés par le DL lui-même.
La réincarnation du DL avait pourtant été trouvée en 1688 mais ce n'est qu'en 1697 qu'il fut officiellement installé, la supercherie de Sangyé Gyantso ne pouvant tenir plus longtemps.
Comme le dit Péma Gyaltshen, il ne fut pas moine ; il refusa même très clairement de le devenir, au grand dam de ses tuteurs. Il était né dans une famille appartenant à la lignée Nyingma dont il connaissait de nombreux enseignements. Il est devenu très populaire, pas tant parce qu'il refusait l'ambiance quelque peu rigide du palais du Potala que parce qu'il enseignait directement à tout le monde, sans tout le decorum traditionnel. Il lui arrivait donc de partir à cheval, de s'installer sur une place de marché et d'enseigner juste comme ça venait. Les gens ne savait d'ailleurs pas toujours qui il était. En outre, il quittait de temps en temps ses appartements le soir pour aller dans les quartiers populaires de Lhassa. Il y buvait de l'alcool, faisait des conquêtes amoureuses... et improvisait des chants par lesquels il donnait des enseignements parfois très profonds.
Il n'avait pas une vie dissolue, juste la vie d'un jeune qui vit une vie normale . Mais cette vie ne plaisait pas du tout aux tenants de la structure monastique puisqu'il montrait que le Dharma existait et se transmettait en dehors des monastères, à la manière des yogis laïcs.
Je passe sur les rebondissements politiques de son règne, où se mêlent les Tibétains, les Mongols et les Chinois. Toujours est-il qu'il fut condamné à l'exil par l'empereur de Chine et qu'il mourut en route, en 1706. Certains se demandent s'il ne fut pas simplement assassiné : laïc, il pouvait très bien décider que la transmission de l'autorité ne se ferait plus par le système des réincarnations, mais par celui de la filiation familiale, comme c'étai le cas dans la lignée des Sakyas, et parfois chez les Nyingmas. Du coup, toute la structure politique de la lignée Guéloug, dont le DL est un des rouages les plus importants, se trouvait menacée.
A noter qu'une légende mongole rapporte qu'en réalité il n'est pas mort en 1706 mais bien après, dans les années 1740 si mes souvenirs sont bons. Il aurait profité de la mort d'un membre de sa caravane pour faire croire à sonn décès. Il aurait alors adopté une vie anonyme, donnant des enseignements à la manière d'une "yogi caché", en l'occurence dans la peau d'un marchand. Même si cette version est très belle, les historiens penchent nettement pour la première version, hélas beacoup plus proche de ce qui s'est souvent vu en matière de maintien du pouvoir.
Plein de belles choses à tous, laïcs ou moines !
Samthar

MILLE FOIS MERCI mon cher Samthar !

Merci Samthar, c'est vraiment très intéressant!

Merci pour les renseignements
Désolé de ne pas l'avoir fait précédemment, mais je n'ai pas eu accès au forum... pendant un très long temps...

Bonjour,
... « la vie dissolue du 6e Dalaï-Lama »...
... « Au Potala,
Je suis Rigdzin Tsanyang Gyatso ;
A Lhassa et à Shol
Je suis le libertin Dangzang Wangpo.
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... « Il n'avait pas une vie dissolue, juste la vie d'un jeune qui vit une vie normale. Mais cette vie ne plaisait pas du tout aux tenants de la structure monastique puisqu'il montrait que le Dharma existait et se transmettait en dehors des monastères, à la manière des yogis laïcs. »*...
... « Les nuages roses
Dissimulent le gel et la grêle.
Une moitié de religieux
Et un ennemi caché de la spiritualité »...
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Et l’histoire bégaye et se répète dans certains lieux... en notre pays.


Lama khyen !
Hilde-Rik, “naljorpa-idiotas”, errant sur les bords du Grand-Rien.

* Lire l'article excellent de Samten G. Karmay (direc. de recherche au CNRS) sur le "Grand Cinquième" au XVII°, dans la revue "Notre Histoire" N° 188 de mai 2001, qui décrit tout le contexte géo-politique du Tibet de l'époque.

Il me plaît bien ce 6e Dalaï Lama . Il devait avoir un sacré caractère pour en faire ainsi à sa guise dans le contexte de son époque .
Et puis, il enseignait le Dharma hors du monastère ; ainsi plus de gens avaient accès aux enseignements grâce à lui .