Bouddhisme mahāyānaUn article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
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Mahāyāna est un terme
sanskrit ( महायान ) signifiant « grand
véhicule » (chinois : 大乘, dàchéng ; japonais : 大乗, daijō ; vietnamien : Đại Thừa ; coréen : 대승, dae-seung). Le
bouddhisme mahāyāna apparaît vers le début de l’ère commune dans le Nord de l’
Inde et dans l'
Empire kouchan, d’où il se répand rapidement au
Tarim et en
Chine, avant de se diffuser dans le reste de l’Extrême-Orient. Le
Vajrayāna, sa forme
tantrique, apparaît en Inde avant le
IVe siècle, pénètre au
Tibet entre le
VIIe siècle et le
VIIIe siècle, puis en
Mongolie, et, via la Chine où il laisse peu d'influences, en
Corée et au
Japon à partir du VIIIe siècle.
Caractéristiques[modifier]Voici les enseignements qui distinguent le Mahāyāna:
- La doctrine de la vacuité, suivant les sūtras dits de la prajñāpāramitā, d'où éclosent, principalement, les écoles philosophiques madhyamaka et yogācāra.
- La quête de l'Éveil (non plus seulement du nirvāna) dans la motivation altruiste et universaliste de la bodhicitta, que développe le bodhisattva jusqu'à la bouddhéité complète. Pour cette raison le mahāyāna peut aussi être appelé bodhisattvayāna, où l'on parcourt les dix ou treize bhumis, étapes de la voie bodhisattvique; ou encore pāramitāyāna où l'on cultive les six pāramitās.
- La reconnaissance et l'actualisation de la nature-de-bouddha présente en chacun, suivant les sūtras dits du tathāgatagarbha, développée en dialectique avec la doctrine du trikāya, où le dharmakāya, «corps de réalité» des éveillés, est identifié à l'essence de tous les phénomènes manifestés. Cette perspective conduit aux enseignements et techniques du vajrayāna puis du mahāmudrā et du dzogchen.
Rapport au Hīnayāna[modifier]Le mahāyāna a très graduellement redéfini le bouddhisme d’origine, dont le
theravāda actuel ou « doctrine des Anciens » est l’héritier, comme
hīnayāna, « petit véhicule », terme un peu condescendant qui veut mettre en évidence le pouvoir salvateur limité à l'adepte lui-même de la pratique traditionnelle, en contraste avec l'idéal du
bodhisattva prôné par le « grand véhicule », selon lequel l'adepte s'engage à délivrer, outre sa personne, tous les êtres.
Le nouveau bouddhisme ne s’appuie pas seulement sur les écrits du
Bouddha historique, mais aussi sur des textes postérieurs qu’il présente néanmoins comme dictés ou inspirés par Shākyamouni, et même d'autres
bouddhas, ainsi que sur des exégèses et les écrits d'autres « maîtres ». Il ne rejette pas les écrits ou pratiques hīnayāna, mais prétend qu'ils correspondent aux besoins de pratiquants moins avancés.
Bien que le mot « schisme » soit couramment employé, jusqu'au
VIIe siècle, les moines hīnayāna et mahāyāna pratiquent dans les mêmes monastères, suivant les mêmes règles, et ce dans l'ensemble de la sphère d'influence indienne ; la forme pratiquée est considérée comme un choix personnel.
Origines[modifier]Le courant mahāyāna émerge à partir du
Ier siècle et s’affirme au
IIe siècle en Inde du Nord et dans l’
Empire kouchan presque simultanément. Le processus exact de sa formation n'a pas encore été éclairci, bien qu’on retrouve des ressemblances doctrinales sur quelques points avec certaines
écoles anciennes,
ekavyavahārika,
lokottaravādin et
sautrantika en particulier ; des notions et pratiques issues des cultures non-indiennes ayant influencé le
bouddhisme d'Asie centrale ont dû jouer un rôle.
L’école
madhyamaka fondée au
IIe siècle par l'Indien
Nāgārjuna st son disciple
Aryadeva, dont l’influence sera très grande, est la première école proprement mahāyāna, suivie de l'école
yogacāra fondée au
IVe siècle par les
Gandharais Asanga et
Vasubandhu, disciples de
Maitreyanātha.
Les premières occurrences des termes « mahāyāna » et « hinayāna » se trouvent dans le
Sūtra du Lotus et la
Prajñāpāramitā en 8000 strophes (
Aṣṭasāhasrikā Prajñāpāramitā Sūtra), qui pourraient remonter au I
er siècle de notre ère, voire au
Ier siècle av. J.-C. pour le second.
Il ne faut pas confondre le mahāyāna qui apparaît au début de l’ère chrétienne avec la
mahāsanghika, « grande communauté » partisane de réformes, jugée hérétique et poussée à la sécession par les traditionalistes
sthaviravādin à une époque plus ancienne, variant selon les sources du
concile de Vaisali (
IVe siècle av. J.-C.) au
concile de Pāṭaliputra (
IIIe siècle av. J.-C.). Néanmoins, ces deux courants qui partagent le préfixe « grand » ont sans doute en commun de proposer une forme moins austère et plus accessible à un plus grand nombre. Une des versions du concile de Pāṭaliputra voit dans la mahāsanghika ceux qui contestent la perfection des
arhats, une idée que l’on retrouve dans la doctrine mahāyāna.
Hypothèse de Pierre Perrier[modifier]Pierre Perrier dans son ouvrage « Thomas fonde l’Eglise de Chine (65 – 68 après Jésus-Christ) » sorti en 08/2008, veut démontrer que Thomas, apôtre de Jésus, est arrivé par la mer à Lianyungang, au Nord Est de la Chine, pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ en remontant le
Huang He jusqu’à
Chang'an à l’Ouest de la Chine. Pierre Perrier voit Jésus dans le dieu auréolé vu en rêve par l’empereur Mingdi en 64, anecdote relatée dans le
Livre des Han postérieurs. Pour les auteurs du
Livre des Han postérieurs, il s'agit du Bouddha, et Mingdi aurait fait venir d'Afghanistan à la suite du songe les deux premiers missionnaires bouddhistes. Selon P. Perrier, Mingdi aurait fait graver son songe dans la falaise de Kong Wang, ces sculptures auraient été un véritable évangile sculpté dans la pierre. Dans l’année qui suivra la parution du livre de Pierre Perrier, les autorités chinoises ont criblé au sable à très haute pression les bas reliefs de la falaise de Kong Wang, effaçant ainsi tout trace de l’immense influence du christianisme de Saint Thomas sur le mahayana. P. Perrier pense aussi qu'un grand nombre de soutras traduits lors du
Concile du Cachemire réuni sur ordre de l’empereur kouchan
Kanishka 1er (127 – 147) provenait de l’enseignement de Thomas. Le Grand véhicule aurait selon lui incorporé un très grand nombre de dogmes chrétiens. Le
Sutra du Lotus serait la reprise de l’enseignement de Saint Thomas
[réf. nécessaire].
Diffusion[modifier]voir aussi : Histoire du bouddhisme et Bouddhisme dans le mondeLe mahāyāna connut au cours du premier millénaire de l’ère chrétienne une phase d’expansion qui le diffusa tout d’abord en Asie centrale, puis dans tout l’Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est. La contre-réforme
brahmanique en Inde et l’expansion de l’Islam le firent reculer dès le VII
e siècle en Inde et en Asie centrale. En Asie du Sud-Est, il fut progressivement supplanté par le theravāda ; il y a presque disparu après le
XVe siècle, à l’exception de la diaspora chinoise et du Vietnam, plus influencé par le bouddhisme chinois.
De nos jours le « grand véhicule », formes tantriques comprises, domine numériquement le « petit ». Il est surtout présent en
Inde du Nord, en
Chine et dans le Sud-Est asiatique (
Chan et
Jingtu), en Corée (
Son, notamment l'école
Chogye), au
Japon (
Zen,
Tendai,
Nichiren,
Terre pure, néobouddhisme). Le
vajrayāna qui en est dérivé est présent au Japon (
Shingon et certaines formes de Tendai), ainsi qu’au Tibet, dans les régions voisines (Ouest chinois,
Bhoutan,
Népal) et en
Mongolie, sous forme de
lamaïsme empreint d'
hindouisme, de
chamanisme et d'une
magie propre aux peuples tibétains. La grande majorité des nouveaux bouddhistes issus de régions où ce courant spirituel est d'introduction récente choisissent une forme mahāyāna, tantrique ou zen en général.
Enseignement[modifier]
(bouddhistes) Perfections|
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L'absence de nature propre (autrefois limitée à la personnalité) s'étend dans le Mahāyāna à tous les phénomènes.
Nāgārjuna ira jusqu'à affirmer que le
saṃsāra et le
nirvāna sont comme « les deux côtés d'une assiette (ou d'une pièce) ».
Fortement inspirés de l'
hindouisme, les préceptes du mahāyāna réintroduisent des idées écartées par le Bouddha, le salut par la dévotion, le ritualisme ou la présence de
déités (
yidam), parfois absorbées par syncrétisme à partir d'autres religions, comme le
taoïsme ou le
shintoïsme. À la rigueur et la discipline personnelle du «
Petit Véhicule » (telle est l'expression péjorative des tenants du mahāyāna), le « Grand Véhicule » oppose la compassion (karuna) et l'intercession par les
bodhisattvas, dont la sagesse personnelle est utilisée pour venir en aide à autrui, par le biais du transfert de mérites (parinama). En effet, alors que dans la doctrine des anciens le but ultime, pour chacun, est de devenir soi-même un
arhat, dans le mahāyāna le développement de la
bodhicitta et la pratique du
bodhisattva ont préséance. En plus de la prise de refuge, le mahāyāniste peut prononcer des vœux de boddhisattva (pranidhana) où il s’engage à œuvrer après son illumination à la salvation de tous les êtres jusqu’au dernier.
Les laïcs peuvent accéder au
nirvāna, à condition qu'ils pratiquent en développant avec foi la bienveillance et la compassion envers autrui, et effectuent quotidiennement les exercices de yoga enseignés par leurs guides spirituels. La notion de
tathāgatagarbha, « embryon d’être-en-soi » ou « embryon de bouddha », qui serait universellement présent chez les êtres sensibles, conforte cette pratique.
Le Bouddha, personnage historique, devient dans la doctrine des
trois corps l'émanation d'un bouddha cosmique comme peut l'être
Vairocana, une divinité panthéiste et syncrétique englobant en son sein les anciennes divinités. Ces
déités représentent des qualités vers lesquelles doit tendre le pratiquant, le but étant de développer les causes qui vont permettre d'élargir sa conscience et d'établir l'être dans des actes libérateurs de l'attachement au concept du moi.
Il existe différentes façons d'aborder le bouddhisme. Les études de sociologie religieuse semblent indiquer que les pratiquants du mahāyāna, particulièrement les laïques, le considèrent en général comme une religion. Par ailleurs, de par sa large diffusion et son appel universel, le mahāyāna a donné naissance à de nombreuses formes mixtes, mélanges de religion locale et de bouddhisme, parfois appelées « bouddhisme populaire ».
Textes[modifier]Les sūtras mahāyāna sont très nombreux. Certains (
Sūtra du Diamant et
Sūtra du Cœur notamment), sont récités quotidiennement dans de grandes parties du monde bouddhiste. D'autres sont plus spécifiquement liés à une école.
Les plus anciennes versions à nous être parvenues sont les traductions chinoises que le moine
Lokaksema fit entre
178 et
189 à
Luoyang, en particulier le
Pratyutpanna Sūtra qui introduit le bouddha
Amitābha et les
Prajñāpāramitā Sūtras dont font partie le
Sūtra du Cœur et le
Sūtra du Diamant[1].
Selon certaines sources, un travail de traduction de sūtras du
gandhari en
sanscrit s’étendant sur 12 ans aurait été entrepris sous le règne de
Kanishka Ier (
127-
147) dans l’
Empire kouchan lors d’un
concile.
La tradition mahāyāna préconise que
Gautama Bouddha a dispensé son enseignement selon les différents degrés d’avancement spirituel de ses disciples. Selon cette perspective, les sūtras hīnayāna, dits « de la première mise en mouvement de la roue de l'enseignement » (premier exposé de la doctrine prononcé au Parc aux daims), sont destinés à un auditoire moins avancé. C'est plus tard, au Pic des vautours, qu'il aurait débuté l'enseignement des textes « de la deuxième mise en mouvement de la roue de l'enseignement », destinés aux disciples les plus avancés. Néanmoins, l’école
Huayan présente le
Sūtra Avatamsaka sur lequel elle s’appuie comme le premier dicté par le Bouddha juste après son
éveil. Certains considèrent les sûtras dans lesquels le concept de tathāgatagarbha tient une place importante (ex:
Sūtra Lankāvatāra) comme relevant d'une « troisième mise en mouvement de la roue de l'enseignement». Le
vajrayāna reconnaît l’importance des sūtras mahāyānas mais fait surtout appel aux
tantras considérés comme plus efficaces.
Quelques textes importants[modifier]Bien que composés selon les historiens dans les premiers siècles de notre ère, ces sûtras contiennent bien l’enseignement du bouddha :
- Sūtras tirés du plus ancien corpus mahāyāna, la littérature Prajñāpāramitā insistant sur la notion de Śūnyatā
- Le Sūtra du Cœur, concis et condensé, est probablement le texte bouddhique le plus connu.
- Le Sūtra du Diamant, destiné aux mahāyānistes avancés, traite la nature de Bouddha.
Le Sūtra du Lotus, écriture importante de certaines écoles chinoises (Tiantai) et japonaises (Tendai, Nichiren), considéré par ces écoles comme le dernier dicté par le Bouddha, summum de son enseignement.
Le Sūtra de l'Ornementation Fleurie (Avatamsaka Sūtra), écriture de référence des écoles Huayan (Chine) et Kegon (Japon), qui le considèrent comme le premier témoignage du Bouddha juste après son éveil, donc le plus précieux ; il s’agit d’un ouvrage composite dont certaines sections sont à l’origine des textes indépendants, comme le Sûtra des Dix Terres (Dashabhumikasūtra).
Le Sūtra Mahāparinirvāna, un des textes qui expose la présence universelle chez les êtres vivants de la nature de bouddha tathāgatagarbha
Le Sūtra Shūrangama, bien connu des bouddhistes chinois en général et de l'école Chan en particulier.
Le Sūtra Lankāvatāra, sûtra de référence de la première école Chan.
L'Enseignement de Vimalakirti (Vimalakirtinirdesasutra), contient à la fois l’enseignement du Bouddha et celui de Vimalakirti, un laïque à la sagesse exemplaire.
Le "Sutra de la lumière dorée" [2]
Les deux textes de base de l’école
Shingon sont à la fois des sûtras et des tantras :
Textes d’autres maîtres :
Branches[modifier]
- Le madhyamaka, voie médiane, basé sur les enseignements de Nāgārjuna, fut fondé en Inde au IIe siècle. Cette école contredit toute attitude intellectuelle : « Le Vainqueur a dit que la vacuité est l'évacuation complète de toutes les opinions. Quant à ceux qui croient en la vacuité, ceux-là, je les déclare incurables. » [3].
- Le cittamātra, rien qu'esprit, fut fondé par Asaṅga et Vasubandhu au IVe siècle. Il propose un enseignement idéaliste : « l'objet n'existe pas» [4].
- Apparition en Chine à partir du Ve siècle de nombreuses écoles médiévales et écoles des Sui et des Tang, dont les deux principales sont Terre Pure et Chan.
- La Société du lotus blanc, fondée en 402 en Chine par Huiyuan, est considérée comme la première des écoles de la Terre Pure. Ces écoles, présentes dans tout l'Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est, vénèrent le Bouddha nommé Amitābha, lumière infinie.
- Bodhidharma, qui vécut aux alentours du VIe siècle, est traditionnellement reconnu comme le fondateur du Chan en Chine, à l'origine des courants Zen : Sōtō, Rinzai, Ôbaku.
- Le courant Tiantai chinois a donné le Tendai japonais syncrétiste (Zen, tantrisme, amidisme), berceau ou inspirateur de nombreux autres courants (Nichiren, certains courants Terre Pure). Ses textes ont été adoptés par le chan.
Le bouddhisme vajrayāna, véhicule de diamant, apparait aux alentours du VIIe siècle en Inde et se développe surtout au Tibet (lamaïsme) et au Japon (Shingon, partiellement Tendai).
Conclusion[modifier]Longtemps cantonnés dans des espaces géographiques différents, le mahāyāna et l'école des anciens sont parfois à nouveau en confrontation. Pour le théravāda, la primauté historique est un gage d'orthodoxie envers l'enseignement du bouddha, les changements du mahāyāna étant perçu comme une dénaturation du message originel. Pour les partisans du mahāyāna, le qualificatif hinayāna désigne dans leurs enseignements une spiritualité sèche ou une recherche tournée vers sa seule réalisation personnelle, ce qui selon eux va à l'encontre du but recherché. Au-delà des clivages, cette rencontre sera probablement positive pour la compréhension et l'évolution du bouddhisme.
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